Urgence n Elles sont trois familles à vivre sous la menace d'imminentes inondations en plein centre de la capitale, plus précisément au 1 rue, El-Kettar sise à Bab El-Oued. Ces trois familles qui ont reçu à plusieurs reprises, selon leur version, la visite des représentants de la commune dont elles relèvent, attendent depuis plusieurs années «un miracle» pour être relogées dans des logements décents. Elles occupent des chambres bâties sur un terrain devenu encore plus dandereux selon notre constat sur les lieux. C'est une grande maison qui les «abrite» depuis plus de 43 ans. El-Hadja Hamama Issaâd, 74 ans, veuve du chahid Hacène Ghanem tombé au champ d'honneur à Hydra en 1957, selon une copie du registre de membres de l'ALN de 1955 à 1957. Elle n'a jamais, selon elle, bénéficié d'une quelconque aide ou pension de l'Etat. «Je perçois une petite retraite de femme de ménage chez un médecin. Je bricole de temps en temps chez les familles pour subvenir à mes besoins.» Elle nous dit : «J'ai fait mes premières demandes de logement dans les années 90 et on m'a informée qu'on avait égaré mon dossier. J'en ai déposé un autre et un recours. Mais aucune suite depuis.» Cette vieille dame partage avec un couple, un taudis de près de 3 m de long et d'environ 1,60 m de hauteur, séparé par un contreplaqué pour former 2 minuscules pièces d'une minable largeur de 1 m et quelques centimètres. «Je demande de la Rahma «un logement décent», nous dit-elle à l'exemple d'un quatrième locataire qui vient d'en bénéficier, selon une autre dame. Nacereddine, un père de 43 ans, est né dans cet endroit où il s'est marié. Il a aujourd'hui deux enfants dont un asthmatique de 6 ans. «On souffre et on voudrait un toit décent pour nos enfants. Des personnes sont venues plusieurs fois, ont pris des photos et filmé mais rien. On n'a que des promesses.» Sa femme enchaîne : «On ne dort pratiquement jamais, notamment le soir lorsqu'il pleut. On est tout le temps inondés et les fils électriques sont trempés. Ce qui nous oblige à veiller toute la nuit de peur d'une électrocution ou d'une explosion». Ces trois familles vivent dans une «cave», au sous-sol d'une maison, dont on accède par une descente à travers 5 types d'escaliers, pour trouver enfin des maisonnettes en tôle, en carton et en contreplaqué, recouvertes de plastique our se protéger de la pluie. Le risque d'un glissement de terrain est grand selon notre constat sur les lieux puisque les chambres sont en train de «se déplacer». Il n'y a qu'à voir l'inclinaison des pièces. «Nous avons reçu la visite de plusieurs personnes qui ne se présentaient même pas. Elles nous disaient qu'elles venaient de la wilaya dépendant de la commune. Elles prenaient des photos de notre situation. Mais à ce jour, personne ne s'est manifesté. La seule chose que nous entendons : «Vous êtes en danger et vos maisons ne sont plus habitables.» El-Hadja Kara Mina 77 ans, occupe depuis 52 ans, la même pièce avec son fils marié depuis 2 ans. Cette pièce a été touchée par des glissements de terrain. Elle y habite en tant que locataire depuis 40 ans. Son défunt mari est décédé d'une tumeur. «Il souffrait aussi d'asthme et j'en souffre moi aussi». Pour faire de la place à son fils et à sa famille, elle va souvent chez ses filles mariées. «Je ne reviens que quand ma belle-fille va chez ses parents pour quelques jours. Mais parfois, je suis obligée de rester chez moi. Cela fait plus de 26 ans que j'ai déposé une demande de logement social. Mais aucune suite». Nadjia, divorcée depuis 7 ans, vit, elle aussi, dans les mêmes conditions. Elle occupe une chambre seule, dont le sol bosselé fait qu'elle est inclinée, laissant des vides en certains endroits.