Coup L'identification des auteurs des attentats de Londres a constitué un véritable choc : le Royaume-Uni prend conscience, non sans angoisse, que les terroristes émanent de la société britannique elle-même. La bonne nouvelle est accompagnée d'une bien mauvaise... Les Britanniques ont appris avec un soulagement certain que les auteurs des attentats de Londres avaient été identifiés et leur base logistique découverte, grâce à un raid de la police à Leeds. Mais, par là même, il leur a été annoncé que ces terroristes n'étaient autres que des citoyens britanniques à part entière et de surcroît jeunes, plutôt intégrés dans leur milieu et sans précédents criminels notables. «Les terroristes ne sont pas des militants islamistes venus de l'étranger, mais bien des gens de chez nous, grandis au sein même de notre société ouverte et tolérante», affirmait un expert à la BBC. Le choc causé par les premiers attentats-suicide en Europe occidentale est ainsi aggravé par le fait qu'ils ont été causés par des terroristes "made in England". Les auteurs probables des attentats ont été identifiés grâce à l'examen minutieux des images enregistrées par les caméras de la station King's Cross, d'où sont partis les trois trains qui ont explosé par la suite. Une caméra a notamment détecté quatre jeunes hommes, portant chacun un sac à dos, se réunissant dans un lieu de la gare. Cette scène a été filmée vingt minutes avant l'explosion quasi simultanée des trains sur les trois lignes de métro affectées. Une quatrième bombe a explosé une heure plus tard sur un bus provenant, lui aussi, de King's Cross. Des restes de corps et des pièces d'identité de trois des quatre hommes ont été trouvés sur trois lieux d'attentats. Le quatrième terroriste pourrait être mort dans l'explosion sous la station de Russel Square ou s'être enfui. L'enquête a établi que ces quatre personnages provenaient de la région de Leeds au nord de l'Angleterre, où ils menaient apparemment une vie «normale». L'opinion publique britannique se pose désormais la question : pourquoi et comment de jeunes musulmans apparemment intégrés dans la société décident-ils de devenir des assassins, au prix même de leur vie ? Elle se demande aussi combien de terroristes «dormants» habitent le Royaume-Uni et quels sont leurs liens avec le réseau international de la terreur. Le ministre de l'Intérieur, Charles Clarke, a essayé de répondre à ces questions en indiquant deux solutions possibles : d'un côté renforcer le renseignement, afin de mieux identifier et pénétrer les cellules terroristes ; de l'autre combattre activement l'idéologie meurtrière qui en est à la base. «Il revient à la communauté musulmane et, avec elle, à la société tout entière, de comprendre et d'extirper le phénomène», a-t-il affirmé.