Pour pénétrer dans la zone ultra-protégée de Bagdad, le plus facile est d'emprunter le pont du 14-Juillet, date du renversement de la royauté et du meurtre de Fayçal II, le jeune souverain qui avait servi de modèle à Hergé, créateur de Tintin. Au matin du 14 juillet 1958, Fayçal II, 23 ans, et plusieurs membres de sa famille, furent exécutés par des soldats lors du coup d'Etat dirigé par le colonel Abdel Karim Qassem. Fayçal II fut le troisième et dernier roi d'Irak. L'actuel prétendant à la couronne, Chérif Ali ibn Hussein, n'avait que deux ans quand son cousin maternel fut tué. «Je lis Tintin depuis l'enfance et j'avoue que je n'avais jamais fait le lien avec le roi Fayçal», confie-t-il en apprenant que le dessinateur belge Hergé avait choisi le souverain irakien comme modèle pour le personnage d'Abdallah du Khemed, qui apparaît dans L'or noir et Coke en stock. «Selon les récits familiaux, Fayçal était facétieux», explique l'héritier putatif du trône, qui reçoit dans sa villa sur les bords du Tigre, décorée avec goût et remplie de photos de la lignée royale. Dans les albums de Tintin, le jeune prince, sosie de Fayçal enfant, met les héros à rude épreuve avec ses farces. «Toi pas toucher au fils de mon émir», récite en riant Cherif Ali. Héritier du trône à l'âge de trois ans à la mort de son père Ghazi, tué en 1939 dans un accident de voiture, le dernier roi d'Irak était populaire en Occident, qui l'avait surnommé «l'enfant roi.