Par Mokrane Harhad Irrésistible. Comme cette mobilisation générale du peuple à l'appel du 1er novembre, la réponse des étudiants sera aussi massive à l'appel du 19 mai 1956 pour l'objectif de l'indépendance de l'Algérie même au prix du sacrifice suprême. Et si cet élan de lettrés et d'intellectuels allait enrichir et booster la révolution, nombreux parmi les militaires et civils engagés dès 1954 et même avant étaient déjà des universitairesn comme Ferhat Abbès, Debaghine, Aït Ahmed, Abane Ramdane, Khemisti..., M'hamed Yazid... Le 19 mai constituera le saut final d'un élan peaufiné depuis le début du siècle dernier pour s'effriter à partir de la création des associations politiques (ENA, PPA, MTLD...) et que la France coloniale a toujours réprimé avant que la grande vague de mai 1956 ne déroute définitivement le gouvernement français et son armée. « Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres. A quoi donc serviraient ces diplômes qu'on continue à nous offrir pendant que nos mères, nos sœurs et nos épouses sont violées, que nos vieillards sont brûlés au napalm ? Et nous les « cadres de demain », on nous offre d'encadrer quoi ? D'encadrer qui ? Etudiants et intellectuels algériens pour le monde qui nous observe, pour la nation qui nous appelle, pour le destin héroïque de notre pays, serions-nous des renégats ? » La sentence est dite. La décision est prise. La place des étudiants n'est plus dans les amphis mais au maquis. Depuis, des milliers sont tombés au champ d'honneur. Nombreux ont fêté l'indépendance et participé, à un haut niveau de responsabilité dont la charge de président de la République, Premier ministre, ministre, ambassadeur... à l'édification du pays. Certains sont encore en poste 57 ans après avoir abandonné le cartable pour le fusil. Aujourd'hui, l'heure n'est pas aux bilans des uns et des autres mais à l'écriture de l'histoire. Au moins celle de cette période, de surcroît celle de cette catégorie de combattants-intellectuels. Rares sont ceux, encore en vie, qui se sont essayés à l'exercice des mémoires personnelles ou de leurs groupes. Un autre devoir à remplir. Pas exclusivement biographique ou de « soliloque » mais sur les actions plurielles de l'intellectuel dans le combat libérateur. Le temps presse, l'âge aussi. Il serait regrettable de laisser le champ à des narcisses de l'histoire qui jaillissent pour « combler » le post-mortem. Alors, reprenez vos plumes. Les Algériens veulent tout savoir. Particulièrement pour les jeunes cadres universitaires, les étudiants, les lycéens qui découvriront que le colonialisme n'a délivré aux Algériens que 500 diplômes en ...132 ans et fermé les portes des écoles à des centaines, voire des millions, d'enfants en âge de scolarité. L'écriture crue de l'histoire de cette période de l'étudiant au maquis illuminera peut-être l'université algérienne.