Résumé de la 6e partie n Wang révèle à Yang qu'il a été arrêté pour un vol qu'il n'a pas commis... Ces pauvres hommes, qui avaient bien besoin d'un peu d'argent supplémentaire, ont promis à l'usurier de se débarrasser de moi en cours de route. Seul le hasard a permis que je sois sauvé de la mort par un tigre, apparu au moment où ils voulaient me tuer. Et ce tigre m'a conduit auprès de la princesse des glycines, qui m'a ordonné de me rendre en ville pour prouver mon innocence. Voilà tout !» dit Wang. Et il ajoute piteusement : — «Je ne l'ai pas écoutée et, maintenant, elle est fâchée contre moi. Ah ! J'aurais dû attendre la pleine lune avant de commencer à construire notre maison...» Yang a écouté attentivement le récit de son ami : — «Si je comprends bien», dit-il, tu es donc en route pour la capitale, où tu seras jugé par le juge suprême.» Wang boit encore une gorgée de la bouteille de vin de riz pour se donner du courage. — «C'est bien cela», opine-t-il en se levant pour se remettre en route. Il tend la main pour prendre congé de Yang, mais celui-ci secoue la tête. — «Non, mon cher Wang», refuse-t-il paisiblement. «Je ne te laisserai pas partir comme cela. Un ami aussi fidèle que toi a droit à mon aide. Le voyage est encore long jusqu'à la ville et il est semé d'embûches !» Et c'est ainsi que Wang parcourt le reste du chemin sous la protection des hommes de son ami Yang, qui le suivent à distance. Peu après, il atteint sans encombre la capitale et va aussitôt se présenter au palais de justice. — «Je suis Wang et je viens de Lu-Lung», déclare-t-il, une fois mis en présence du juge suprême. «Je suis venu jusqu'à vous pour prouver mon innocence.» — «Et où sont les soldats qui t'ont conduit ici ?», demanda le juge. — «Deux d'entre eux ont pris la fuite à la vue d'un tigre», explique Wang. «Et les deux autres sont tombés dans un ravin.» Comme le juge continue à le regarder d'un air interrogateur, Wang lui raconte toute son histoire. — «Tu veux me dire que tu es venu sans escorte et de ton plein gré ?», s'exclame le juge, étonné, lorsque Wang termine son récit. «Mais tu aurais pu facilement t'échapper !» Wang sourit : — «Je suis innocent», assura-t-il. «Mais il y a des gens qui affirment le contraire. Ils prétendent que je suis complice d'un vol. Et je n'ai nulle envie de passer pour un malhonnête. C'est pourquoi je suis venu jusqu'à vous. Je veux prouver ma bonne foi !» Tout en parlant ainsi, Wang joue machinalement avec la corde nouée à sa taille. Sans même s'en apercevoir, il défait un des nœuds. Au même moment, le juge suprême déclare : — «Même sans preuve, je suis convaincu de ton innocence, Wang. En effet, seul un homme à la conscience bien tranquille se présente de lui-même devant le juge sans y être contraint.» Il va ensuite chercher un morceau de parchemin et écrit en termes choisis une déclaration attestant de l'innocence du prévenu. (A suivre...)