Une Afrique que la conseillère Susan Rice ne veut plus qu'elle soit uniquement assimilée à la fatalité des « conflits, à la maladie et la pauvreté ». Il y a effectivement matière à faire pour remporter la bataille de la démocratie balbutiante. Mais l'image écornée de l'Afrique ne rend pas justice à la « deuxième région du monde en plus forte croissance économique », selon l'appréciation du secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew. 6 des 10 pays qui affichent le plus rapide taux de croissance au monde se trouvent en Afrique qui a réussi à attirer plus de 50 milliards de dollars en flux de capitaux en 2012. Cette vérité longtemps occultée incite le président américain à admettre que « la clé de la prochaine ère de croissance en Afrique ne se trouve pas aux Etats-Unis, mais en Afrique ». Et vice-versa, bien sûr. Elle couple le défi sécuritaire qui se pose avec acuité dans un continent livré à la barbarie des « extrémistes », pointés du doigt par le secrétaire d'Etat John Kerry. « Ils ne parlent pas des emplois qu'ils pourront créer, ils n'offrent pas une vision pour l'avenir. Boko Haram, les shebab et tant d'autres groupes n'offriront jamais la moindre perspective à qui que ce soit », a-t-il martelé. La dualité fondatrice du partenariat gagnant-gagnant, associant les impératifs du développement et de la sécurité régionale, peut prêter motif à espérer des lendemains enchanteurs et font rêver l'Amérique d'Obama qui s'engage à mobiliser 33 milliards de dollars en aide publique et en investissements privés. Les investissements massifs dans « le progrès en Afrique » comblent le large déficit commercial. « Sur l'ensemble des produits que nous exportons à travers le monde, seul 1% va vers l'Afrique sub-saharienne », a relevé Obama désormais tenu de relever le challenge africain à hauteur des 14 milliards d'investissements des entreprises américaines (Marriott, Coca-Cola et General Electric) présentes dans les secteurs de l'énergie, de l'eau, de l'hôtellerie, de la construction, de la banque ou encore des technologies de l'information, des 26 milliards du programme Power Africa destiné à doubler l'accès à l'électricité en Afrique subsaharienne et des 7 milliards de dollars dus au projet prometteur de l'Agoa (African Growth and Opportunity Act), conclu sous la présidence de Bill Clinton et appelé instaurer un accord de libre-échange avantageux. La profession de foi est ainsi établie. « L'Afrique de 2014 n'est pas l'Afrique de 2000 », a reconnu le représentant américain au Commerce, Michael Froman, regrettant presque que « beaucoup se détournent de ce système unilatéral d'avantages et scellent des accords avec des partenaires commerciaux, comme le fait l'Union européenne ». L'Agoa est la cheville ouvrière de la « politique africaine » de l'Amérique plus que jamais décidée à renforcer sa place dans cette « Afrique émergente ».