Réaction n Des manifestants ont bloqué ce mercredi des routes à Beyrouth Liban, dont celle de l'aéroport, et ont brûlé des pneus pour réclamer une revalorisation des salaires, sur fond de grave crise politique. Le blocage politique au pays du Cèdre a enfin fini par faire réagir «violemment» la rue. Même si les manifestants réclament des droits sociaux (augmentation des salaires), c'est certainement à cette paralysie politique qu'ils ont réagi. Signe de la gravité de la situation, les forces de sécurité intérieure et l'armée libanaises ont été déployées en force à travers la capitale, interdisant l'accès à certains secteurs pour éviter des heurts entre partisans de l'opposition emmenée par le Hezbollah chiite et ceux du gouvernement issus de la majorité parlementaire antisyrienne. Des personnalités politiques, aussi bien de l'opposition appuyée par la Syrie et l'Iran, que de la majorité soutenue par l'Occident, ont dit craindre que les manifestations pour une augmentation du salaire minimum ne dégénèrent en affrontements entre les deux camps en lutte pour le pouvoir depuis fin 2006. Les manifestations se déroulent à l'occasion d'une grève générale soutenue par l'opposition et organisée à l'appel de la Confédération générale des travailleurs au Liban (Cgtl). La grève a été maintenue malgré une décision mardi du gouvernement de relever de 130 dollars USD le salaire minimum, à 330 USD (550 000 livres libanaises) en réponse à la grogne sociale et la hausse vertigineuse des prix, la Cgtl ayant jugé insuffisante cette mesure. Malgré le mot d'ordre de grève, des magasins, boulangeries, marchands de légumes et entreprises ont ouvert leurs portes. Mais la plupart des gens, craignant des dérapages, devaient rester chez eux. Les protestataires ont bloqué plusieurs routes dans la capitale, y compris celle de l'aéroport qui longe la banlieue sud de Beyrouth à majorité chiite, l'un des bastions du Hezbollah. Des jeunes ont brûlé des pneus et des voitures et retourné des poubelles dans la rue, alors que des camions versaient du sable pour empêcher la circulation. Plusieurs vols à l'aéroport international de Beyrouth ont été retardés ou annulés, selon une source aéroportuaire. Les employés de l'aéroport ont annoncé qu'ils cesseraient de travailler entre 9h locales et 15h. Un responsable de la sécurité a déclaré qu'une grenade avait explosé près d'une mosquée dans le secteur de la Corniche al-Mazraâ, ne faisant ni victimes ni dégâts. Selon l'Agence libanaise d'information, les vitres de magasins ont été brisées par des jets de pierres dans le même secteur. Des rassemblements sont prévus dans l'ensemble du pays et une manifestation devait avoir lieu dans l'ouest de la capitale. Des barbelés ont été installés en face de la Banque du Liban où devrait se terminer la manifestation, alors que la police anti-émeutes était présente en masse. Le Liban est divisé entre le camp de la majorité et celui de l'opposition, qui s'accusent d'entraver toute solution à la crise politique qui empêche l'élection d'un président de la République.