Résumé de la 1re partie n Après l'incendie de leur maison, Vernon Pick et sa femme décident d'acheter une roulotte et de partir à l'aventure... Il lui montre l'annonce. Elle a un sourire. — Eh bien, vas-y ! L'ennui, c'est que tu ne seras pas tout seul sur le coup. C'est la grande mode en ce moment, la recherche de l'uranium. — Je sais. C'est pour cela que je vais d'abord acheter des livres. — Quels livres ? — Des traités de géologie. Je n'ai pas pu faire des études, mais je sais que les minerais ne se trouvent pas n'importe où. Il y a des endroits où on a un maximum de chance de les découvrir. Et cela, c'est la géologie qui le dit. Pendant des semaines et des semaines, Vernon Pick dévore donc des manuels de géologie et il parvient à la conclusion que la pechblende, le minerai d'uranium, a les plus grandes chances de se trouver dans les gorges montagneuses de l'Utah. Malheureusement, c'est l'une des régions les plus difficiles d'accès des Etats-Unis et il n'est pas question d'y aller avec la roulotte. Ruth ne considère pas cela comme un obstacle. — Cela ne fait rien. Tu me laisseras quelque part pas trop loin et je t'attendrai. Ainsi est fait. Vernon Pick laisse sa femme dans la roulotte au bord du Grand Lac Salé, non loin de Salt Lake City, la capitale de l'Etat, et lui-même, avec son compteur Geiger en bandoulière, prend la direction des gorges montagneuses de l'Utah. Pour s'y rendre, il n'y a pas de chemin de fer, juste quelques bus qui ne passent pas tous les jours. Enfin, il parvient à la destination qu'il s'était fixée : Hanksville, une bourgade perdue dans les montagnes. Cet ancien village de trappeurs, comportant en tout et pour tout une trentaine de baraques en bois, avait été abandonné depuis des dizaines d'années, mais il a repris un peu d'animation avec les recherches d'uranium. Car Vernon Pick ne devait tout de même pas se faire trop d'illusions : il n'est pas le seul à lire les livres de géologie et il retrouve là-bas une dizaine d'autres prospecteurs. Tous sont logés à l'hôtel du vieux Billy, une grande bâtisse qui fait à la fois restaurant, épicerie et station-service. Ce dernier lui dit comme aux autres à son arrivée : — Ici, on paye une semaine d'avance et, le jour où on part prospecter, on règle sa note et on libère la chambre. Vernon Pick n'est pas découragé par cet accueil. Il fait connaissance avec le pays et les gens. Les autres prospecteurs sont assez distants, en raison de la concurrence, mais ils lui parlent tout de même. Ils sont là depuis plusieurs mois et ils n'ont rien trouvé. Ils ont l'habitude de partir pour quinze jours : une semaine d'exploration et une semaine pour rentrer. Vernon en conclut que, s'il veut avoir une chance, il doit aller plus loin. Il décide qu'il marchera pendant dix jours d'affilée avant de revenir. Et, le 29 septembre 1951, c'est le grand jour ! Un sac de trente kilos sur le dos, son compteur Geiger en bandoulière, Vernon Pick part chasser la pechblende. Il va droit devant lui, n'ayant pas de raison d'aller dans une direction plutôt que dans une autre. Régulièrement, il jette un œil à l'écran de son compteur, qui reste malheureusement fixé sur zéro. Bien qu'on soit déjà en automne, la chaleur est accablante. Dans ce paysage nu et ocre, le soleil se reflète d'une manière aveuglante et le terrain ne cesse de monter et de descendre, ce qui rend la progression très éprouvante. Pour se forcer à aller de l'avant, Vernon se tient sans cesse des discours à lui-même : «Si je marche une heure sans m'arrêter, j'aurai le droit de m'asseoir ou de boire un verre d'eau. Si je marche deux heures, je pourrai m'asseoir et boire en même temps. Alors il faut que je tienne deux heures... » (à suivre...)
