Le spectacle de théâtre expérimental « Es-sahd », (la chaleur), de la coopérative « Nebras » d'Adrar, a été présenté, lundi dernier, à la maison de la culture Ould-Abderrahmane-Kaki.Dans le texte écrit par le metteur en scène Abdelkader Rouahi, le conflit est installé, d'entrée, entre l'époux et son épouse. Il surprend sa femme avec un homme chez eux. Furieux, il décide de mener sa vengeance jusqu'au bout, alors que les faits sont erronés. La vérité ? Son épouse a été violée. Traitant la réalité dans une conception innovante, le metteur en scène a choisi de mettre en valeur huit personnages : Chadi El Aid, Regani M'barek, Kouki Chouaïb, Belhassan Hadjer, Benbarka Aïcha, Ouatik Milouda et Belhassan Sarah. La dualité entre le bien et le mal, la cruauté et la barbarie, ont été dévoilées. L'abjection et son infamie devant une femme sans défense. A travers les cinq tableaux, Abdelkader Rouahi met en jeu diverses personnalités. Voici un théâtre riche et exploré. Une scénographie soignée pourtant non maîtrisée. Cette même scénographie a permis d'entretenir le facteur temps dans le spectacle où le présent et le passé s'accumulaient par moments, et s'alternaient dans d'autres. Les mouvements servaient également à la mise en place de nouveaux décors, permettant au spectacle une forme actuelle avec des couleurs et des atmosphères qui ont rapproché les comédiens du public, présent en nombre. Rendant hommage aux comédiens pour leur jeu appréciable et les techniciens pour toute l'élégance apportée au spectacle, le metteur en scène a fait le choix d'encourager l'émergence de jeunes talents d'autres wilayas comme Tamanrasset. L'implication de trois jeunes comédiens de cette ville prouve sa bonne foi. Il a voulu donner ainsi la chance aux jeunes qui n'ont pas toujours les opportunités de se produire. L'utilisation des lumières, les bruitages et les ambiances musicales ont été peu concluants, offrant au spectacle d'autres outils, aussi importants, à la transmission des émotions dans un sujet original et audacieux. Une fin triste, qui, manifestement, a rajouté à l'émotion du public, saisi par la trame de bout en bout. Chaque moment, chaque tableau, lui a apporté son lot de surprises et de rebondissements. Il y avait du rythme, des coups de théâtre, du quiproquo, le tout noué dans un dialogue classique et dans un jeu de comédiens pas assez convaincant. Une œuvre d'inspiration Beckettienne.Ce spectacle est axé sur les peurs, les méfiances et les clichés que les uns et les autres s'inventent pour se protéger des grands riens et des petits touts qui sèment la zizanie. Les mots peuvent choquer. Le raisonnement se fait plus profond, plus convaincant. L'artiste propose à un public averti un cadre général à la compréhension de notre monde. La pièce suscite une émotion car elle pose avant tout la question bien plus large du comportement humain, ses médiocrités et ses petites lâchetés et, surtout, le rapport à l'autre.