Dans le cadre de la seconde phase du projet de l'Histoire générale de l'Afrique (HGA) initié par l'Organisation des Nations unies pour la culture et l'éducation (Unesco), en 1964, une nouvelle étape a été franchie au mois de janvier dernier avec le lancement d'une série de 6 films documentaires d'environ une heure chacun. Les documentaires seront réalisés par la journaliste et productrice de la BBC, Zeinab Badawi, qui s'est engagée à faire découvrir au monde ce qu'elle appelle avec humour «le secret le mieux gardé de l'Unesco», a indiqué l'organisation onusienne sur son site web. Ainsi, le projet de l'Histoire générale de l'Afrique, un travail monumental qui a mobilisé plus de 350 historiens, sera bientôt traduit en images vidéo pour le faire connaître au grand public. Cette nouvelle phase audiovisuelle sur l'HGA va démarrer grâce à un partenariat établi en janvier 2015 entre l'Unesco, Kush Productions et l'OCP (Groupe phosphatier marocain). Pour marquer le lancement de la production de ces six documentaires, l'Unesco a organisé, le 10 février dernier à son siège, une rencontre, en présence de la Directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, et de Zeinab Badawi. Les officiels présents ont intervenu au cours de cette rencontre qui a aussi regroupé des partenaires du projet. Au cours des échanges, les participants ont tous reconnus l'importance cruciale de cette nouvelle initiative pour accompagner les efforts entrepris par l'Unesco dans la seconde phase de ce projet, qui consiste à développer des contenus pédagogiques communs pour les écoles primaires et secondaires et à élaborer un volume IX pour actualiser le contenu de la collection et analyser les nouveaux défis rencontrés aujourd'hui par l'Afrique et ses diasporas. Considérée comme l'une des plus importantes contributions à la connaissance de l'histoire du continent, l'HGA demeure paradoxalement encore largement méconnue des enseignants, des étudiants, des diasporas africaines et du grand public, même en Afrique. Pourtant, la collection de 8 volumes d'environ 1 000 pages chacun, résultat d'une coopération internationale exemplaire sur plus de 35 ans, n'était pas destinée à rester dans les rayons des bibliothèques ni dans les cartons. L'Unesco souligne que «ce travail scientifique qui relate l'histoire de l'Afrique depuis les origines de l'humanité aux lendemains des indépendances ne contribue pas seulement à déconstruire, de manière rigoureuse, les préjugés raciaux sur les Africains et les personnes d'ascendance africaine hérités de la traite négrière et de l'esclavage». Dès lors, «il offre pour la première fois une perspective africaine de cette histoire en utilisant des sources africaines authentiques telles les traditions orales et en s'appuyant aussi sur des sources non occidentales et notamment indiennes, turques, chinoises ainsi que sur les Ajami, archives écrites en alphabet arabe en langues africaines». L'espoir des responsables de l'Unesco est que face à l'intérêt particulier manifesté par les Etats membres lors des échanges, l'appel lancé par Mme Bokova pour soutenir financièrement ce projet ne restera pas sans réponse. Si les contenus élaborés sont intégrés dans les programmes de toutes les écoles africaines, comme les Chefs d'Etat africains se sont engagés à le faire, l'Afrique sera alors la première région du monde à construire son intégration régionale sur la base d'une histoire commune partagée. L'Histoire générale de l'Afrique (HGA) est un projet en deux temps entrepris par l'Unesco et qui se poursuit aujourd'hui. Durant sa 13e session, la Conférence générale de l'Unesco a appelé l'institution à entreprendre cette initiative suite au vif besoin ressenti par les Etats membres africains récemment indépendants de reconquérir leur identité culturelle, de remédier à l'ignorance généralisée sur le passé du continent africain et enfin de se libérer de la lecture coloniale de leur histoire. Lancée en 1964 et achevée en 1999, la «phase1» a abouti à la rédaction et à la publication de l'Histoire générale de l'Afrique en huit volumes, mettant en lumière l'héritage commun des peuples d'Afrique. La «phase2», commencée en 2009, se concentre sur l'élaboration et la rénovation de l'enseignement de l'histoire dans les pays membres de l'Union africaine (UA) et la mise en place de matériel pédagogique d'accompagnement destinés aux écoles primaires et secondaires sur la base des huit volumes de l'Histoire générale de l'Afrique. Elle a également pour but de promouvoir et d'harmoniser l'enseignement de cette collection dans les établissements supérieurs de tout le continent et de l'utiliser pour la révision des manuels scolaires en Afrique et à travers le monde. L'objectif de ces deux phases est de se réapproprier l'interprétation et l'écriture de l'histoire de l'Afrique et de mettre en lumière l'apport des cultures africaines passées et présentes dans l'histoire générale de l'humanité. S. B.