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De l'œil de Moscou à la main du Kremlin
Petite variation sur l'air de notre temps
Publié dans La Tribune le 18 - 04 - 2017

Au début était le black-out. 68 enfants morts sur 120 victimes chiites, 50% de victimes de plus que pour «l'épisode chimique» de Khan Cheïkhoun, cela ne mérite ni le buzz ni même un regard de Boris Johnson ou Trump.
Au début était le black-out. 68 enfants morts sur 120 victimes chiites, 50% de victimes de plus que pour «l'épisode chimique» de Khan Cheïkhoun, cela ne mérite ni le buzz ni même un regard de Boris Johnson ou Trump.
Les faits patents et apparents
Le Qatar et le gouvernement syrien décident de réaliser enfin totalement, un accord déjà ancien, mais jamais appliqué complètement. Il s'agit d'achever l'évacuation simultanée des terroristes et leurs familles encerclés à Zabadani et Madaya, situées entre au nord-ouest Damas vers le Liban en échange de l'évacuation des chiites habitants les deux localités de Foua et Kefraya, assiégées depuis trois ans, et situées à Idleb, gouvernorat du nord-ouest frontalier de la Turquie et sous contrôle terroriste.
Peu de gens en Occident connaissaient la réalité des sièges imposés par les terroristes et imputaient systématiquement cette forme de guerre et cette tactique à la seule armée syrienne ? Les stratèges qui les ont inventées énoncent sans complexe et publiquement dans leurs textes que l'aspect le plus important des guerres de nouvelle génération est d'abord la guerre de l'information.
Un échange pénible et difficile a déjà eu lieu pour évacuer des blessés, des malades et quelques dizaines d'enfants, de femmes et de vieillards en application de certains points de l'accord d'évacuation des terroristes de l'est d'Alep parrainé par la Russie et la Syrie.
L'intérêt pour le Qatar, et donc la Turquie, d'achever l'application de cet accord en ces temps de recomposition sur le terrain ? Amasser le plus de forces militaires liées au Qatar et la Turquie dans la région d'Idleb, pour empêcher sa reconquête par l'armée syrienne et en faire une carte décisive pour les négociations. A l'ouest de la future région Kurde parrainée par les USA, au-delà de la rive Est de l'Euphrate, le Qatar et la Turquie auront donc une puissante présence militaire au nord et à l'ouest d'Alep, une zone sunnite dominée par les groupes turkmènes et frères-musulmans. Pour l'armée syrienne, le gain évident est d'éloigner une menace potentielle sur la périphérie de Damas et de libérer le contingent qui assurait le siège pour d'autres urgences militaires. Chaque parrain de l'accord trouvait son compte.
C'est pendant cet échange qu'a eu lieu l'attentat. Le procédé est particulièrement honteux. Un véhicule se présente comme chargé de nourriture, dont des paquets de chips. Les évacués de Foua et Kefraya ont particulièrement souffert du transfert. Les combattants loyaux à leur Etat ont été désarmés par les milices terroristes malgré l'accord qui autorisait le port d'armes légères par les combattants. Les déplacés n'ont pas mangé depuis plusieurs jours. Bref, vous voyez dans quel état sont les déplacés chiites. Les enfants sont les premiers à se précipiter vers la nourriture, ils seront nombreux à mourir. Bien plus nombreux qu'à Khan Cheïkhoun.
La presse occidentale n'en fait pas mention, mais plus de 24 heures après l'horreur et le buzz sur les chaînes arabes dont El Jazeera - et pour cause ! - le bilan et l'ampleur de l'attentat obligeront quand même la presse occidentale à en parler.
Dans une sorte de zone grise où se déploie l'ingéniosité des suggestions grossières dirigeant le regard des usagers des médias vers… le «régime». Certains médias suggèrent que la camionnette vient de la zone contrôlée par le gouvernement syrien mais la palme revient, bien-sûr, au journal Le Monde qui parle plus de l'action de «secours» des «Casques Blancs» que de la réalité de l'opération elle-même. A défaut de pouvoir taper sur le «régime» ennemi, on loue l'humanisme de ses adversaires. Au bout de quelques mois de matraquage, de propagande et de formatage médiatiques, la présence des casques Blancs au secours des blessés, c'est forcément, un attentat du «régime».
Les gouvernements français et allemands murmureront, mais alors au sens de murmurer, une condamnation de l'attentat en demandant le jugement des auteurs. L'ONU, tenez-vous bien, condamnera après dans un inaudible murmure.
Les héros de cette affaire, c'est les Casques Blancs, c'est le soin apporté à la bonne image des «opposants», des «rebelles», des «modérés». Rien, d'aucune façon ne doit écorner la narrative d'un combat biblique entre le Bien et le Mal, et donc laisser supposer que le Mal n'est pas toujours et forcément du côté du Satan Assad.
Pensée et narrative religieuse ? Oui, bien sûr, la lutte entre le Bien et le Mal, c'est bien une lutte entre forces surnaturelles, morales, immatérielles ? Une lutte des valeurs, diraient les socialistes français. Une lutte pour le triomphe des normes, les leurs évidemment et vous n'êtes même pas en droit d'interroger leurs origines, leur validité, leur légitimé première sur vos propres normes si même l'Occident considère que vous en avez.
Les faits cachés ou délibérément occultés
Immédiatement après l'attentat, le terme instantanément est plus approprié, le gouvernement syrien annonce deux décisions. Il ordonne à l'armée syrienne de protéger les miliciens terroristes et leurs familles contre toute tentative de vengeance à Madaya ou Zabadani. Il appelle à poursuivre l'évacuation.
Les prolixes analystes des médias du Proche Orient ont émis les hypothèses les plus plausibles qui expliqueraient cette tuerie. Elles ne sont pas nombreuses.
La première suppose qu'il s'agit d'une réaction de colère d'une de ces nombreuses organisations «modérées» exclue de la petite manne de trente-cinq millions de dollars offerte par le Qatar à la déclinaison d'El Nosra.
Car le Qatar a payé pour cette opération, lui permettant de regrouper ses troupes fréristes. Trente-cinq millions de dollars dont ne parlera jamais Le Monde, ni Hollande.
Cherchez l'erreur mais ne perdez pas de vue qu'il a une deuxième hypothèse : l'attentat a été préparé et commis par un groupe salafiste lié à l'Arabie saoudite mécontente d'être exclue du grand jeu qui mijote au nord de la Syrie. D'où l'insistance de la Russie, de l'Iran et de la Syrie d'une réunion urgente du Conseil de sécurité et d'une enquête qui dévoilerait non seulement les exécutants mais surtout les commanditaires.
L'alliance avec la Turquie permet au Qatar de revenir dans les équations syriennes et la rencontre Tillerson-Poutine ne présage rien de bon pour les Saoudiens.
La main du Kremlin
La présidente du Parlement russe, en visite actuellement en Arabie saoudite, vient de réaffirmer aux Saoudiens que la Russie ne soutient pas particulièrement El Assad mais s'oppose à tout changement de régime de l'extérieur. C'est une fin de non-recevoir directe et définitive aux espèces de marchandages proposés par les Saoudiens : «Vous lâchez El Assad et vous aurez des milliards d'investissements».
C'est à peu près le même propos qu'a tenu, de nouveau Boris Johnston : «Lâchez Assad et vous ne serez plus isolés». Johnston ne promet pas d'argent mais une place honorifique dans la «communauté internationale».
Tillerson devait tenir une variante de ce discours à Lavrov : «On reconnaît que vous êtes un pays fort, nous sommes bien plus fort que vous. La preuve ? Les missiles. Lâchez Assad, écartez-vous de toute confrontation militaire, laissez les régions en l'état sous une gouvernance des groupes. Vous ne serez plus isolés et vous aurez même un strapontin dans la région : votre base de Tartous en pays alaouite.»
Poutine ne devait pas recevoir Tillerson. Il ne l'a reçu, que parce que les deux parties sont parvenues à un accord. Les Russes se sont évertués à nous le signaler par le creux : leurs forces aérospatiales ne s'opposeront pas aux attaques américaines contre la Syrie et Poutine est prêt à revenir à l'accord de prévention des incidents aériens.
Bref, les Russes nous informent à leur manière que les deux parties se sont engagées à éviter un conflit direct en les deux puissances qui nous mènerait tout aussi directement à un conflit nucléaire. En maintenant la suspension de l'accord de prévention des incidents aériens, la Russie se réserve tous les droits d'autodéfense de ses bases et de ses avions. En fournissant les systèmes S300, elle offre à la Syrie les moyens de sa protection et en lui livrant de nouveaux équipements militaires elle rééquilibre les forces en présence.
Alors que s'est-il passé selon ces fuites russes ? Les deux grandes puissances sont tombées d'accord pour confiner la guerre faite à la Syrie dans un cadre purement tactique, n'engageant que des forces proxy, et jamais leurs propres troupes.
Erdogan l'a parfaitement compris qui après avoir applaudi les frappes US a téléphoné à Poutine ne cherche plus qu'à renforcer sa propre présence et ses propres atouts en Syrie. Renforcer les groupes terroristes fréristes, turkmènes ou ASL dans le nord-syrien devient une urgence pour lui, pour peser dans les processus futurs. Après l'avoir abandonné, il revient au format des négociations d'Astana.
L'Arabie saoudite a-t-elle bien interprété la rencontre Tillerson-Poutine ? Je crois qu'elle a plutôt compris. Mais elle ne possède aucun atout en dehors d'une espèce d'antijeu, d'entretien du désordre dans son propre camp et pour ses rivalités infantiles avec le Qatar.
Russes, Iraniens et Syriens ont bien travaillé à éviter les escalades dangereuses pour eux mais surtout pour toute l'humanité car une guerre nucléaire était possible et même très possible.
Il leur faudra se battre à l'intérieur de ce confinement tactique qui leur ouvre des possibilités infiniment plus grandes que pour leurs adversaires
Le jeu dans le nouveau cadre
Il faut bien sûr revenir aux faits pour comprendre ces possibilités. Que se passe-t-il sur le terrain dans ce pays martyr ?
Au sud, sur les frontières jordaniennes, les forces spéciales anglaises et américaines ont pénétré sur le sol syrien. Elles encadrent une nouvelle armée, bien équipée pour officiellement combattre Daesh mais pour créer une zone libérée dans le sud syrien comme projetée au Nord avec un Kurdistan autonome ou indépendant. Cette armée serait mieux préparée que le contingent qui s'est fait hacher menu à Boukamel, il y a quelques mois. Les Jordaniens et les Israéliens draguent en vain le Druzes de cette région pour les détacher de la Syrie et leur promettre un Etat protégé par la puissance sioniste.
Il n'y a plus de doute pour personne, que sur le terrain et dans les faits, les zones d'influence ou les nouveaux cantons sont presque définitivement formés.
Qui gagné quoi dans cette configuration ?
Les USA ont gagné un futur Kurdistan syrien moins ambitieux territorialement que ce qu'espéraient les kurdes, mais c'est le prix à payer à un consentement turc, tant que ce Kurdistan se forme au-delà de la rive est de l'Euphrate en attendant qu'Erdogan trouve la parade.
La Turquie, avec le Qatar, a gagné la région d'Idlib, au sud-ouest d'Alep où se sont concentrés El Nosra, les Frères musulmans et quelques groupes salafistes liés à l'Arabie saoudite. Elle gagne en outre, El Bab au nord-ouest d'Alep et Erdogan vient de réaffirmer sa volonté de prendre Manbij. L'Etat syrien vient de s'assurer une continuité territoriale qui englobe les plus grandes villes et une espèce de Syrie utile.
Quels sont les territoires disputés ? Le désert syrien qui va de Palmyre vers le désert irakien et au-delà vers l'Iran.
Trump est obligé de revenir au plan Obama qui consistait à pousser Daesh hors de Raqqa pour prendre possession de Deïr Ez-Zor et couper l'axe chiite. Il l'a compris et a remis les clés de la conduite militaires aux généraux. Ils peuvent décider seuls de la conduite de la guerre et donc exécuter les plans élaborés avec Obama.
C'est ce qu'a compris également Thomas Friedman, triple lauréat du prix Pulitzer, et éditorialiste du New York Times quand il conseille à Trump d'utiliser Daesh contre El Assad.
En 2014-2015 les USA ont cru Daesh tout près de réussir cette tâche et de la prise de Damas. Déjà leurs maîtres-éditorialistes se préparaient à nous expliquer que Daesh est une réalité et qu'il faut faire avec et que passé l'époque de la conquête, il cessera ses actes de cruautés justifiés par ses besoins de «choc et de terreur».
Ce que l'Arabie saoudite a perdu dans cette affaire de Tomahawks, c'est ce que Hollande a perdu.
Trump a tapé sur la table et rappelé tout le monde à l'ordre. Les USA sont l'hyper puissance, tous doivent accepter ses priorités, ses ordres et payer sa protection.
Non, vraiment, Merkel et Hollande n'ont pas beaucoup gagné au Trump revenu à la raison. Hollande n'a rien gagné du tout.
Même sa participation à un bombardement de la Syrie ne lui ramènera plus rien. D'abord personne ne l'a sonné. Ensuite, toutes les places sont prises, l'Angleterre a occupé tous les strapontins, sauf un proposé à la Russie, et sous haute surveillance les si stratégiques coulisses.
M. B


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