L'armée israélienne, qui reconnaît la perte de trois soldats depuis jeudi, onze, selon les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée de Hamas, a décidé, hier, d'intensifier la phase terrestre de son opération « Bordure protectrice » sur la bande de Ghaza qui a enregistré déjà plus de 410 morts, dont 80% sont des civils et 2.400 blessés selon le chef des services de santé locaux, Youssef Abou Reesh. Pour « détruire le réseau de souterrains » de Hamas et « établir une réalité qui garantit aux Israéliens de vivre en sécurité », dit-elle dans un communiqué. « Il y a une menace de voir à tout moment (les combattants palestiniens) sortir d'un tunnel près d'une localité israélienne », déclare Arye Shalicar, porte-parole militaire, pour « justifier » cette offensive barbare, la mobilisation de 53.200 réserviste sur les 65.000 autorisés par le gouvernement et la possibilité d'élargir ces opérations militaires. « J'ai donné pour instruction de se préparer à la possibilité d'intensifier de façon significative l'offensive terrestre, et l'armée agit en conséquence », déclare Benyamin Netanyahu sans en dire plus sur la forme que pourrait prendre cette intensification. En retrait depuis le début de la crise, Mahmoud Abbas, le président palestinien, sort de son silence. Dans l'espoir d'obtenir un cessez-le-feu, il s'est envolé hier à Doha, Qatar, pour rencontrer Khaled Mechaâl, le chef en exil du Hamas. Réussira-t-il à le convaincre ? Pas sûr. Le mouvement palestinien qui a refusé la proposition de trêve proposée par l'Egypte a remis samedi une liste de ses revendications pour un cessez-le-feu à l'Egypte, au Qatar, à la Turquie, à la Ligue arabe et à Abbas. Parmi ces conditions, « la fin de l'agression contre le peuple palestinien », la levée complète du blocus de Ghaza, l'ouverture du poste-frontalier de Rafah avec l'Egypte, la libération de prisonniers et l'implication du Qatar et de la Turquie dans toute recherche de trêve. Des conditions que Yasser Abed Rabbo, le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine, a entérinées au nom de « la Résistance ». Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, était hier à Doha, pour rencontrer le président palestinien et chercher avec lui et ses interlocuteurs au Koweït, au Caire, à Al Qods et à Amman, une issue au conflit. Mais, les Israéliens ne semblent pas disposés à faire taire les armes. Amos Gilad, membre du ministère israélien de la Défense qui a discuté avec les Egyptiens du projet de cessez-le-feu négocié au Caire, juge inutile de s'adresser au Qatar. « Il est important que le Qatar comprenne qu'une autre initiative ne servirait à rien » dit-il. Et d'ajouter : « qui est voisin de Ghaza, le Qatar ou l'Egypte ? ». Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, qui a été « rabroué » samedi soir par Netanyahu, met en garde contre le risque « d'y avoir davantage de victimes civiles dans les jours qui viennent ». L'ONU tire la sonnette d'alarme. Elle annonce qu'elle a accueilli déjà près de 62.000 personnes déplacées, un nombre « supérieur a celui du conflit de 2008-2009 » qui a fait 1.400 morts Palestiniens.
