Adorable fut le moment d'un concert d'orgue et de chant, donné samedi dernier au soir, à la basilique de Notre-Dame d'Afrique (Alger), organisé en collaboration avec l'ambassade d'Allemagne. « Ce spectacle entre dans le cadre d'un programme régulier initié par la Basilique Notre- Dame d'Afrique dans le but de faire connaître le chant liturgique », explique le recteur des lieux, père Marcello Aldo Giannasi. Ce concert a été animé par le duo Clemens Ganz et Annelie Ewald-Bouillon. Ce spectacle n'a pas été entièrement consacré au chant mais à l'orgue aussi. Durant près d'une heure et demie, l'organiste a orné le silence sacral de la basilique Notre- Dame d'Afrique de gammes mélodiques, savamment interprétées dans le ton relevé du mode majeur, reprenant de célèbres pièces comme Alexandre Guilmant, Georg Friedrich Handel, Henri Purcell, Gabriel Fauré, César Franck, Max Reger, Léon Boellmann, Camille Saint Saens et Georges Bizet. Grand instrument à vent, composé de nombreux tuyaux de bois, d'étain ou de zinc, l'orgue produit des sonorités veloutées par l'intermédiaire d'un ou plusieurs claviers en y introduisant de l'air au moyen d'une soufflerie alimentée par des pompes à main et à pied. L'espace imposant des lieux, servant de grande caisse de résonance, a permis à Annelie Ewald Bouillon de promener sa voix suave et cristalline dans le calme et la sérénité du moment, emportant l'assistance dans un voyage inédit au fond de soi. Les musiciens font ici assaut d'une fraîcheur pleine de flamme. La voix est sublime, la séduction opère. Le jeu entre les musiciens est souligné par d'éloquentes bribes de mise en scène. On y succombe avec bonheur et l'on tremble d'émotion lorsque, côte à côte, épaule contre épaule, les deux musiciens semblent voler vers la salle en tenant en haleine le public. A l'évidence, le partage est complet et le moment musical gracieux, radieux et accompli. Pour ces deux musiciens, les partitions sont riches et exaltantes, jamais faciles mais cependant un vrai cadeau qui les ravit. Pour eux, il y a toujours cette notion de théâtre qui est essentielle, une notion qui doit se ressentir même dans la formule de ce genre de musique. Passionnés et heureux de se retrouver à Alger, ces deux musiciens parlent aussi de leur désir de faire passer le message, qui s'adresse au public qu'ils aiment ouvert et attentif afin de pouvoir lui rendre ce qu'il leur envie. Evoquant leur pratique artistique, ils parlent encore avec passion de leur métier. Ils disent enfin combien ils tentent d'apprivoiser la vie et donner du meilleur d'eux- même pour le public. Ce beau potentiel artistique s'est assemblé à l'amour du métier qui anime chaque musicien. De la musique, mais aussi beaucoup de bonheur. Les fans ont été bercés, merveilleusement, par les plus beaux morceaux sélectionnés par des artistes sensibles à la note musicale. Absences physiques mais des interprétations fascinantes. Leurs compositions prennent une ampleur énergique et touchante. Le spectacle est tout simplement magnifique. S. S. Les musiciens Clemens Ganz est né le 18 janvier 1935. Il est musicien d'église allemande. Clemens Ganz a étudié à l'église et à l'école de musique de Cologne avec Hermann Schroeder et Josef Zimmermann. Durant son parcours professionnel, il a servi comme cantor à Saint-Mary à Cologne-Kalk. Puis il a enseigné l'orgue et la direction chorale à l'école de musique de Cologne. Il a été aussi organiste à la cathédrale. Ce n'est pas tout, car Clemens Ganz a servi comme président du jury pour le concours international d'orgue au prix Hermann Schroeder. S. S. La basilique Située dans la commune de Bologhine, au sommet d'un promontoire dominant la Méditerranée, la basilique de Notre-Dame d'Afrique a été construite au milieu du XIXe siècle à l'initiative de Mgr Pavy, évêque d'Alger, entre 1846 et 1866. La basilique, marquée par un style éclectique, inspiré par des références romanes, byzantines et mozarabes, a été rouverte en 2010 après l'achèvement des travaux de restauration et de rénovation entamés en 2007.