Une véritable politique d'aménagement du territoire suppose la création de nouveaux pôles urbains et de zones d'activité pour une occupation équilibrée de l'espace, sa protection de la désertification et une répartition plus équitable des richesses. Trois axes qui résument la notion de développement durable. Les programmes spéciaux lancés après 1965 répondaient déjà à cette logique, confortée ces dernières décennies par les fonds spéciaux destinés aux wilayas du sud et des hauts plateaux. Dans ces vastes contrées, certains projets de développement visent à créer de nouvelles cités. C'est le cas notamment avec le gigantesque projet de transfert des eaux d'In Salah vers Tamanrasset. L'objectif visé n'est pas seulement de garantir l'alimentation de la capitale de l'Ahaggar en eau potable. Il s'agit également de favoriser la création, le long du tracé de plus de 700 km, de zones d'habitation qui permettront de peupler et de mettre en valeur des territoires qui regorgent de richesses naturelles. Le découpage administratif a également fait émerger des cités comme Illizi ou Naâma, voire Tindouf. De simples lieux-dits, elles sont passés au stade d'agglomérations urbaines dans des zones frontalières où les enjeux géostratégiques sont très importants pour l'Algérie. Comme dans beaucoup de pays, le développement est arrivé avec le rail et ce n'est nullement un hasard si les nouvelles lignes, comme celle de Touggourt-Hassi Messaoud ou la rocade ferroviaire des hauts plateaux, s'intègrent dans toutes ces projections. Toutefois, l'esprit pionnier manque encore dans notre pays. Ceux qui, dans l'agriculture saharienne notamment, se sont enrichis dans la mise en valeur de terres et le lancement de nouvelles cultures, élevages y compris de poissons, sont encore davantage des individualités qu'un mouvement de fond porté par la société. Cités dortoirs La nouvelle ville de Hassi Messaoud n'est pas seule. Bouinan, Sidi Abdellah ou Boughezoul ont accompagné toute une génération. Elles semblent avoir connu de nombreux obstacles qui ont retardé leur réception à l'exemple de Boughezoul qui devait être achevée en 2010. Sidi Abdellah, dédiée aux sciences et nouvelles technologies, peine à assumer cette vocation. Toutefois, les pouvoirs publics cherchent visiblement à dépasser les obstacles et entamer la réalisation effective des logements et des équipements collectifs. Le coup d'accélérateur et le redémarrage sont effectifs. L'implication du ministère de l'Environnement et de la Ville est un indice qui ne trompe pas. Désormais, il ne faut plus rééditer l'expérience des « nouvelles villes » qui n'avaient de nouveau que le nom : un enchaînement d'immeubles dénués de toute approche architecturale ou urbanistique. Un modèle qui a perduré durant des décades. Les sociologues et les psychologues sont formels et unanimes. Il existe une relation directe de cause à effet entre ces univers déshumanisés et l'apparition de la violence et la prolifération des maux sociaux. Les Algériens ont droit à des villes où il fait bon vivre. La nouvelle politique passe par la valorisation de l'architecture locale, l'usage, pour ce qui est du sud, de l'énergie renouvelable et un intérêt pour les espaces verts. Dans la ville de Bouinan où les travaux battent leur plein, ils occuperont 317 hectares sur 2.175. Notre pays qui, parallèlement, a accéléré la réalisation des logements sociaux et sociaux locatifs, peut relever ce défi. La crise du logement avait été un des facteurs de dégradation du bâti urbain et des conditions de vie dans toutes nos villes.