Résumé de la 162e partie ■ Chantal racontat à Marie-Ange qui était le père de son enfant. Une nuit m'a suffi amplement : il a rempli, sans s'en douter, le rôle que j'attendais de lui. Si ça n'avait pas réussi, j'aurais essayé avec un autre jusqu'à ce que je sois enceinte... Mme Royer, qui avait pourtant vu et entendu pas mal de choses dans son existence, écoutait Chantal avec un effarement grandissant. Celle-ci continuait, très calme : — Qui veut la fin veut les moyens ! Quand j'ai annoncé à M. Berthon, que j'étais enceinte de lui, il n'a pas douté une seconde que ce fût vrai ! L'orgueil des hommes dépasse tout ! Ainsi, vous voyez : tout est pour le mieux ; l'enfant est beau et il sera riche, grâce à un père putatif. — Si je comprends bien, vous vous êtes fait faire un enfant. par un garçon qui vous était coomplètement indifférent, pour le faire endosser par un homme que vous n'aimez pas ? — C'est à peu près cela. — Ne croyez-vous pas qu'il eût mieux valu, pour vous, avoir un enfant de quelqu'un que vous aimiez ? — Pas dans ces conditions-là. — Avez-vous l'impression d'être capable,unjour,d'aimer quelqu'un ? — Oui... mon fils... Ça peut vous paraître extravagant, mais c'est ainsi... Je ne l'aimais pas, il y a seulement dix jours ; il m'a pesé terriblement quand j'étais enceinte ; je l'ai même détesté pendant quelques instants au moment de l'accouchement : il me faisait trop souffrir ! Mais quand je me suis réveillée dans ce lit et que la nurse l'a déposé sur mon oreiller, je n'ai pas pu, continuer à être insensible : je l'ai inondé de mes larmes. C'est bête ? Elle fut interrompue par l'entrée du Dr Petit. —Mesdames, mes hommages... Comment va notre jeune maman ? —Docteur, vous me certifiez qu'il n'y a aucun danger à emmener le petit avec moi ? — Aucun, chère Madame... C'est même indispensable puisque vous le nourrissez. Je suis persuadé que Daniel sera un coq en pâte, boulevard Suchet. Vous me permettrez, de temps en temps, d'aller lui rendre visite ? Je veux que vous veniez le voir tous les jours, docteur, pour être être sûre qu'il ne lui arrivera rien. —Savez vous que cet enfant est, d'une constitution exceptionnelle ?... Sacré Berthon ! Pour quelqu'un qui s'y est pris tard, il s'est singulièrement rattrapé ! Il adore son gosse ! Mme Royer peut vous le confirmer, elle qui l'a vu au moment de la naissance... Cet enfant doit beaucoup à son père ! Il y a une chose que je ne vous ai pas encore confiée, mais que j'estime de mon devoir de vous dire maintenant que vous êtes tout à fait rétablie. Quand Daniel est né, il était virtuellement mort... Le cœur avait cessé de battre. Pour le ranimer, je n'avais qu'un système, celui des cuves à double température. Dans l'une, l'eau était glacée, dans l'autre bouillante. (A suivre...)