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Résultats absurdes du wahhabisme
L'interdiction d'une raison sociale en est un exemple
Publié dans La Tribune le 01 - 10 - 2009

Par Internet, un universitaire émirati a envoyé à Z. A., enseignant en sociologie et spécialiste des questions religieuses, la photocopie d'un article paru dans un grand titre de la presse arabe. Les intellectuels arabes s'échangent des informations et des données auxquelles ont rarement accès les francophones, échanges dont, souvent, ils n'ont pas idée. Le papier rapportait avec un sens acéré de la dérision la mésaventure d'un sujet du royaume d'Arabie saoudite. L'auteur est le patron d'une boîte de communication –aujourd'hui on dit boîte pour une entreprise de communication. Il dépose auprès des services
du ministère du Commerce une demande de brevet pour une innovation dans l'usage d'Internet. Il lui donne pour raison sociale un titre adéquat, celui
de recherche. La traduction anglaise de cette raison sociale donne : «explorer». Tout projet de ce genre dans le grand royaume saoudien passe par «Dar el Ifta» et passe à l'examen de ses structures concernées. Il reçoit finalement une réponse négative de ces services du ministère du Commerce.
La «Commission du commandement du bien et de la lutte contre le mal» -je traduis peut-être mal l'intitulé mais le sens y est– rejette la proposition de l'investisseur au motif que le mot explorer contient la lettre «x» qui peut agir en tant que symbole de la croix –de la croix des chrétiens-, que symbole chrétien.
La lettre «x» à travers son apparente innocence de signe phonétique agirait sur le cerveau des Saoudiens appelés à lire la raison sociale –explorer– et
pourrait miner leur foi et les mener inconsciemment –à Dieu ne plaise- vers la conversion au christianisme ou au moins vers une certaine sympathie à l'endroit de cette religion. Je vous avoue que, dans ma lecture du papier, j'ai pensé plus vite que l'éclair que le rejet pour présence de la lettre «x» avait à voir avec la pornographie. Je suis resté assis en découvrant le vrai motif : le risque d'un prosélytisme subliminal. Je ne sais pas comment vous auriez réagi. Ma réaction personnelle naviguait de l'ahurissement à l'incrédulité. Le concerné prit sa plume pour remercier vivement ladite commission de l'avoir éclairé sur une erreur aussi grave qu'involontaire : saper la foi de ses concitoyens. Il avait pour son salut été sauvé d'un grave péché bien que ne voyant pas très bien l'enregistrement d'une raison sociale avec la mission de surveillance de ladite commission. Avec les infinies précautions et signes de respect qu'on prend pour s'adresser à une assemblée de savants aussi illustres et prémunis contre l'erreur, il leur fit une proposition qu'il qualifie de «modeste contribution» à un éventuel futur ordre du jour. Il note que si la lettre «x» d'explorer ressemble au signe chrétien de la croix et pouvait intoxiquer ses clients, les signes «+» de l'addition et le signe «x» de la multiplication peuvent agir de la même façon. Il note que par inadvertance ces signes polluent tous les jours l'espace mental de tous les chérubins du royaume qui se rendent à l'école. Diantre ! Le feu est dans la demeure ! Et depuis si longtemps !
L'école saoudienne, elle-même, se faisait le vecteur d'un si dangereux message subliminal. Je ne sais -et le sujet saoudien non plus– si l'honorable commission et ses illustres membres auront le temps de se pencher sur la question –le diable prend des formes et emprunte des moyens si surprenants comme ce fameux «x»–et ne pensez au «x» des télévisions occidentales mais le monde arabe –que dis-je– le monde musulman tout entier devrait se mettre à la réforme des signes de l'arithmétique car la réforme des mathématiques, c'est une autre paire de manches. Et justement parce que la civilisation arabo-islamique a brillé aussi par son apport à cette discipline et de beaucoup d'autres aussi.Ce fait fera le bonheur de nos islamophobes. Je ne parle pas des
islamophobes occidentaux. Je parle de nos islamophobes nationaux à l'affût de toute info ou de tout fait qui pourrait servir à conforter leur thèse : par essence et par nature, l'islam et l'arabe sont des facteurs de blocage et la solution est d'imiter l'Occident, de faire comme lui. Ils ne peuvent même pas s'apercevoir que, justement, ce fait ramené à cette histoire arabo-musulmane des mathématiques, de l'astronomie, de la médecine, de la chimie et du reste prouve qu'il n'existe par d'essence ou de nature éternelle des Arabes. Puisque ces mêmes Arabes et musulmans peuvent développer des approches et des conduites antinomiques dans les domaines des sciences. Mais outre que la copie ne vaut jamais l'original, si d'aventure on suivait ce bon conseil, je vois mal nos conseilleurs réinventer la chasse aux sorcières, la fable des vampires, l'Inquisition –tiens l'Inquisition et la persécution des musulmans, des juifs et des morisques (morisques = musulmans d'origine espagnole)–, le bûcher de Giordano Bruno, Galilée face au tribunal, etc. Je les vois encore plus mal posséder les moyens d'exterminer les indigènes des îles Caraïbes, les Indiens d'Amérique du Nord et du Canada, une bonne partie des Indiens de l'Amérique du Sud. Je les vois mal installer une île de Gorée du côté des îles britanniques et réduire en esclavage des millions de Blancs européens, devenir des «négriers à l'envers» et pour les mener vers quels champs de coton de quels continents ? Je les vois encore plus mal coloniser l'Europe et tracer des frontières en dépit du bon sens et des appartenances ethniques, culturelles, des dynamiques historiques, etc. Car, si on devait suivre ces «bons conseils» que nous prodiguent nos islamophobes nationaux et l'Occident en général –ils nous répètent sans cesse : faites comme nous– c'est bien cela qu'il faudrait faire : dominer le monde par le feu, le fer, le sang, c'est-à-dire par le crime et le maquillage idéologique du crime.
L'illumination de la commission du commandement du bien et de la lutte contre le vice nous intéresse d'un tout autre point de vue que ce langage du
colonisé dans la tête. D'abord, cette absurdité ne relève pas d'une nature des musulmans ou de leur religion. Elle est le résultat extrême, l'aboutissement logique de la vision wahhabite du monde et de son alliance avec les Saoud, alliance qui laissait aux religieux le pouvoir absolu et discrétionnaire sur le plan de la pensée ou des activités relevant de la pensée. C'est cette alliance inscrite dans le Pacte du Nadjd qui oblige ce chef d'entreprise à passer par le crible de la commission. Elle est un exemple frappant de ce que veut dire vivre dans la surréalité.
En théologisant tout aspect de la vie, le wahhabisme fait disparaître la vie elle-même. Au lecteur qui ignore le sens du mot surréalité, je peux préciser par exemple que les mathématiques ont une réalité très simple : ils sont une activité de l'esprit qui sert à quantifier. Evidemment, plus on avance dans les mathématiques, plus cette définition devient étroite mais reste juste. A un certain niveau, les mathématiques deviennent langage, création, poésie,
exploration du possible, etc. mais en gardant toujours cette fonction de mesure. Les mathématiques utilisent des signes qui n'ont de sens que relativement à l'objet des mathématiques. Le sigma grec n'est plus une lettre de l'alphabet grec ; il prend le sens de «somme». Aller chercher dans un signe mathématique autre chose que son sens dans la discipline revient à inscrire cette discipline sur un autre plan. Le signe «x» dans la langue anglaise n'a rien à voir avec le christianisme. Il renvoie à un phonème et, comme dirait l'autre, les Anglais parlaient anglais ou l'ancêtre de l'anglais bien avant le christianisme et les Romains utilisaient le signe «x» y compris en arithmétique bien avant Jésus. Ces «savants» wahhabites pouvaient-ils ignorer l'histoire ? Tout à fait. Vivre dans la surréalité, c'est prendre les choses pour des signes d'un autre monde non visible et dont justement –parce que non visible– il faut posséder la «science», celles des oracles, des djinns, des prémonitions, etc. La réalité vécue n'est plus que la manifestation d'un autre monde. Cette attitude est aussi vieille que l'humanité. Tenez -puisque j'ai parlé de Romains–, un Romain de l'Antiquité scrutait le ciel avant de sortir. Si un corbeau passait, il y voyait un présage,
un mauvais présage, le signe d'un malheur qu'il s'empressait de conjurer en s'adressant à un quelconque de ses dieux. Le corbeau quittait sa nature d'oiseau pour devenir un signe. La lettre «x» quitte son statut de signe linguistique pour devenir un cheval de Troie. Dans ce cas particulier, le monde est perçu comme l'immense champ de bataille entre la vraie et la fausse religion et tout ce qui se déroule dans ce monde est la manifestation de cette confrontation. L'esprit des hommes obsédés par cette vision ou possédés par elle vit dans une vigilance de guerre. C'est pour cela que le signe «x» devient un agent d'influence. Voir dans les phénomènes sociaux ou naturels la manifestation d'un monde caché ou des luttes cachées abolit la vision du monde réel et les acteurs réels. Le chrétien réel et le musulman réel disparaissent pour laisser la place à une fantasmagorie. Le pétrole, les équipements, les outils, les travaux sont entre les mains de chrétiens dans tout le monde arabe. La gestion des ressources ou leur exploitation aussi. Les puissances qui nous dominent se disent chrétiennes. Cet aspect n'intéresse pas ces ulémas.
Ils s'en moquent. L'anglais ou l'anglophone qui les domine réellement n'a aucune réalité. Leur religion, oui ! La surréalité mène directement à ces absurdités, à cette pensée magique.
Car l'ordre des choses, pour eux, est ailleurs. Ils ne sont pas victimes d'une conduite d'évitement compréhensible chez le dominé qui n'a de ressources que de nier sa condition ou d'encenser son maître. Ils sont les gardiens d'un ordre bien réel, d'un ordre social.
Le problème est que le wahhabisme gagne du terrain en Algérie. Toutes ses thèses progressent dans la tête des Algériens. Souvent de façon subreptice. Dans toutes les places publiques et dans toutes les mosquées, on reprend la fable wahhabite que l'ennemi numéro un, c'est le chiisme et un travail sourd prépare à l'indifférence à une éventuelle agression contre l'Iran. Partout, d'honnêtes croyants reprennent la thèse que notre prophète n'est qu'un homme ordinaire. Le messager de Dieu, certes, mais un homme ordinaire alors que, dans nos têtes, nous nous représentions notre prophète comme un homme pas du tout ordinaire car nous nous le représentions aussi comme l'intercesseur, comme celui qui demandera la rémission de nos péchés. Les wahhabites remplacent cette image subrepticement par l'image de l'homme ordinaire sans aller jusqu'au bout de leur idée. Et leur idée est que s'imaginer notre prophète en
intercesseur, c'est de l'associationnisme. Partout, on devient indifférents à la visite des cimetières et des morts. On nous ressort aussi la rengaine de l'interdiction de la musique, de la fête du Mouloud Ennabaoui. Je vous le confirme, car, dans un barrage, un gendarme m'a intimé l'ordre d'éteindre mon poste alors que j'écoutais El Anka en sourdine.
L'incident a été bref, mais pour moi il est significatif qu'un gendarme outrepasse ses missions pour se transformer en prêcheur salafiste. Mais, partout aussi, pour des raisons complexes, sociales, économiques, symboliques, les djinns, les démons, envahissent notre quotidien. Chez nous, le wahhabisme aura
des conséquences dramatiques. Car il prendra l'ascendant sur un monde réel dont la marque reste le développement des frustrations, des difficultés à
vivre, des difficultés à comprendre les mutations qui marquent notre vie, etc.
Le résultat sera autrement plus grave que la croyance aux messages subliminaux des alphabets latins. Saurons-nous en tant que peuple reprendre notre destin en main, notre destin réel face aux puissances qui dominent, ou la démission dans la pensée magique l'emportera-t-elle ? La question est pratique, pas du tout théorique.
M. B.


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