C'est avec une curiosité feinte que les fans de football scruteront de quoi sera fait le championnat national dans sa nouvelle mouture. «Championnat professionnel de football». L'énoncé est d'autant plus exaltant qu'il renvoie à de belles images venant d'outre-mer, là où le football est adulé de ce côté de la Méditerranée. Cependant, le décalage est tel que le désappointement populaire risque d'être de mise. Le fait que la nouvelle configuration ait été décrétée et imposée en un temps record permet de douter de la possibilité de découvrir un quelconque changement à partir du début du mois prochain, date de l'entame du fameux exercice. Il est incontestable que la seule modification notable durant les premières années sera le statut juridique des clubs de football qui animeront le championnat national. Les clubs se sont conformés tant bien que mal à la nouvelle exigence pour mériter le titre, pour l'heure plutôt honorifique, de club professionnel. L'évolution reste néanmoins salutaire dans un environnement réputé pour son caractère impitoyable. Un début d'ordre dans le maelström du football national est pour le moins rafraîchissant. Mais les amateurs du jeu à onze risquent de déchanter quant à la transformation souhaitée sur le terrain stricto sensu. On ne le dira jamais assez, le professionnalisme est une histoire d'esprit et de culture. Et la situation du sport le plus populaire n'est guère reluisante à ce niveau-là. Les mêmes dirigeants qui se sont précipités à octroyer des actions dans les clubs désormais professionnels se sont distingués, ces dernières années, par les pires attitudes. Beaucoup d'argent circulait en toute illégalité et l'organisation du championnat par des instances dirigeantes dépassées par les événements, malgré le semblant de rigueur, laissait à désirer. Le niveau du championnat national est resté, à de rares exceptions, confiné dans le médiocre. Les infrastructures sportives adéquates font toujours défaut et la formation n'est pas le fort des écoles, quand elles existent. Et cette détestable réalité est loin d'avoir subi une métamorphose des mille et une nuits. Mais il faudra bien commencer un jour, diront les plus lucides. Le chemin s'annonce long et dur mais, dans un pays qui respire le football, la voie ne peut qu'être royale. M. B.