Résumé de la 1re partie ■ Le voyageur entre dans une auberge et s'assoit à côté d'un vieillard qui semblait s'y connaître en huîtres Une bouteille par douzaine, est-ce trop ? dit le garçon en me regardant. — On verra, répondis-je. Vos huîtres sont diablement salées. N'importe, pourvu qu'il y en ait à discrétion... Le garçon sortit. Je vidai une bouteille avec le petit vieux, qui me parut ne pas se faire prier, du moment qu'il comprit que je payais. Le garçon rentra. — Monsieur, dit-il, il n'y a plus d'huîtres très grasses. Mais monsieur n'a qu'à commander ce qu'il veut pour demain ! — Allez au diable ! j'ai cru tomber ici sur une mine inépuisable... — Il y en a, monsieur, il y en a en quantité, mais il faut les pêcher. — Eh bien, j'irai les pêcher moi-même. Apportez le déjeuner. Le déjeuner fut bon et nous y fîmes honneur. Les soles étaient excellentes, le vin était sans reproche. Mais le dépit de n'avoir point d'huîtres m'empêcha de savourer ce qu'on m'offrait. Je bus et mangeai sans discernement, causant toujours avec mon petit vieux, qui semblait compatir à ma peine et prendre intérêt à mon exploration manquée. Si bien qu'à la fin du repas je ne saisissais plus très clairement le sens de ses paroles ni la vue des objets environnants. Le gnome, car il avait réellement l'aspect d'un gnome, me paraissait un peu ému aussi, car il passa son bras sous le mien avec une familiarité touchante en m'appelant son cher ami, et en jurant qu'il allait me révéler tous les secrets de la nature concernant les huîtres. Je le suivis sans savoir où j'allais. La vivacité de l'air achevait de m'éblouir, et je me trouvai avec lui dans une sorte de grotte, de cave ou de chambre sombre, où étaient entassés des monceaux de coquillages. — Voici ma collection, me dit-il d'un air triomphant : je ne la montre pas au premier venu ; mais, puisque vous êtes un véritable amateur..., tenez, voici la première des huîtres ! ostrea matercula de l'étang permien. — Voyons ! m'écriai-je en saisissant l'huître et en la portant à mes lèvres. — Vous voulez la manger ? fit le gnome en m'arrêtant : y songez-vous ? — Pardon ! j'ai cru que vous me l'offriez pour cela. — Mais, monsieur, c'est un échantillon précieux. On ne le trouve qu'en Russie, dans les calcaires cuivreux. — Cuivreux ? merci ! Vous avez bien fait de m'arrêter ! (A suivre...)