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L'Occident aurait-il inconsciemment cautionné le génocide de Srebrenica ?
Arrestation du général Mladic, 16 ans après le massacre des musulmans de Bosnie
Publié dans La Tribune le 07 - 06 - 2011

«Vous êtes le seul chef militaire que je connaisse qui ne dit pas à ses hommes en avant ! Mais suivez-moi !» Ce compliment a été adressé au général Mladic par le général américain Wesley Clark, ancien commandant en chef des forces de l'Otan. Seize ans, seize longues années où l'un des plus grands criminels de l'histoire de l'humanité, auteur et instigateur du génocide perpétré contre les musulmans de Srebrenica, vivait relativement paisiblement en Serbie. Protégé dans un premier temps par le régime de Slobodan Milosevic, jusqu'à son renversement en 2000, Mladic perdit, officiellement, le soutien des autorités serbes suite à l'avènement de Nataša Miæiæ au pouvoir. Il entra alors en clandestinité. Beaucoup de rumeurs avaient d'ailleurs circulé concernant les conditions de sa cavale : on le dit, tour à tour, réfugié dans un bunker, ou même devenu apiculteur ! C'est à cette période que Carla Del Ponté, la procureure en chef du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) lança une campagne pour l'arrêter. Elle fut suivie ensuite par l'Otan qui le rechercha activement. Radomir Diklic, ambassadeur de Serbie en Belgique a, en effet, récemment affirmé que «le boucher des Balkans» bénéficiait d'une «protection silencieuse de certains politiciens». D'après le diplomate, ce n'est que depuis l'arrivée au pouvoir du président serbe actuel, Boris Tadic, qu'un «effort énorme» a été fait pour rechercher Ratko Mladic. «Avant, les responsables le recherchaient sans vouloir vraiment le retrouver», a-t-il poursuivi. «Boris Tadic a purgé les services de renseignements et les services secrets» à son arrivée à la tête de l'Etat, a-t-il ajouté. Quelque «10 000 hommes» étaient à ses trousses en Serbie, et le dénoncer pouvait rapporter «10 millions d'euros». Ratko Mladic aurait donc été «dénoncé», selon l'ambassadeur serbe.
Une passivité coupable ?
Peut-être est-ce de la paranoïa ou de la «solidarité ethnique», mais le fait que les crimes commis par Mladic aient «frappé» essentiellement des musulmans peut légitimement interpeller n'importe quel esprit critique. Pourquoi l'Occident ne s'est-il pas davantage engagé pour l'arrestation de ce criminel de guerre ? Comment ne pas faire le parallèle avec les fugitifs nazis, traqués par l'ensemble de la communauté internationale, tous, ou quasiment tous, arrêtés dans les quatre coins du globe ? N'y a-t-il pas là un racisme inconscient, une alliance objective entre l'Occident et les «chasseurs» de musulmans en Europe ? Comment peut-on s'empêcher de douter de la sincérité de certains dirigeants occidentaux quant à leur réelle volonté d'empêcher que ses massacres soient perpétrés ? N'y avait-il pas un «consensus tacite» au sein de l'Union européenne pour cautionner une épuration ethnique dans les Balkans ? N'est-ce pas là une résurrection des «Croisades» qui s'est déroulée sous le regard quasi impassible des peuples d'Europe ? Tous ces questionnements demeureront certainement sans réponses, mais une chose est sûre, ce drame restera comme une cicatrice indélébile dans l'inconscient collectif du monde musulman.Par ailleurs, la traduction de Mladic devant la Cour pénale internationale permettra de symboliser politiquement l'entrée de la Serbie dans l'Union européenne ; celle-ci se rachètera en effet une «virginité» par la probable condamnation de Ratko Mladic à perpétuité. «L'arrestation de Mladic constitue un grand pas sur la voie de la Serbie vers l'Union européenne», a récemment déclaré le ministre des Affaires étrangères français, Alain Juppé. Quant à l'UE et l'Occident plus généralement, ce procès leur permettra de se donner bonne conscience à peu de frais et de s'exonérer de toute responsabilité dans les massacres perpétrés contre les musulmans des Balkans. Ce «pacte» gagnant-gagnant démontre, une fois de plus, que la justice occidentale à deux vitesses permet la liquidation physique de qui elle veut - l'assassinat récent de Ben Laden en est la parfaite illustration - et la traduction devant la Cour pénale internationale de qui elle veut, l'élément déterminant dans le choix du type de mise en scène étant la protection ou la fructification d'intérêts économico-politiques à court et moyen terme.
L'acte d'accusation et les chefs d'inculpation
Ratko Mladic comparaissait vendredi dernier pour la première fois devant le TPIY. Il est accusé de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre. Pour rappel, voici quelques éléments de l'acte d'accusation initial dressé contre lui et lié à l'action militaire qu'il a menée en ex-Yougoslavie. Cet acte a été confirmé le 25 juillet 1995. Mladic devait répondre de génocide et d'autres crimes commis contre la population civile sur l'ensemble du territoire de Bosnie-Herzégovine. Une deuxième version de l'acte d'accusation, confirmée le 16 novembre 1995, portait sur les événements qui s'étaient déroulés à Srebrenica en juillet 1995, les deux actes d'accusation ont été joints en juillet 1996. Une modification a été apportée à l'acte d'accusation le 11 novembre 2002. Le procureur a regroupé la première et la deuxième version concernant Mladic et réduit le nombre des accusations pour ne retenir que les plus graves, dont six chefs de violation des lois ou coutumes de la guerre, sept chefs de crimes contre l'humanité et deux chefs de génocide. Le 15 octobre 2009, l'affaire concernant Ratko Mladic a été officiellement séparée de celle de Radovan Karadzic. Selon l'acte d'accusation, «Ratko Mladic aurait participé à une entreprise criminelle commune en Bosnie-Herzégovine dont l'objectif était d'éliminer ou de contraindre les musulmans de Bosnie, les Croates de Bosnie ou les autres non Serbes à quitter définitivement de vastes portions du territoire de la Bosnie-Herzégovine. De nombreux individus ont participé à cette entreprise criminelle commune. Chaque participant a, de par ses actes ou omissions, largement contribué à la réalisation de l'objectif général de cette entreprise du SDS (principal parti des Serbes de Bosnie), des membres des organes civils de Bosnie-Herzégovine, des membres de la JNA et de l'armée yougoslave (VJ) ainsi que d'autres personnalités militaires et politiques de la République socialiste fédérative de Yougoslavie (RFSY) et de la République de Serbie». Ratko Mladic aurait participé à cette entreprise criminelle commune en tant que coauteur et/ou complice. Il est, en outre, indiqué dans l'acte d'accusation qu'en 1990, après les premières élections multipartites qui se sont tenues en Bosnie-Herzégovine, le SDS a mené une politique qui prônait tout particulièrement l'union des personnes d'origine serbe au sein d'un Etat commun. Le 25 juin 1991, la Slovénie et la Croatie ont déclaré leur indépendance. Avec l'aide de certains éléments de la JNA, le SDS a armé la population Serbe de Bosnie-Herzégovine.Le 24 octobre 1991, une assemblée, distincte et dominée par le SDS, a été créée en tant qu'organe représentatif et législatif suprême des Serbes en Bosnie-Herzégovine. Le 21 novembre 1991, l'Assemblée des Serbes de Bosnie a entériné la création de districts autonomes serbes en Bosnie-Herzégovine. Le 9 janvier 1992, l'Assemblée a proclamé la création de la République serbe de Bosnie-Herzégovine, qui a pris plus tard le nom de Republika Srpska.L'acte d'accusation indique, également, que peu après le 6 avril 1992, date à laquelle la communauté internationale a reconnu la Bosnie-Herzégovine comme Etat indépendant, des combats ont éclaté à Sarajevo, marquant le début d'un conflit intra-muros qui devait durer jusqu'en 1995. A partir de mai 1992, les forces serbes de Bosnie, placées sous la direction et le commandement de Ratko Mladic, ont mené une campagne de bombardements et de tirs isolés contre des zones civiles de Sarajevo et sa population, tuant et blessant des civils, répandant ainsi la terreur au sein de la population.D'après l'acte d'accusation, le 12 mai 1992, Radovan Karadzic a annoncé les six objectifs stratégiques du peuple serbe de Bosnie-Herzégovine :1. Etablir des frontières séparant le peuple serbe des deux autres communautés ethniques ;
2. Créer un corridor entre la Semberija et la Krajina ;3. Créer un corridor dans la vallée de la Drina, celle-ci cessant du même coup de marquer la frontière entre les Etats serbes ;4. Etablir des frontières le long de l'UNA et de la Neretva ;5. Diviser la ville de Sarajevo en deux secteurs, serbe et musulman, et mettre en place une autorité administrative effective dans chaque secteur ;6. Assurer un accès à la mer de la Republika Srpska.En outre, le 12 mai 1992, l'Assemblée des Serbes de Bosnie a voté la création de l'Armée de la République serbe de Bosnie, transformant dans les faits les unités de la JNA qui étaient restées en Bosnie-Herzégovine en unités de la nouvelle armée. Le même jour, l'Assemblée des Serbes de Bosnie a nommé Ratko Mladic chef de l'état-major principal de la VRS.
Il a été également allégué qu'à partir de mai 1992, les forces serbes de Bosnie placées sous la direction et le commandement du général Ratko Mladic ont pris le contrôle des municipalités situées sur le territoire de la République serbe de Bosnie-Herzégovine, essentiellement au nord-ouest de la Bosnie, dans la région appelée Bosanska Krajina, et en Bosnie orientale. Dans ces municipalités, les forces serbes de Bosnie ont pris part à une campagne de persécution visant à chasser les populations non serbes de ces territoires.
Des milliers de non-Serbes ont été expulsés ou transférés de force. Parmi eux, beaucoup ont été tués ou emprisonnés dans des centres de détention, où ils ont été soumis à des mauvais traitements physiques et psychologiques et à des conditions de vie cruelles et inhumaines. Les habitations, les commerces, les lieux de culte et les biens des non-Serbes ont également été pillés, détruits et/ou
confisqués. Toujours d'après l'acte d'accusation, de janvier à mars 1993, les forces serbes de Bosnie, placées sous la direction et le commandement du général Ratko Mladic, ont attaqué la région de Cerska, en Bosnie orientale. Des milliers de musulmans se sont refugiés dans les territoires contrôlés par les autorités de la République de Bosnie-Herzégovine, dont Srebrenica et Zepa. Par la suite, les forces serbes de Bosnie, placées sous la direction et le commandement du général Ratko Mladic, ont concentré leurs efforts sur l'enclave de Srebrenica afin de prendre le contrôle de cet endroit stratégique et d'en chasser la population musulmane de Bosnie qui s'y était réfugiée au lendemain des campagnes de nettoyage ethnique menées en Bosnie orientale en 1992 et 1993.L'acte d'accusation stipule également que, du 12 juillet au 20 juillet 1995, des milliers d'hommes musulmans de Bosnie se sont rendus aux forces serbes de Bosnie placées sous la direction et le commandement du général Ratko Mladic, ou ont été capturés par celles-ci. Plus de 7 000 prisonniers musulmans de Bosnie, capturés aux environs de Srebrenica, ont été exécutés sommairement du 13 juillet au 19 juillet 1995. Du 1er août 1995 au 1er novembre 1995, des unités de la VRS placées sous la direction et le commandement du général Ratko Mladic ont entrepris de manière organisée et systématique de dissimuler les meurtres et les exécutions de musulmans de Srebrenica, en exhumant des charniers de corps des victimes pour les enterrer dans des lieux isolés. Il a été, enfin, allégué qu'en sa qualité de chef de l'état-major principal de la VRS, le général Ratko Mladic était le plus haut responsable militaire de la VRS et ne rendait compte qu'au président de la Republika Srpska, Radovan Karadzic. Il a ainsi contrôlé l'activité de l'état-major principal, pris des décisions s'appliquant à celui-ci et aux unités subordonnées, assigné des tâches à ses subordonnés, donné des ordres, des instructions, pris des directives et assumé l'entière responsabilité de leur mise en œuvre, il a également suivi l'évolution de la situation dans la zone de responsabilité de la VRS. Il devait personnellement s'assurer que les forces serbes de Bosnie, placées sous sa direction et son commandement, respectaient et appliquaient les règles du droit international gouvernant la conduite des hostilités. Toujours selon l'acte d'accusation, Ratko Mladic savait que ses subordonnés étaient sur le point de commettre, ou avaient déjà commis, tous les crimes en question et qu'il n'avait pas pris les mesures nécessaires et raisonnables pour les en empêcher ou pour les punir. Ratko Mladic est tenu individuellement pénalement responsable, en tant que supérieur hiérarchique, des crimes suivants : génocide, persécutions, extermination, assassinats/meurtres, expulsions, actes inhumains ayant pour objectif de répandre illégalement la terreur parmi la population civile, traitements cruels et prises d'otages.
S. H.


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