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Les multiples facettes de Sidi Bel Abbès
Nature, jeunesse, ennui et fléaux sociaux
Publié dans La Tribune le 11 - 06 - 2009


Reportage de Wafia Sifouane
Arrivée à l'aéroport Es Senia d'Oran après un vol tumultueux à bord d'un avion de la compagnie air Algérie. Une chaleur suffocante et un monde fou à l'aérogare d'Oran. Il nous a fallu quarante-cinq minutes de route pour nous rendre à Sidi Bel Abbès, la capitale de la Mekerra. Berceau de plusieurs artistes algériens, de Ourad Boumediene à Raina rai en passant par les chanteurs de berwali. Mais la ville a aussi sa petite renommée sulfureuse et est également réputée par l'insécurité de certains de ses quartiers où les maisons de rendez-vous prolifèrent. Des faits qui n'enchantent pas trop les gens de la région, bien décidés d'enterrer cette épopée d'idées reçues sur une ville qu'ont surnommait dans le passé «le Petit Paris». La grosse cylindrée a vite avalé la distance qui séparait les deux villes avant de déboucher sur la place Carnot, le cœur battant de la ville. En effet, la ville se compose de nombreux quartiers spécifiques révélant, par ricochet, leur appartenance sociale et économique. La place Carnot peut bel et bien se prévaloir d'être le terrain le plus neutre. Il est 20h. A cette heure-ci, les ruelles sont désertes. Les magasins ont baissé rideau. Seuls quelques retardataires tentent, tant bien que mal, de rejoindre leurs domiciles avant que la nuit n'enveloppe totalement la ville. Les seuls lieux vivants de la ville se limitent aux quartiers malfamés et leurs fidèles, les brasseries et, exceptionnellement, le théâtre régional. Ce dernier, qui a accueilli la 3ème édition du Festival professionnel a suscité un large engouement du public assoiffé d'activités culturelles. A l'hôtel Palace, qui n'a de palace que le nom, les douches et sanitaires sont collectifs.
Les chambres sont étroites, mal aérées et, cerise sur le gâteau, des draps souillés. Un état de lieux désastreux qui pousse les organisateurs à loger les journalistes dans une petite maison située à 15 minutes de route de la place Carnot. Après une petite nuit de sommeil, nous pouvons, enfin, découvrir enfin cette belle région très caractéristique par ses maison coloniales et autres petites villas bien cossues.
Les cafés sont exclusivement le domaine des hommes. Pour les femmes de passage, les stations d'essence offrent du café et des rafraîchissants. Dans l'un de ceux-ci, de style mauresque, il y a, ce jour, une foule nombreuse. Des hommes, pour la plupart, des travailleurs, prennent leur petit déjeuner sur le pouce.
La majorité des présents ont les yeux rivés sur l'écran télé plasma qui diffuse le programme de la chaine qatarie Al Djazeera. Nous aurions aimé voir autre chose, d'un peu plus gai de bon matin mais les souhaits de la majorité l'emportent, justifie le serveur. Le service est trop long. Les commandes sont enfin servies. Des viennoiseries de forme bizarroïdes et un café trop fort. Les gens parlent peu. Ils donnent l'impression de mener une vie paisible.
Le lac et le mont Attouche, sanctuaires de paix
Une belle journée s'annonce. Une chaleur hors saison incite les organisateurs du festival du théâtre à concocter un pique-nique au bord du lac. Le paysage y est féerique. De l'eau douce à profusion. Les rayons de soleil miroitent sur l'eau. Quelques oies y glissent sereinement. Les promeneurs sont peu nombreux en ce jour de semaine. Une dizaine de véhicules sont stationnés au bord de la route. Des familles pour la plupart. Certains bambins se jettent à l'eau. Un troupeau de moutons et de chèvres traversent les lieux, rompant, l'espace d'un instant, le silence et la magie des lieux avant que le calme ne se réinstalle. La seule fausse note demeure l'amoncellement de détritus sur les berges. Il n'en demeure pas moins que du lac constitue un énorme potentiel pour la région. Un lieu qui permet aux autochtones de savourer, de temps à autre, de petits moments de communion avec la nature à l'état brut. Une jeune maman, accompagnée de sa petite fille, affirmera : «Cela me relaxe de venir ici avec ma famille, et comme vous le constatez la sécurité y est assurée». Deux heures à se prélasser sous l'ombre d'un arbre en jetant de petits cailloux dans l'eau. Sont-ce les uniques moments de paix de la journée ? Qu'importe, ces instants de quiétude constituent des moments d'apaisement inestimables.
L'un de nos compagnons proposera rapidement de nous guider vers un autre lieu tout autant féerique. «Et si l'on escaladait mont Attouche ? L'air y est pur là-bas et je ne vous dirais pas à quel point le paysage est sublime». Un oui à l'unisson fuse des bouches des présents. La grosse cylindrée entame alors la direction du mont Attouche. Probablement le point le plus élevé de la wilaya de Sidi Bel Abbès. La route s'avère longue, mais la verdure qui couvre les deux côtés du chemin n'est pas des moindres consolations. De grands espaces agricoles où broutent quelques vaches s'offrent aux yeux des badauds. Trois ou quatre bergers adossés à un arbre surveillent malicieusement leur bétail. La route plate et linéaire cède la place à un chemin escarpé et sinueux. A quelques kilomètres du sommet du mont Attouche, là où se trouve le siège de la télévision et de la radio régionales, des gendarmes nous apostrophent. Ils nous exhortent à laisser au poste de contrôle nos pièces d'identité avant de nous céder le passage. Dès que nous mettons pied à terre, nous remarquons l'existence d'un grand établissement. Il s'agit en effet du centre de prise en charge des enfants atteints d'insuffisance respiratoire. Un endroit propice offrant un climat adéquat à ces gamins malchanceux. Ils peuvent vraisemblablement y séjourner sans de grands soucis de santé. Un berger somnole à l'ombre d'un arbre alors que ses quelques vaches se dispersent. On prend place dans un petit coin. La vue est saisissante. On peut distinguer au loin le petit village situé au pied de la montagne. Tessala, car c'est de ce village qu'il s'agit, est couvert de vastes espaces verdoyants. La température tend à la baisse et l'air devient de plus en plus frais et pur. Le temps de se changer les idées et respirer un grand bol d'air avant de rebrousser chemin et de retourner en ville. On aura plus tard le loisir de visiter le centre hospitalier et assister à un spectacle de contes pour enfants.
«La Corée», le dark side
Il est 16 h. Retour au centre-ville. Le salon Maghreb, l'endroit plus ou moins branché de la ville situé face au Théâtre régional de Sidi Bel Abbès. Un lieu bondé de clients. Essentiellement des jeunes qui prennent le temps de goûter en contemplant l'entrée du théâtre assaillie par le public. Après deux représentations théâtrales, les gens rejoignent rapidement leurs domiciles. Le soir, il est déconseillé de traîner dans les rues obscures. On ne cessera pas d'évoquer le nom d'un quartier surnommé «la Corée». L'entrée de ce bourg se situe face à la cité universitaire de jenes filles. Un endroit où il ne convient guère de se faire remarquer. Tous les bars sont ouverts. Quelques personnes enivrées sont assises au bord du trottoir. Un groupe de femmes en quête de portefeuilles garnis sont à l'affût de quelques potentiels clients. Notre chauffeur, se presse de quitter les lieux affirmant que ceux-ci sont infréquentables. «Il y a un grand risque de se faire agresser par ici. Je me souviens, étant enfant, que je suis venu ici à vélo. On m'a menacé avec un couteau et mes agresseurs m'ont volé mon VTT. Je garde un très mauvais souvenir de ce quartier», raconte-t-il. Son ami, assis sur le siège passager, renchérit : «Ici tout est permis. Même les autorités ne se montrent pas dans les parages et les filles de joie ‘‘travaillent'' en toute tranquillité. Il y a aussi le commerce de l'alcool», dira-t-il en désignant de l'index trois superettes spécialisées dans la vente de boissons alcoolisées à emporter. Une visite express mais très révélatrice. Des femmes qui exercent le plus vieux métier du monde dans des conditions de protection minimes et face à une totale insécurité. Un lieu miteux où tous les genres humains se rencontrent en quête d'un moment d'évasion et de plaisir. L'ambiance dans ce village ne diffère pas, de jour comme nuit. Le même sentiment d'insécurité et de laisser-aller pèse sur l'agglomération. Une vraie jungle où celui qui se perd ne pourra que s'en vouloir et ne trouvera d'autre coupable que sa propre personne. Un groupe d'adolescents traînent à travers ces ruelles en embêtant les filles de joie qui font le guet à l'entrée de leurs maisons. Aussi, on apprendra que ces femmes se vendent à des sommes plus que modiques. Certaines ne demandent pas plus qu'un billet de 100 DA.
Ennui et oisiveté des jeunes
Changement de destination, changement de décor. Une virée dans les nouvelles cités de la ville. Ces dernières affichent d'emblée de nombreux jeunes adossés aux murs. Des enfants courent dans tous les sens dans un décor hideux. «Il fut un temps où chaque jour amène son lot d'agressions, de bagarres. Mais maintenant tout est rentré dans l'ordre. La situation s'est nettement améliorée», dira le conducteur. Ces rassemblements juvéniles à tous les coins des rues de la ville révèlent un monstrueux manque d'activité récréative dans la région. Mohamed, un jeune homme de 23 ans dira : «Mis à part les cybercafés et les salles de jeux, nous n'avons nul part où aller. S'agissant des formations elles ne sont que temporaires». A ses côtés, un autre jeune homme habillé en rappeur nous soulèvera le même problème. «On n'a pas de lieux où l'on peut s'amuser. L'unique moyen pour se distraire la nuit reste de prendre la route vers Oran», conclut-il.
En dehors des grandes festivités, les beaux paysages naturels, le nombre important d'universités, la présence d'un théâtre régional et de divers espaces culturels, à l'instar des salles de cinéma, salles de spectacle et la maison de la culture. Quant à la gent féminine, la majorité des jeunes filles de la ville ont tourné le dos à diverses choses afin de se consacrer à leurs études.
«Chez nous il n'y a pas grand-chose à faire pour une fille. Le diplôme d'études supérieures est notre seule bouée de sauvetage. Aussi, des espaces de détente familiaux ou des centres de loisirs n'existent pas», dira Karima, 21 ans rencontrée à la sortie de la cité universitaire qui ajoute : «Il fait trop chaud aujourd'hui, attendez que l'été arrive, la saison est un enfer».
Quelques minutes plus tard, une scène étrange viendra troubler le décor studieux de cet établissement. Un duo de jeunes filles, coquettement habillées, font de l'auto-stop. A la vue des jeunes filles, le chauffeur d'un véhicule luxueux ne se fera pas prier pour les faire monter à bord. Consciente de ce qui se passe autour d'elle, Karima rapplique. «Ne soyez pas choqués, c'est normal, ce ne sont pas des filles de la région mais, heureusement, elles ne sont pas toutes identiques». En effet, la wilaya de Sidi Bel Abbès, malgré son dévouement pour les arts et la culture souffre d'une grande lacune en matière de loisirs pour les jeunes. De grands efforts ont été consentis en matière d'éducation et d'enseignement, à l'instar des autres régions du pays. Mais elle est loin d'offrir l'espace idéal pour sa jeunesse qui ne cherche qu'à se défouler. Pour l'instant certains font les bons choix alors que d'autres se lancent sur les chemins dangereux de la délinquance.
W. S.
Le centre de prise en charge des enfants atteints d'insuffisances respiratoires
Situé au sommet du mont Attouche, cet établissement de santé de trois étages accueille un nombre important d'enfants défavorisés atteint d'insuffisance respiratoire aiguë. Ces enfants bénéficient d'une scolarité au même titre que les autres écoliers du cycle fondamental. Cela grâce à la volonté de leurs enseignants dévoués. L'un des médecins traitant nous dira : «Ces enfants ne suivent aucun traitement ; nous leur offrons seulement les soins d'urgence en cas de crise d'asthme. Mais le climat est idéal pour eux. Nous leur apportons également une aide psychologique car cette maladie est souvent aggravée par des troubles psychiques liés aux maladies chroniques. Fouzi, 5 ans, Feriel, 8 ans, profitent du bien-être offert par le centre. Feriel dira : «Cela fait 2 ans que je suis ici, et je me sens de mieux en mieux. J'ai plein d'amies ici et nous avons beaucoup d'activités, notamment des promenades et des travaux manuels».
La bibliothèque paroles et écritures
Joliment décorée, cette petite bibliothèque, créée par l'association qui porte le même nom, constitue une véritable mine d'or pour la région. Ses adhérents bénéficient d'une large gamme d'ouvrages parascolaires et autres titres. Elle abrite aussi une salle multimédia avec trois micro-ordinateurs mis à la disposition des visiteurs. Elle s'est distinguée des autres établissements similaires par son programme d'animation qui comporte des dizaines d'activités annuelles. La directrice, Madame Khalida Taleb, nous dira : «Nous comptons actuellement plus d'une centaine d'inscrits, mais l'accès libre pour tout le monde». Le programme englobe annuellement des ateliers de travaux pratiques pour les enfants, des formations théâtrales et cinématographiques, des projections de films, des journées thématiques, la célébration de fêtes traditionnelles. Et cela pour le grand bonheur des jeunes. «Nous tentons de créer de l'activité au sein de notre communauté et pour réaliser cela en faisant appel à l'aide de plusieurs partenaires», nous dira la directrice.


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