Résumé de la 21e partie n Au début des années 1920, un prêtre canadien est accusé d'avoir tué son frère. Il plaide la folie, mais à l'hôpital on s'aperçoit qu'il ne l'est pas. On le juge de nouveau.. Le détective, qui rappelle les conversations qu'il a eues avec le prêtre, rappelle les détails du crime. — Aujourd'hui qu'on reconnaît que vous n'êtes pas fou, allez-vous avouer ? Mais Delorme n'avoue rien. La démonstration du détective a été convaincante mais on n'ose pas reconnaître la culpabilité du prêtre. L'Eglise catholique est si puissante à l'époque, qu'on ne pouvait accuser sans preuves irréfutables un de ses membres. Le procès est donc renvoyé, faute justement de «preuves irréfutables». Faute de trouver ces preuves dans des aveux, l'accusation se retourne vers la science. Il fallait montrer que les balles avec lesquelles la victime a été tuée proviennent de l'arme du prêtre. L'analyse balistique à laquelle on voulait recourir pour apporter la preuve de la culpabilité de Delorme n'était pas encore, en ce début des années 1920, très développée au Canada et aux Etats-Unis. Seuls quelques scientifiques s'y intéressaient et, en général, ils tenaient leur information d'Europe. Durant le second procès, on appelle à la barre le docteur MacTaggart. Il commence par faire un exposé des méthodes de la balistique, puis présente les résultats des comparaisons qu'il a faites entre les trous de balles qui ont transpercé le crâne de la victime et une balle retrouvée lors de l'autopsie Mais le témoignage de l'armurier Haynes, qui a vendu le pistolet à l'abbé Delorme – un Bayard de calibre 25 –, est encore plus accablant. Il explique : «J'ai pris deux revolvers Bayard, du même calibre, et j'ai tiré sur une cible. J'ai remarqué que les balles ont causé des rayures visibles à l'œil nu. J'ai ensuite tiré avec le Bayard de Delorme. Il présente une strie distincte des rayures des autres revolvers. J'ai compris que cette strie a été causée par un défaut dans le canon. J'ai réalisé, pour le démontrer, une maquette.» L'armurier exhibe, en effet, une maquette en bois reproduisant cette balle avec, en blanc, les rayures laissées par les rainures du canon lors de la sortie. Un autre expert, le docteur Derome, directeur du Laboratoire de recherches médico-légales, apporte, à son tour, son témoignage. Il a utilisé la technique dite du «roulement de balle», qu'il a apprise à Paris. Il s'agit de rouler une balle sur du papier carbone pour imprimer l'empreinte des défectuosités et des rayures. On photographie le papier au moyen d'une projection oblique de lumière intense : on obtient ainsi une photographie qui met en évidence la moindre caractéristique. Au cours du troisième procès, le même docteur Derome expérimente une nouvelle méthode une nouvelle balistique : il a versé un mélange à base de soufre dans le canon de l'arme, et, quand il durcit, il a obtenu une reproduction fidèle des rayures du canon. On procède aussi à des analyses graphologiques, en comparant notamment un colis expédié au chef de police par le meurtrier et contenant la montre de la victime et des documents de Delorme : il s'agit, d'après les experts, de la même victime. En dépit de ces preuves accablantes, les jurés se prononcent contre la culpabilité de Delorme qui retrouve la liberté au cours de l'automne 1924. (à suivre...)