Son élection est un remarquable signe du cosmopolitisme de Londres ville monde. La victoire «historique» de Sadiq Khan «illustre le visage tolérant de Londres», titrait le Financial Times. A l'étranger, la nouvelle a fait la Une des journaux pakistanais et les maires de plusieurs grandes villes ont félicité Khan. Le nouveau maire de Londres, Sadiq Khan, un travailliste devenu le premier édile musulman d'une grande capitale occidentale, a remercié ses électeurs d'avoir préféré «l'unité» à «la division» après une âpre campagne. Fils d'immigré pakistanais, Khan, 45 ans, a battu son principal rival, le conservateur juif Zac Goldsmith, 41 ans, fils du milliardaire Jimmy Goldsmith, avec 57% des suffrages. «Cette élection ne s'est pas passée sans polémiques et je suis fier de voir que Londres a choisi aujourd'hui l'espoir plutôt que la peur, l'unité plutôt que la division», a déclaré Khan après l'annonce des résultats sous les applaudissements de ses partisans. Khan avait fait l'objet d'attaques virulentes de la part du camp conservateur au cours de la campagne, y compris du Premier ministre David Cameron, qui l'avait accusé de liens avec des extrémistes. Cette stratégie s'est révélée contreproductive. Député de Tooting, un quartier populaire du sud de Londres, Khan succède ainsi à l'excentrique conservateur Boris Johnson. Ancien ministre, ancien avocat, père de deux filles, Khan a promis de répondre aux problèmes les plus patents de la capitale, dont la population a augmenté de 900 0000 habitants en huit ans pour atteindre 8,6 millions: logements inabordables, transports saturés et pollution. Mais le nouveau maire se revendique aussi «pro-business», et s'est engagé à défendre les intérêts de la City, en premier lieu en faisant campagne pour rester dans l'Union européenne. Dans un pays où la politique reste l'apanage d'une certaine élite, façonnée au moule d'Eton et des universités de Cambrige et Oxford, Khan disait il y a quelques mois encore, n'avoir «jamais imaginé» être choisi pour concourir à ce poste. Lui qui a fréquenté le lycée public de son quartier, pas franchement réputé, et l'université de North London. Il devient ainsi le troisième maire de Londres depuis la création de cette fonction en 2000. A ceux qui le voient désormais en position de briguer la tête du Labour et dans la foulée le poste de Premier ministre, il affirme ne pas avoir cette ambition. Maire de Londres, «c'est une fin en soi». Si tous les yeux étaient braqués sur la capitale britannique, d'autres scrutins locaux et régionaux se sont tenus dans tout le Royaume-Uni, véritable test pour le Labour, principal parti d'opposition au gouvernement Cameron. En Ecosse, le parti indépendantiste (SNP) s'est offert une victoire en demi-teinte en décrochant 63 sièges sur les 129 du Parlement régional, soit moins bien que les 69 obtenus en 2011. Ce léger recul pourrait refroidir les revendications indépendantistes du SNP, à moins que le Royaume-Uni ne vote pour une sortie de l'Union européenne lors du référendum sur cette question le 23 juin. Le Labour écossais perd 13 sièges, à 24 élus. Les travaillistes s'en sortent mieux au Pays de Galles, en décrochant 29 sièges sur 60, un résultat suffisant pour se maintenir au pouvoir. R. I.