À l'entrée de l'infrastructure principale se trouve un grand hall où des sièges sobres sont installés ici et là, tandis qu'une grande réception occupe le centre. La réceptionniste est chargée d'orienter les nouveaux venus. Des escaliers et des ascenseurs mènent vers les différents niveaux abritant les classes, la bibliothèque, les salles de révision et les différents restaurants gastronomiques et bars. Des restaurants, dont certains sont ouverts au public, tel « le Mille et une vagues », sont dédiés aux gourmands à partir de 12h, du lundi au jeudi. C'est là, en fait, où il y a le plus d'activités. Deux mois après l'apprentissage théorique, on passe à la pratique. « Le premier trimestre est consacré à la théorie, le deuxième à la pratique au niveau de l'école. Au troisième trimestre, les étudiants suivent un stage dans des hôtels ou établissements de restauration », explique la responsable du département commercial de l'école, Imène Louelhi. Une véritable « ruche » Les étudiantes déambulent partout dans l'enceinte de l'école, vêtues de tabliers blancs de formes et de couleurs différentes. Les tabliers, c'est pour les étudiants qui suivent une formation de « femmes de chambre », pour apprendre les services de base de l'hébergement, sous l'œil exigeant et attentif d'une gouvernante. Les tabliers bleus sont destinés aux étudiants affectés aux cuisines pour apprendre les rudiments de la restauration, du service et de l'accueil. Juste à côté, au niveau du bar, des étudiants s'attellent à manipuler les machines de boissons chaudes, à préparer les différents cocktails et l'art de les servir. Les étudiants et leurs maîtres donnent l'impression de s'adonner à un jeu. Mais un jeu très sérieux qui capte l'attention de tous. Le point le plus « chaud » de l'enceinte demeure les cuisines. L'intérieur, que les étudiants découvrent pour la première fois, rappelle les émissions de compétitions culinaires des plateaux de télévision : plus l'heure du déjeuner approche, plus les élèves sont saisis d'anxiété. Car non seulement ils doivent apprendre à préparer des plats, les présenter dans des assiettes, mais aussi les servir et les soumettre à l'approbation des clients. Des clients qui ne sont autres que les cadres de l'ESHRA. A l'heure du déjeuner, les stagiaires se chargent du service, aménagent les tables, dressent le couvert, sous l'œil de leur mentor. Les cocktails préparés par un autre groupe d'étudiants sont déjà servis aux premiers clients. Dans les cuisines, les instructions fusent, les assiettes s'entrechoquent, les étudiants sont en sueur. Dans la salle de restauration, c'est le calme et le service se fait dans la quiétude. Epuisés par une course contre la montre mais contents, les stagiaires reçoivent les compliments avec un plaisir évident à la fin de chaque service. « Ce genre de formation est unique en son genre. Ça nous permet d'apprendre des choses qu'on ne peut apprendre ailleurs. Nous avons découvert, ici, des modules dont nous n'avons jamais entendu parler », confie Amri Akkerman, qui a quitté une école française spécialisée dans l'hôtellerie pour étudier à l'ESHRA de nouvelles matières comme la logique appliquée. L'enseignant de ce module assure, justement, que c'est une matière importante car à travers elle, l'étudiant apprend comment gérer les situations de crise et faire face à des problèmes ou complications qui surviennent à l'improviste. Sourire, calme, enthousiasme... « L'hôtellerie est un domaine polyvalent et l'étudiant doit l'être aussi. C'est pour cette raison que nous lui enseignons tout ce qui a trait à l'hôtellerie. La formation est donnée via de nouvelles méthodologies qui ouvrent le champ à l'interaction entre les étudiants et les professeurs. Outre une formation structurée, les nouvelles idées sont explorées, exploitées, afin que le cursus soit d'actualité », explique le professeur Meldi Sahraoui, qui a reçu une formation à Lausanne ainsi que ses collègues sur les méthodes pédagogiques susceptibles de susciter l'intérêt et d'éveiller la curiosité chez l'étudiant. Via cette formation, il ne s'agit pas seulement de faire des étudiants des cadres, instructeurs et des managers, mais des techniciens aussi. « Ils toucheront à tous les métiers de l'hôtellerie en théorie et en pratique. L'école offre une approche directe de ce qui va se passer dans un hôtel. Le potentiel que fournira cette école pourra aussi être exploité dans les bases de vie et autres résidences qui ont besoin de compétences. Nos étudiants sont encadrés par des enseignants mais aussi par des hôteliers », précise le directeur adjoint de la restauration, Sami Drainai, soulignant que le prix à payer pour cette formation n'est pas cher par rapport aux prix pratiqués dans les écoles étrangères. A 2.500 DA par jour, pour une restauration et un hébergement de 5 étoiles, en plus de la formation et des loisirs, c'est un prix plus que raisonnable, selon lui. Cet expert de l'hôtellerie estime que l'hébergement dans cette école répond aux exigences des hôtels 5 étoiles. Les chambres, en effet, sont dotées de tout le confort des grands hôtels. D'ailleurs, l'école est conçue comme un hôtel et offre toutes les prestations qui vont avec. C'est l'avis, entre autres, de cet étudiant qui confie se sentir vivre dans un grand hôtel et non dans un campus. « Nous avons vraiment l'impression de vivre dans un hôtel. C'est ici que j'ai découvert le métier de l'hôtellerie pour de vrai. En deux mois de formation, j'ai appris beaucoup plus qu'en 24 mois de formation que j'ai suivie dans une école de gestion hôtelière à Alger », dira Fardiez Bournemouth. Et la chose la plus importante qu'il a apprise, c'est le sourire, le calme, le regard bienveillant, l'enthousiasme et la tolérance. « C'est le secret, la base de l'activité hôtelière »,signale-t-il. Un règlement strict Si l'ESHRA a l'allure d'un hôtel, c'est aussi grâce à ses infrastructures de loisirs que la direction compte ouvrir au public : piscines, salles de sport, jaugiez, sauna... Les étudiants ont tous le droit de profiter de ces loisirs en plus des salles de jeux, de billard notamment, qui leur sont exclusivement destinées. Trois immeubles abritent les chambres où ils sont logés et sur lesquels veillent des agents de sécurité et des caméras de surveillance. En plus des immeubles pour l'hébergement des enseignants et des cadres dirigeants, un autre établissement est conçu comme un petit hôtel pour recevoir des invités où des parents, habitant loin, qui veulent rendre visite à leurs enfants. « Le règlement pour les étudiants est très strict. L'extinction des feux est fixée à 22h. Ils ont le droit de sortir après les cours, mais ils doivent rejoindre le campus à 22h au plus tard. Ceux qui ne s'y plient pas seront renvoyés de l'établissement au bout du troisième avertissement », fait savoir Mme Louelhi. Un président des étudiants a été élu, assisté par des vice-présidents et des délégués afin de veiller à l'application des règles dans la vie académique et dans le campus. Avec les 50 étudiants, le staff a l'air de bien gérer les équipes et a réussi à établir des relations personnifiées avec chaque étudiant. « Avoir une cinquantaine d'étudiants est idéal pour permettre à l'école de tout mettre en place. Ainsi, nous serons plus à l'aise pour accueillir d'autres étudiants à partir de la prochaine rentrée scolaire et dont le nombre atteindra les 800 d'ici à 2017, soit la capacité maximale de l'école », explique Andreas Baumann, responsable commercial. Avec l'exploitation des espaces et des infrastructures, l'école ambitionne de se tourner vers l'événementiel. Objectif : devenir une structure autonome qui, tout en fournissant une formation de qualité, tournera comme une véritable unité hôtelière. Farida Belkhiri Coût de la formation : 900.000 DA par an payables en trois tranches. Parmi les nouveaux modules enseignés dans cette école, la logique appliquée, l'architecture hôtelière et le design, la gestion des crises dans les hôtels et le droit éthique. Durée de la formation : Trois années sanctionnées par une licence nationale en gestion hôtelière, délivrée par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, quatre années pour une licence internationale dans la gestion hôtelière, cosignée avec l'Ecole suisse de Lausanne. Les métiers qui découlent de cette formation : Gestionnaire ou directeur d'hôtel, cadre dans les secteurs de l'éducation, de la santé, des finances et dans les domaines employant des cadres en management.