Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, est en France pour une visite officielle de trois jours. Il y est arrivé mardi. C'est une première depuis l'indépendance de l'Algérie. Une visite qui entre dans le cadre du renforcement des relations entre les deux pays, à la faveur du traité d'amitié signé en 2012 mais pas seulement. En effet, a indiqué le ministre, dimanche dernier, lors d'une conférence de presse à Alger, cette visite officielle d'un ministre des Moudjahidine en France a pour principal objectif d'assainir les dossiers en suspens relatifs aux archives, disparus algériens lors de la guerre de libération et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires. Pas question que l'Algérie renonce à sa revendication portant sur la récupération des archives, a affirmé, avec insistance, Tayeb Zitouni. L'accès aux archives est une revendication ancienne sur laquelle l'Algérie se montre intransigeante. Aussi, a-t-il souligné, les discussions entre les deux parties, algérienne et française, seront consacrées à la mémoire commune. Un devoir de mémoire à honorer pour un apaisement réel des relations entre les deux pays et les deux peuples. Hier, mercredi, le ministre algérien, accompagné de son homologue français, le secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, s'est rendu à Verdun, une terre française qui était le théâtre d'une bataille meurtrière dans laquelle étaient engagés des combattants algériens durant la Première Guerre mondiale. Ils se sont battus pour la France et y ont laissé leur vie. Près de 600 morts sur un ensemble de 20 000 qui ont participé à cette bataille. Le ministre algérien s'est recueilli à leur mémoire. «Jamais un ministre des Moudjahidine algérien n'est venu en France dans une visite officielle. C'est là le sens de l'apaisement de nos mémoires respectives», a affirmé, la veille, Jean-Marc Todeschini, dans une déclaration à la presse. Sur son compte Twitter, le ministre français écrivait : «Plaisir d'accueillir mon homologue, Tayeb Zitouni. C'est la première visite en France d'un ministre des Moudjahidine». De son côté, le ministre algérien, à l'issue de son premier entretien avec son homologue français, a affirmé que «l'Algérie et la France devraient traiter sérieusement et en toute responsabilité les dossiers liés à leur mémoire commune». Tayeb Zitouni affirme avoir constaté une «réaction positive» de la partie française et une «forte volonté affichée actuellement par l'Algérie et la France, à la faveur du Traité d'amitié». Le ministre algérien, au nom de l'Etat algérien, soutient que les deux pays «doivent accorder l'importance requise à la question de la mémoire, par le biais d'une lecture responsable… la négligence de la question de mémoire pourrait nuire à l'image des solides relations entre les deux pays». Pour en revenir aux sujets au menu des discussions entre les deux ministres, Tayeb Zitouni précisera qu'il s'agit donc des questions relatives à la récupération des archives, aux disparus algériens durant la guerre de libération et aux victimes des essais nucléaires français au Sahara. Pour ce qui est du premier point, «les deux parties ont convenu pour que la question des archives soit abordée lors de la prochaine réunion de la Commission intergouvernementale de haut niveau (CIHN), prévue en mars à Alger». Concernant les disparus et les essais nucléaires, «une commission mixte sera mise en place et devrait se réunir le 11 février prochain pour étudier la question des disparus et aborder l'indemnisation des victimes des essais nucléaires, sans oublier l'aspect environnemental». K. M.