«Fort» de l'appui militaire de ses voisins saoudiens et émiratis, le roi du Bahreïn a fini par adopter la méthode forte, en ignorant tous les appels au calme lancés dans le monde et surtout l'opposition iranienne à l'intervention des forces du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Après avoir proclamé mardi l'instauration, pour trois mois, de l'état d'urgence, Hamad Ben Aïssa Al-Khalifa, semble, bel et décidé d'en finir, et très vite, avec le mouvement de protestation qui réclame son trône. Hier à Manama, des centaines de policiers de la force anti-émeutes ont pris le contrôle de la place de la Perle, épicentre de la protesta, après un assaut contre les manifestants à majorité chiite.Venus à bord de tanks, de véhicules de transport de troupes et de bus, les éléments de la police anti-émeutes ont lancé des dizaines de grenades lacrymogènes et tiré au fusil de chasse (anglais : buckshots) sur les manifestants qui campent sur cette place depuis le 19 février pour réclamer des réformes. La veille, un manifestant avait été tué lors d'affrontements avec des forces de sécurité dans le village chiite de Sitra, situé à 15 km au sud de Manama, alors que plus de 200 personnes ont été blessées par balle et 200 autres hospitalisées après avoir inhalé des gaz lacrymogènes.Devant le durcissement de la répression, les dignitaires chiites bahreïnis avaient appelé la communauté internationale et le monde musulman à intervenir pour éviter un «massacre» dans le royaume. Après avoir officiellement protesté contre l'intervention du «Bouclier de la péninsule» du CCG, qualifiant l'événement d' «inacceptable», l'Iran, qui redoute la présence militaire saoudienne devant ses portes, parle d'un «acte hideux voué à l'échec». «Cette intervention militaire est un acte hideux voué à l'échec» et «les peuples de la région la mettent sur le compte des Etats-Unis», a accusé hier le président Mahmoud Ahmadinejad à l'issue d'un Conseil des ministres. Aux yeux du chef de l'Etat iranien «les Etats-Unis cherchent à sauver le régime sioniste et à étrangler le mouvement des peuples et pour cette raison ils soutiennent certains gouvernements».
