Histoire ■ L'exposition que nous offre le palais des Rais s'exprime par un fonds d'archives , de documents, de photos et de planches de dessins, d'affiches cinématographiques relatant un pan de l'histoire du jeune cinéma algérien. En déambulant dans les salles destinées à faire revivre les années d'or du cinéma, parce que ce fut une étape bénie pour l'art et la culture, par le biais de tous les appuis, coupures de journaux, manuscrits, plans de travail, on est envahi par un sentiment de nostalgie. Toute une richesse documentaire, témoignant de l'activité culturelle dans les années 60 et religieusement conservées par Ahmed Bedjaoui et Denis Martinez. Les esquisses du plasticien, les croquis, portraits de personnages tracés au crayon avec chacun son prénom « Hocine, Sabri, Zineb, Fodil... » dénotent d'un esprit de corps quand il s'agissait de vivre l'aventure des ciné-clubs et de l'auguste cinémathèque de la rue Ben M'hidi. Les images des longs métrages, les noms d'illustres réalisateurs ou acteurs, «Costa Gravas, Montand, Jean Louis Arnold, Mohamed Zinet, Boualem Bennani Mommo...» attestent de la fougue des professionnels et ... du public cinéphile. Aussi, les affiches de cinéma ou autres, comme moyen d'information destiné au public pour rendre l'actualité disponible sont là, les couleurs un peu passées face à la griffe du tems, attestent d'une belle époque. Encore, une empreinte informative : les coupures de journaux des rubriques culturelles faisant référence à la venue de Visconti à Alger et du tournage des premières prises de vue du film « la nuit ». Tout un patrimoine personnel constituant les sources pour qui veut, cinéphile ou non, connaitre les années fastes de la naissance du cinéma algérien. Il faut considérer que l'expo est un hommage à toutes les expressions artistiques et culturelles, puisque l'on voit Ould Kaki, Boudia , El Anka ainsi que des œuvres de Martinez dégageant un esprit existentialiste et engagé, si cher aux artistes d'avant garde. Entre Ahmed Bedjaoui et l'artiste peintre Denis Martinez, c'est le récit d'une longue amitié. C'est l'histoire d'une belle fraternité née dans les années 60, juste après l'indépendance de l'Algérie. une époque auréolée d'espoir, d'attentes et de tous les possibles à mettre en place les fondements culturels, artistiques , économiques et politiques de cette Algérie nouvelle. Le cinéma, grâce à la création de la cinémathèque devenait une « priorité », c'est alors que Bedjaoui se mit à fourbir ses armes et de cinéphile et de cinéaste. La rencontre avec Martinez, jeune algérien de la génération « Houachem » donna naissance à un duo porté par les valeurs de Novembre, tout autant que l'équipe pluridisciplinaire composée d'hommes de culture et du 7eme Art. Leila N. Ce fut le commencement de la belle aventure du cinéma algérien et celle des deux hommes. Dans le livret-brochure intitulé « Au cœur des années 60, mémoire d'une rencontre entre un cinéaste et un peintre », Ahmed Bedjaoui relate les grandes espérances du cinéma algérien face à son avenir. Le réalisateur fait le chemin à rebours, relatant les années euphoriques, la trempe des hommes engagés à reconstruire le pays, aux côtés d'Européens, venus de l'autre côté, croyant en cette Algérie nouvelle. , Leur mérite à avoir pu donner un cachet, un style à l'aventure du cinéma ainsi que d'avoir provoqué des vocations et aider à l'émergence de talents. Denis Martinez évoque ces années en ces termes : « Alger vivait alors une dynamique culturelle forte qu'il est difficile d'imaginer avec le recul. C'était des moments très fertiles. Mais pour moi, le souvenir le plus marquant de cette époque et qui représente le mieux le brassage d'idées ...c'est quand Mohamed Boudia, Allah ya rahmou, avait organisé le train culturel, un vrai train et qui traversait le pays, d'Alger à Oran avec 200 artistes... osmose entre les créateurs , les peintres, les poètes.»