La corruption a métastasé et touche tous les organes de l'Etat. Cette triste réalité a amené les pouvoirs publics à multiplier les institutions de lutte et renforcer le cadre juridique pour neutraliser corrupteurs et corrompus. Des brigades et des départements spécialisés dans le renseignement financier et les investigations ont également été créés au sein de la gendarmerie et de la police dont la Direction du renseignement et de la sécurité (DRS). Depuis jeudi dernier, un nouvel outil s'est ajouté à l'arsenal avec l'installation par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, du président et membres de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (Onplcc). La mise en place de cet organe est prévue par la Constitution qui lui accorde l'indépendance administrative (il est placé sous l'autorité directe du Président) et l'autonomie financière. De plus, les membres et fonctionnaires de l'Onplcc seront mis à l'abri de toute forme de pression, intimidation, menaces, outrages, injures ou attaques de quelle que nature que ce soit. Quant à la mission de cette nouvelle institution, elle aura la charge de contribuer à l'élaboration d'une politique globale de prévention de la corruption, voire en proposer une, relever les insuffisances liées à la lutte contre la corruption et, le cas échéant, formuler des recommandations pour pallier aux déficiences constatées. On ne peut que se féliciter de l'entrée en fonction du nouvel outil. Mais ce n'est pas une fin en soi, loin s'en faut. Les corrupteurs et les corrompus s'entoureront de plus de précautions pour éviter tous les radars déployés et échapper à tous les mécanismes mis en place pour les piéger. Ce sont des hommes de l'ombre qui traitent leurs affaires à l'abri de tous les regards et sans témoins. La corruption est une pratique du monde des affaires souterrain, c'est d'ailleurs de là qu'elle tire sa force et sa capacité de nuisance. Aussi, l'éradication de ce fléau devra-t-elle commencer par celle de toutes les activités de l'économie souterraine qui passe par l'imposition de la traçabilité de tous les mouvements de fonds. Et pour débusquer les corrompus qui sont tapis dans les rouages de l'administration et de l'Etat, il suffira de traquer de la manière la plus fine et rigoureuse les signes d'enrichissement. Evidemment, le couperet devra tomber de la manière la plus tranchante, quel que soit le statut et la fonction du criminel. C'est à ce prix, et ce prix seulement, qu'on pourra, si ce n'est extirper, réduire du moins, la corruption qui, en l'absence d'un remède, ne peut que s'étendre. Elle a déjà commencé à le faire. H. G.