Revendication - Une marée humaine a déferlé, hier, samedi, sur la capitale en particulier. «La troïka et le gouvernement dehors», «Le Portugal aux urnes», «Elections maintenant», «Démocratie participative», pouvait-on lire sur les banderoles portées par les manifestants. «Qui s'endort dans la démocratie, se réveille dans la dictature», «Bandits, rendez-nous notre argent», clamaient de petites affiches. «Aujourd'hui je suis dans la rue, demain ce sera toi», lisait-on sur une autre à côté d'un portrait du Premier ministre de centre-droit, Pedro Passos Coelho. Cette manifestation a ainsi donné une nouvelle dimension au mécontentement populaire contre les mesures d'austérité mises en œuvre par le gouvernement de centre-droit, en contrepartie du plan de sauvetage international de 78 milliards d'euros accordé au Portugal en mai 2011. A Lisbonne, le défilé a été d'autant plus important que de nombreux militants du principal syndicat portugais, la CGTP, y ont participé. Le cortège principal a également été rejoint par plusieurs «marées», c'est-à-dire autant de manifestations organisées par des enseignants, des professionnels de la santé, ou des retraités, parmi les plus touchés par les coupes budgétaires. Même des militaires se sont joints au défilé qui s'est terminé vers 18h30 GMT face au Tage, sur la majestueuse et monumentale Place du Commerce, noire de monde. La cible principale a été l'inspirateur des mesures d'austérité du gouvernement, c'est-à-dire la «troïka» (UE-FMI-BCE) représentant les créanciers du Portugal, actuellement à Lisbonne pour un nouvel examen des comptes du pays. Selon le mouvement apolitique «Que la Troïka aille...», organisateur des rassemblements à Lisbonne et dans une trentaine de villes du pays, quelque 500 000 personnes ont défilé dans la capitale où le cortège avait démarré au son de la chanson Grândola Vila Morena, reprise en chœur par les manifestants, la voix tendue d'émotion. Cette chanson, fréquemment entonnée par des contestataires au passage de membres du gouvernement, est devenue le symbole de la contestation au Portugal après avoir été l'hymne de la Révolution des œillets de 1974 qui a permis l'instauration de la démocratie. A la fin des manifestations elle a retenti au même moment du nord au sud du pays dans toutes les villes où des rassemblements ont eu lieu : de Porto, la grande ville du Nord, où, selon les organisateurs, 400 000 personnes ont manifesté, à Faro, la station balnéaire du Sud. En fin de soirée les autorités n'avaient communiqué aucune estimation du nombre de manifestants. «C'est le peuple qui est souverain», une phrase correspondant à un des vers du chanteur engagé José Afonso, créateur de la chanson Grândola Vila Morena, était le principal mot d'ordre des rassemblements.