Le ramadhan n'a jamais été un mois comme les autres dans notre pays. Il se prépare à tous les niveaux. Les familles mais aussi les pouvoirs publics sont conscients qu'il génère des besoins spécifiques. A situation exceptionnelle, des moyens exceptionnels. Cela relève de l'évidence même. S'il est avant tout un mois de spiritualité et d'introspection, ce mois a fini par devenir par la force des choses celui d'une consommation qui prend souvent les allures d'une frénésie qui contribue aussi au dérèglement des prix sur le marché. Le premier devoir de l'Etat est d'assurer la disponibilité des produits sur le marché mais aussi d'empêcher la hausse de certains d'entre eux à l'instar de la viande. La demande sur celle-ci connaît une augmentation qui nécessite l'intervention des pouvoirs publics sous peine de voir le prix atteindre des niveaux qui rendent celle-ci inaccessible à beaucoup de bourses. Cette année encore, de grandes quantités de viande congelée seront importées pour réguler un marché menacé de surchauffe. Le prix situé dans une fourchette allant de 410 à 560 DA le kg, en fonction des pièces, est de nature à satisfaire de larges couches de la population qui ne peuvent se permettre la viande ovine fraîche dont 5.000 tonnes seront importées. Neuf «dérogations sanitaires» pour l'importation de viande bovine désossée en provenance de l'Inde ont été délivrées pour des importateurs. Pour couper court aux rumeurs malveillantes qui surgissent toujours et dont il est aisé de devenir l'origine, préciser que « ces viandes seront importées de deux Etats indiens musulmans » n'est nullement superflu. Les pouvoirs publics écartent surtout tout risque sanitaire. L'action de l'Etat ne relève pas seulement de la régulation ; elle se déploie en amont avec l'engagement ferme et déterminé du ministère du Commerce de sévir contre les réseaux de spéculation très actifs en cette période. Le président de la République, lors du dernier conseil des ministres, en a fait une priorité. A en croire le ministre du Commerce, « le contrôle, la répression des fraudes et la lutte contre la spéculation seront accentués ». Outre la répression légale, la constitution de stocks parait être la formule la mieux indiquée pour éviter les pénuries, source de renchérissement de produits très demandés comme le lait, les viandes et les légumes. Le principe est aussi vieux que le monde : la rareté créé la cherté. Les entreprises nationales, à l'exemple de l'Onab qui mettra sur le marché quelque 4.200 tonnes de poulet congelé local, sont un levier pour tenter de peser sur les prix. Cette prévention touche même des produits comme le citron. La Société de gestion des participations de la production animale (SGP Proda) sera ainsi chargée d'importer le citron pour éviter que son prix flambe, comme ce fut le cas en 2009 où il avait atteint le seuil surréaliste de…400 DA le kg. Non moins utile et indispensable est le dispositif de solidarité qui se mettra en branle dès le premier jour pour aider les familles nécessiteuses qui peinent à faire face aux dépenses de ce mois. Des enveloppes consistantes sont dégagées par les DAS (directions de l'action sociale des wilayas) pour venir en aide surtout à chargés de famille émargeant au filet social, aux handicapés à 100% et aux victimes de la tragédie nationale. Des couffins alimentaires seront distribués aux concernés par des commissions locales au sein desquelles siègent des représentants de comités de quartier et/ou de village, pour garantir la transparence de l'opération. Tous les intervenants convergent vers un seul but : protéger les Algériens contre les dommages d'un mois où la piété et la cupidité font souvent bon ménage.