Si le laxisme et le manque de rigueur en matière de nettoyage des canalisations des eaux pluviales constituent les principaux facteurs des inondations, les citoyens ont aussi une part de responsabilité dans cette situation préjudiciable. Des canalisations sont souvent obstruées en raison du jet anarchique d'ordures ménagères et autres objets, sans prendre en compte l'impact de tels gestes «néfastes». Les agents chargés de déboucher ces réseaux d'assainissement tentent de faire leur travail, mais la répétition de ces comportements négatifs rend leur tâche plus ardue. «Faut-il mener de larges campagnes de sensibilisation afin que les citoyens saisissent l'importance de préserver ces canalisations intactes, ou faut-il, plutôt, imposer des sanctions pour les amener à adopter des attitudes plus responsables ?», s'interrogent des agents chargés de ces opérations. Les autorités publiques ont, certes, la charge de protéger les espaces urbains contre les risques d'inondation, mais l'apport des citoyens revêt également une grande importance à cet effet. A. H. Habitations précaires : sous la menace Hantise n Des milliers de citoyens à travers les différentes régions du pays, qui occupent des habitations précaires, vivent sous la menace permanente d'être emportés par les inondations. Le scénario de l'hiver 2013 est, en effet, toujours vivant dans les mémoires : deux bidonvilles à Bachdjerrah, à l'est d'Alger, avaient été «encerclés» par les eaux pluviales pendant plus de deux semaines. Des dizaines de familles avaient souffert le martyre, leurs enfants ne pouvaient aller à l'école ni les pères de familles se rendre à leur travail. Les autorités publiques ont, certes, entamé des opérations de relogement de grande envergue, ces derniers mois, et des milliers de familles ont été, ainsi, mises hors de danger. Les autres attendent leur tour avec impatience, craignant l'arrivée de la saison des grandes pluies, qui représente, pour eux, un «cauchemar». A La Casbah, par exemple, plusieurs familles habitant des appartements vétustes n'ont pas encore été relogées et vivent dans une angoisse permanente. «Nous craignons que les immeubles tombent un jour sur nos têtes. Dès qu'on aperçoit des nuages, nous avons peur. Nous vivons dans l'inquiétude», lancent des occupants de ces vieux immeubles datant des premières années de la colonisation française et qui n'ont pas subi de travaux de rénovation. Ces dernières années, des familles habitant dans ces conditions, quittaient carrément leurs habitations pour installer des tentes de fortune, par peur de périr sous les décombres de ces bâtisses menaçant ruine. Le danger des inondations ne se limite pas à ces vieilles habitations, mais touche également des nouveaux bâtiments érigés récemment dans le cadre des divers plans de réalisation de logements. A défaut d'un réseau de canalisations fiable, les rez-de-chaussée de ces bâtiments, notamment à Bab Ezzouar et Aïn Naâdja, se retrouvent inondés par les eaux, empêchant les habitants de quitter leur domicile. «Il faut que les autorités concernées trouvent des solutions définitives et non pas se contenter de bricolage. Cela fait quatre ans que certains bâtiments ici vivent la même situation en hiver. L'intervention des éléments de la Protection civile se limite à dégager les eaux et n'a jamais été suivie par des opérations destinées à en finir une fois pour toutes avec le problème. C'est trop !», rouspètent des habitants de la cité Soummam à Bab Ezzouar. Les occupants du grand bidonville Haï Erremli, sis dans la commune de Gué de Constantine, craignent, eux aussi, de vivre un hiver aussi crucial que les années précédentes. Impatients de bénéficier du relogement, ils ont procédé, récemment, au sabotage de la ligne ferroviaire de la banlieue ouest de la capitale, desservant la ligne entre Alger et les wilayas de l'ouest du pays. Les premières pluies qui se sont abattues sur Alger ont provoqué un climat de panique chez les occupants de cette «favela», un des plus anciens bidonvilles de la capitale. «Nous avons longtemps patienté et attendu. Nous avons vécu le calvaire et nous ne voulons plus revivre le même scénario», affirment certains habitants. «S'il y avait des réseaux d'assainissement des eaux de pluie, nous aurions pu supporter encore», avouent encore nos interlocuteurs. C'est dire que le plus gros souci de ces derniers est d'en finir avec la hantise des inondations...