Deux corps dans une même tombe ? Un blasphème pour les croyances zouloues qui vénèrent les esprits des ancêtres. Pourtant, la ville sud-africaine de Durban lance un projet pilote de recyclage des sépultures pour pallier le manque de place dans ses cimetières. Les cimetières du centre-ville, réservés aux Blancs sous l'apartheid, sont également congestionnés depuis qu'ils se sont ouverts aux Noirs en 1994. Pour enterrer ses 20 000 morts annuels, la ville devrait créer plusieurs cimetières à 20 millions de rands (2 millions d'euros) chacun. Un programme de recyclage des tombes vient donc d'être lancé sur un site pilote. A terme, les sépultures des 60 cimetières de la ville seront réutilisées. Les ossements de plus de dix ans seront déplacés ou enterrés plus profondément. Des nouveaux morts reposeront au-dessus des anciens. «C'est une mauvaise idée, très mauvaise. Si quelqu'un décide de recycler la tombe de mon mari ? Je m'y opposerai. Pas question !» tonne une femme qui se recueille sur la tombe de son mari. En attendant, le problème ravit les vendeurs de tombes illégales. Certains gardiens de cimetières revendent des sépultures abandonnées, d'autres dénichent des espaces pour les morts en dehors des zones dédiées. D'autres encore se sont spécialisés dans le vol de pierre tombale.