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Reportage/ Après les violences qui ont secoué la ville d'Oran
Au-delà d'un coup de gueule…
Publié dans Info Soir le 07 - 06 - 2008

Images n Le rideau est tombé sur la ville et les émeutes qui l'ont secouée ne sont plus que des clameurs lointaines, à peine audibles.
Les éboueurs ont fait ce qu'ils peuvent pour en effacer rapidement les traces, toutes les traces et donner des couleurs à une cité devenue subitement fréquentable, ou presque. Mais les véritables stigmates sont ailleurs, dans les tripes nouées d'une population qui attend avec appréhension le verdict des juges et celui de la FAF. Il semblerait que des notables bien en vue feraient actuellement le siège des instances du football et multiplieraient les pressions sur la fédération pour que le Mouloudia d'Oran remonte en division Une, dans la cour des grands avec tous les honneurs dus aux vaincus.
A Derb, en attendant que les choses se tassent, la platitude quotidienne a repris ses droits avec ses bus crado, ses pickpockets d'un autre âge et ses dragueurs pouilleux qui écument matin et soir la place Valéro. On est presque heureux de voir que la vie charrie les mêmes limons.
Tout le monde par la force de l'habitude fait comme si de rien n'était, comme s'il ne s'était rien passé. Casseurs et vandales font même mine de ne pas se connaître et se servent pourtant auprès de la même charrette ambulante au milieu de la même foule pagailleuse. Avec le retour des émigrés et du beau temps, la rue Marpes à St-Eugène est difficile à longer. Impossible de marcher, de se mouvoir entre les marchands à la sauvette les péripatéticiennes en goguette et les dealers tout frais pimpants à la recherche d'une première «zatla» à fourguer. Ici aussi on n'a pas lésiné sur les moyens et sur la quantité de pneus à brûler pour rendre la politesse aux émeutiers de St-Pierre, aux petits gars de Zine El-Abidine. Même si le cœur a toujours battu pour l'ASM Oran, de père en fils, depuis au moins trois générations.
Mais depuis que ce club mythique plane au ras des pâquerettes tous les tifosis s'alignent par bravache derrière le fanion du MCO.
C'est à partir des trois horloges défoncées de la place des victoires dont les aiguilles bloquées marquent toujours trois heures, en montant la rue Djelloul-Ibrahim que commence le fameux St-Pierre.
La pente est raide, pénible à monter harassante. C'est un véritable chemin de croix pour les paumés de la plaine de Ghriss venus exceptionnellement s'encanailler en douce.
Coincé entre le boulevard St-Charles et les plateaux, le quartier tient de la favela indigène, du douar urbain et de l'auberge espagnole. C'est du n'importe quoi. C'est pourtant là qu'est né et a grandi le plus grand couturier du monde, Yves Mathieu St Laurent qui mettra strass et paillettes à ses robes, fera défiler des femmes de couleur pour sa création et habillera de luxe toutes les beautés de Paris qui porteront avec audace smoking et sahariennes, balayant d'un seul ourlet tous les cancans de la rive gauche.
C'est ici aussi, à cent mètres à peine que Marcel Cerdan le champion de monde de boxe fera ses tout premiers débuts sur les rings d'El-Ancor face à Berbero (le barbier) le costaud du village à l'époque.
Mais pour l'instant il s'agit d'autres costauds dans cette zone disjonctée où survivent 20 000 citoyens entassés pêle mêle dans des immeubles de bric et de broc et toujours au bord de l'explosion.
Tout est cadenassé la nuit, à double tour, particulièrement les commerces dont les propriétaires ne se contentent pas de portes métalliques. Ils les renforcent de barreaudage aussi épais que des coffres forts.
C'est de cette «réserve» de laissés-pour-compte où cohabitent difficilement des riverains condamnés à supporter les frasques quotidiennes de drogués que le tam-tam a donne le signal de la révolte.
De nombreux adultes au chômage ou aigris y ont applaudi. Par «rejla» devant les femmes du quartier ou par veulerie pour coller à la tendance de la rue.
— Alors Allilou, on remet ça ?
L'homme interpellé lève les yeux, se détache du mur sur lequel il était scotché avec un air entendu
— ça ne va pas tarder
Menaces ou tartarinades pour la frime, pour impressionner la belle qui étend le linge sur le balcon ?
l Contrairement à ce que prétendent certaines autorités locales d'Oran qu'on n'a pas beaucoup vues sur le terrain quand les émeutiers mettaient à sac la ville et menaçaient la sécurité de ses habitants, les dégâts causés par les innombrables vagues de razzia sont considérables sur le plan corporel et humain.
Qu'on en juge selon ce premier bilan provisoire et donc partiel :
170 blessés dont 100 policiers. quelques-uns sont dans un état assez grave.
150 véhicules ont été endommagés et pour certains calcinés.
20 abribus ont été cassés, autant de publiphones et nous ne parlons ni de poteaux électriques ni des feux rouges.A tel point que ce sont des policiers qui règlent la circulation au centre ville. Des commerçants ont été ruinés et s'apprêtent à mettre la clef sous le paillasson.
D'autres, un peu plus prévoyants, tentent de se retourner vers leurs assureurs.
3 tribunaux, 60 avocats… 150 prévenus
Jamais procès n'aura suscité autant d'intérêt que celui qui aura à statuer, dans quelques jours, sur le sort des émeutiers d'Oran. D'abord parce qu'il est hors norme compte tenu du nombre de prévenus en lice et ensuite parce qu'il va mobiliser trois tribunaux, des dizaines d'avocats, autant de journalistes et plus encore de curieux sans compter le familles.
Ce procès aura également valeur de test pour la majorité des oranais traumatisés par trois jours de violence et qui réclament que force doit rester à la loi, d'autant que les autorités locales ont fait preuve d'une incroyable incurie pendant les événements. Tous les prévenus qui passeront à la barre ont déjà été entendus par des juges d'instruction.
C'est dimanche, 78 heures après la fronde et les interpellations qui ont suivi, que toutes les auditions ont été bouclées, au cours de séances marathon. Indépendamment de 13 mineurs qui ont été cueillis pour des peccadilles et qu'on a remis à leurs parents, 154 manifestants devront répondre devant leurs juges parmi eux 25 mineurs.
Tous sont actuellement en mandat de dépôt pour le chef d'inculpation de : «attroupement non armé et illégal, détérioration des biens d'autrui et destruction de biens publics».
Compte tenu du manque de place au centre de détention de Gdyel, les 25 mineurs en question ont été provisoirement dirigés vers le centre de rétention de la Cité Djamel à Oran. Il faut ajouter que dans le lot de cette charrette, dix prévenus sont déférés devant un tribunal criminel.
Ils sont accusés d'incendie volontaire, un chef d'accusation qualifié de crime par le code pénal. Sur le plan pratique, il a été décidé que trois tribunaux traiteront cette affaire : le tribunal d'Oran, (Essedikia en l'occurrence), celui de La Senia et enfin celui de Gdyel.
Pour éviter toute confusion, il faudrait peut-être rappeler que dans cette même ville de Gdyel, des émeutiers, il y a un mois, avaient mis la Cité sens dessus-dessous à commencer par le tribunal pour des motifs qui n'ont rien à voir avec le sport.
C'est pourtant dans ce tribunal, retapé et ravalé en un temps record, qu'ils seront jugés et condamnés.
Cette fois, ce seront les émeutiers de Hassi Bounif, à 8 km de distance qui devront s'expliquer à Gdyel sur le saccage du tronçon Oran-Bounif en solidarité avec les insurgés d'Oran.
Et comme nous ne sommes pas à une curiosité près, précisons par souci de vérité que c'est la deuxième fois, en l'espace d'un an, que ce petit hameau en bordure de route, saute les plombs et hurle son ras-le-bol… pour ... une sombre histoire de coupure répétée de courant.
C'est un vieillard désabusé, témoin des heurts violents qui ont opposé ces excités au service d'ordre, qui aura le mot de la fin. «Qu'ils appellent leur Mouloudia maintenant pour les sortir du guêpier…»


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