Le séisme de Boumerdès (2003) a encore une fois fait réagirles pouvoirs publics à revoir leur stratégie dans le domaine de la construction en imposant de nouveaux dispositifs. Aujourd'hui, l'Algérie est devenue un modèle en matière de respect des normes de la construction antisismique. Selon Djamel Chorfi, président du Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA), « l'Algérie occupe la deuxième place, après le Japon, dans le respect des normes de construction antisismique. L'Algérie a acquis une grande expérience et une avancée dans le domaine du respect des normes urbanistiques ». Le dernier séisme de Bologhine a permis la création d'une cellule d'urgence qui interviendra rapidement en cas de tremblement de terre. Pour l'architecte, l'Algérie se trouve dans une faille sismique qui va de l'Italie en passant par le littoral de l'est du pays jusqu'à l'Atlantique. Cette faille provoque des séismes de moyenne échelle, à partir des mouvements des plaques tectoniques, comme il se produit au Japon ou en Chili. « Tout le bâti construit à partir de 2003, et ayant fait objet d'expertise, sont des constructions solides et qui répondent aux normes antisismiques. Les bâtisses qui restent fragiles sont des constructions individuelles qui s'érigent sans aucune sécurité », note l'expert, qui ajoute que le Conseil national de l'ordre des architectes va présenter un projet de loi au ministère de l'Habitat et au Premier ministère pour généraliser le respect de la construction selon les normes antisismiques, aux constructions individuelles. « Pour la réduction des dégâts, la meilleure stratégie est l'application stricte des règles parasismiques algériennes (RPA 1999/2003) pour les structures nouvelles et le renforcement des structures existantes qui ne répondent pas aux normes et la formation des administrateurs et des ingénieurs au sein des administrations, ainsi que des entrepreneurs à la réduction des risques de catastrophes sismiques au sein des universités. Il faut aussi sensibiliser et encourager les propriétaires privés à renforcer leurs maisons conformément au RPA 1999/2003 par la mise à leur disposition de crédits nécessaires, renforcer les prérogatives du Contrôle technique des constructions (CTC) et jouer un rôle de force publique », estime l'architecte. Création d'une instance pour la protection du patrimoine immobilier Une instance, qui a pour mission de protéger le patrimoine immobilier qui date de l'ère coloniale, est née. Selon Djamel Chorfi, cette instance interviendra surtout dans l'embellissement des façades des immeubles, leur réfection et la réparation des ascenseurs en panne depuis des années. Sa mission consiste aussi à sauvegarder les motifs décoratifs des façades et des balcons. Evoquant le vieux bâti qui reste vulnérable face aux secousses telluriques, l'architecte cite le cas de La Casbah qui connaît une opération de réhabilitation « très lente », et qui risque de se fragiliser davantage. Djamel Chorfi estime, à ce sujet, que La Casbah peut être sauvée si la cadence des travaux de soutènement, de confortement ou de réhabilitation augmente. Il suggère aussi le lancement des formations pour les jeunes dans le domaine de la réhabilitation du vieux bâti, car, selon lui, c'est un métier qui demande un savoir-faire et une technique spécifique. Pour ce qui est du programme de la construction du 1,5 million de logements, dans le cadre du quinquennat 2015-2019, l'architecte estime que ce projet peut être réalisé dans les délais fixés, à condition que chaque intervenant se limite uniquement au champ d'action dans lequel il intervient. « Les entrepreneurs sont obligés de respecter rigoureusement le cahier des charges, sinon son entreprise ne sera plus retenue pour réaliser un projet de construction », fait remarquer Chorfi, qui insiste sur la nécessité de lever les contraintes bureaucratiques dans le domaine de la construction et qui, selon lui, a porté ses fruits. Il invoque la restructuration du secteur en adoptant plus de 60 articles de loi qui ont été révisés et d'autres en phase de révision. Ce projet favorise le développement du secteur de l'habitat comme la création du guichet unique, permettant l'allègement du dossier pour l'obtention du permis de construction.