Lassitude n Il est 17h 45 et le tant attendu avion de «secours» n'est toujours pas arrivé. Une certitude : les infortunés passagers ne partiront pas sur Alger à 18h, comme cela leur a été promis. Les passagers ont les nerfs à fleur de peau. «Dites-nous franchement à quelle heure on va partir ? Et arrêtez de nous mentir !», demande un jeune homme très excité à l'hôtesse qui venait de remplacer l'une de ses collègues. La jeune femme, une Asiatique qui ne maîtrise pas bien la langue de Molière, ne sait quoi répondre. Sa collègue tente de lui venir en aide. «On nous a dit que l'avion arrive à 18h, c'est tout ce qu'on sait», dit-elle au groupe de passagers qui s'est formé entre-temps devant le guichet de la salle d'embarquement. La réponse ne satisfait personne. Les protestations fusent de partout : «Y'en a marre !» ; «Arrêtez de nous prendre pour des débiles» ; «Remboursez-nous». «Nous vous comprenons parfaitement, mais nous ne pouvons rien faire pour vous», rétorquent les deux hôtesses, tout en précisant qu'elles ne sont pas des employées d'Air Algérie. «Mais où sont passés les responsables d'Air Algérie ?» ; «On ne sait pas, mais ils doivent être dans les parages». Aux environs de 18h 10, des boissons chaudes sont servies aux passagers. «Cela veut dire qu'on ne partira pas avant 20h», pronostique un quadragénaire. Un quart d'heure plus tard, les deux hôtesses restées dans la salle d'embarquement apprennent à quelques voyageurs que l'avion en provenance de Marseille est attendu à 19h 30. Mais celui-ci n'atterrit sur le tarmac de l'aéroport de Toulouse qu'aux environs de 21 h. Durant tout ce temps, les deux responsables d'Air Algérie sont «portés disparus». Pis encore, la déléguée régionale, qui a pourtant promis à une femme et à son mari, qui ont exprimé le vœu de ne pas rentrer sur Alger, de faire «quelque chose» pour qu'ils puissent récupérer leurs bagages, n'a plus réapparu. De son côté, le chef d'escale n'a été revu qu'au moment de l'embarquement. Très remontés contre lui, des passagers lui demandent de leur délivrer des attestations de retard qu'ils comptent adjoindre à la demande de remboursement qu'ils viennent de rédiger. «Il faudra les demander à votre arrivée à Alger», leur répond-il dans un premier temps. Mais face à leur insistance, il finit par accéder à leur demande. Aux environs de 21h 30, les passagers du vol du vol AH 1045 prennent, enfin, place dans l'Airbus A330 qui venait d'arriver de Marseille, d'où il a décollé aux environs de… 20h, alors qu'il devait le faire à 14h à destination… d'Alger. Ce retard a empêché un passager d'assister à l'enterrement de sa mère. Finalement, l'avion de «secours» a décollé de l'aéroport de Toulouse aux environs de 22h avec à son bord quelque 200 passagers. «Débrouillez-vous pour rentrer chez vous !» A leur arrivée à l'aéroport d'Alger, les passagers à qui la déléguée régionale d'Air Algérie à Toulouse a promis une prise en charge ont eu bien des difficultés à trouver le service transit vers lequel ils ont été orientés. Et quand ils l'ont trouvé enfin, ils ont été surpris d'apprendre qu'ils n'ouvraient pas droit à cette prise en charge. «On n'assure cela qu'aux étrangers qui doivent prendre un autre vol. Débrouillez-vous pour rentrer chez vous», leur a-t-on dit aux environs de minuit…