Au Pérou, le prochain Président sera un descendant d'immigrants, à l'issue du second tour de l'élection aujourd'hui entre Keiko Fujimori et Pedro Pablo Kuczynski. La fille d'Alberto Fujimori, à la tête du pays entre 1990 et 2000, est à 41 ans favorite du scrutin, créditée de 50,3 à 52,1% d'intentions de vote contre 47,9 à 49,7% pour son rival. Au Pérou, le prochain Président sera un descendant d'immigrants, à l'issue du second tour de l'élection aujourd'hui entre Keiko Fujimori et Pedro Pablo Kuczynski. La fille d'Alberto Fujimori, à la tête du pays entre 1990 et 2000, est à 41 ans favorite du scrutin, créditée de 50,3 à 52,1% d'intentions de vote contre 47,9 à 49,7% pour son rival. Mais l'ombre de l'ex-chef de l'Etat, qui purge 25 ans de prison pour avoir commandité deux massacres perpétrés par un escadron de la mort en 1991-1992 dans le cadre de la lutte contre le Sentier lumineux, plane toujours sur la trajectoire de celle qui pourrait être la première femme présidente du pays. Pour le meilleur et pour le pire. Car dans ce pays comptant la deuxième communauté japonaise la plus importante d'Amérique latine (après le Brésil), le nom Fujimori est encore synonyme d'autorité et de bien-être économique dans une partie de l'électorat qui a placé Keiko - comme on l'appelle communément dans le pays - largement en tête du premier tour, le 10 avril. Depuis des années, l'aînée de la fratrie Fujimori, dont les grands-parents avaient émigré au Pérou, s'est efforcée de laver l'honneur de sa famille, entaché par des affaires de corruption et de détournement de fonds. Mal lui en a pris lors de la dernière présidentielle de 2011, lorsqu'elle revendiquait l'héritage paternel, clamait son innocence et promettait, une fois élue, de gracier son père. Elle fut battue par l'actuel président, Ollanta Humala. Entretemps, cette mère de deux filles mariée à un Italo-américain a su tirer les leçons du passé. Après avoir reconnu des «erreurs» commises par son père, comme la stérilisation forcée pour contrôler les naissances, elle s'est engagée «au respect de l'ordre démocratique et des droits de l'homme». Réputée froide et impénétrable, elle a tenté d'adoucir son image en parcourant le pays durant cette campagne, n'hésitant pas à danser et sautiller tout sourire sur les estrades des meetings. Son adversaire, surnommé PPK, est un économiste de 77 ans, ex-banquier de Wall Street qui a également travaillé à la Banque mondiale. De père allemand qui a fui le nazisme et de mère franco-suisse, ce cousin du réalisateur Jean-Luc Godard est un vieux routard de la politique : il a occupé le poste de Premier ministre et était lui aussi candidat à l'élection présidentielle en 2011. Ancien ministre de l'Energie dans les années 1980 puis de l'Economie sous la présidence d'Alejandro Toledo (2001-2006), ce candidat de centre-droit est favorable au libre marché, mais veut baisser les impôts pour relancer l'économie et combiner investissements publics et privés afin de créer trois millions d'emplois. «Je ne suis pas un homme politique, je suis un économiste qui veut faire quelque chose pour son pays», assure ce concertiste de flute traversière qui a étudié au Royal College of Music de Londres, à Oxford et Princeton. Mais Kuczynski devra se défaire de son image de «gringo» élitiste, comme on le qualifie, lui qui a renoncé à la nationalité américaine, s'il veut se rapprocher des Péruviens les plus pauvres qui le connaissent peu.