Nourredine Louhal extirpe de la poussière ses jeux d'enfance. Dépassés, mais pas caducs, ils renaissent à la vie, à mesure que d'anciens férus consentent à faire une partie d'« osselets » et de « billes » ou de noyaux qui requiert d'être courbé lors de la séance de tir en direction du tas de noyaux. Bien qu'ils ne brillent pas de mille feux, les jeux d'enfants d'autrefois procuraient joie et gaîté à nos aînés et n'en coûtaient pas tant aux parents. Rencontré lors de la 18e édition du Sila, il s'est ouvert à nos lecteurs qu'il convie à une excursion dans le monde merveilleux de l'enfance à l'aide d'un bain de jouvence qui coule de source au fil des pages de son livre. Suivons-le. Vous signez votre retour à l'aide d'une nouveauté intitulée « Les Jeux de Notre Enfance » publiée aux éditions Anep, voulez-vous nous faire un récit succinct de votre œuvre ? Je n'avais qu'une volonté ou, de préférence, l'envie d'y relater tout de go une tranche d'existence vécue au fil d'une douce enfance au cœur d'une Casbah en effervescence comme une gigantesque cour de récréation de l'école Sarrouy de Soustara par où sont passés tant de « petits » enfants. En ce sens, quoi de plus beau que d'être le témoin d'une somme d'aventures que la vie a burinées au fond de ma mémoire. A ce sujet, je fais don d'un stock de péripéties qu'il m'était essentiel de révéler, autrement de partager avec l'anonyme homme de la rue d'ici et de l'Algérie profonde qui se reconnaîtront dans « Les Jeux de Notre Enfance ». Alors, et à ce propos, j'invite le lecteur à une flânerie dans les venelles de ma « Casbah mienne, Casbah nôtre » afin d'y ressusciter ce qui faisait autrefois la joie des enfants que nous étions. C'est dire qu'il y a énormément de « lumière » et d'images qui illustrent l'innocence des enfants d'une même bâtisse traditionnelle et par moment du même quartier. Que contez-vous précisément ? Donnez plus d'indices à nos lecteurs si vous le voulez bien... Au-delà des histoires et des anecdotes sur Alger d'autrefois, ma plume invite à la rêverie. A l'occasion, un carrousel d'anonymes femmes et d'hommes paradent comme à la parade au fil des pages, eu égard à l'évocation de scènes algéroises, où l'on rencontre le vendeur de lait, tante Kheira, qu'ils reposent en paix ainsi que la dînette et la berceuse de Baba Ali dont l'air colle encore aux murs des maisons de le quartier du puits de l'apiculteur. Et à mesure que l'on feuillette « Les Jeux de Notre Enfance », l'on trouve l'ambiance d'antan parfumée et à la saveur inégalée de l'esquimau du pauvre. Mieux, d'Azeffoun à El-Biar via La Casbah, cela sentait bon les cornets de pois-chiches au cumin à l'entrée de l'école maternelle, Sarrouy et Fort l'Empereur du quartier de la Scala d'El-Biar. S'agissant du 7e art, le cinéma n'était pas en reste puisqu'il y a aussi le clin d'œil au chahut bon enfant à la sortie de salles de cinéma « Nedjma » de La Casbah et d'« El-Djamel » de Soustara. C'est aussi un message que vous voulez faire passer ? L'essentiel du message est d'inviter le lectorat à s'interroger sur la disparition de nos jeux d'enfance d'autrefois et, par ricochet, de faire du mieux qu'il peut pour y ressusciter « karroussa tâa erroulma » (le chariot à roulements), les billes, les « denoyau » (les noyaux d'abricot) ainsi que le jeu d'osselets. C'est dire que ce n'est pas rien ! N'est-ce pas ? D'où l'urgence est de faire son mea-culpa de ne pas avoir initié nos enfants aux jeux qui ont contribué à l'éveil des femmes et des hommes que nous sommes devenus. C'est tout ça « Les Jeux de Notre Enfance » qui témoignent d'une époque de l'insouciance et de bien-être.