Photo : Riad Par Hasna Yacoub Le verdict du procès de l'affaire liée à l'homicide involontaire du jeune Aboubakr Guir a été rendu hier par le tribunal de Chéraga près la Cour de Blida.La juge a suivi la demande du procureur général en condamnant le principal accusé dans cette affaire, O. Youcef, à la peine maximale de trois ans de prison ferme avec mandat d'arrêt à l'audience. Cette peine est assortie d'une amende de 500 000 DA. Les trois autres inculpés, à savoir C. Amine, Djaballah et Boutaleb ont été condamnés à 18 mois de prison ferme, pour le premier, et à 1 an de prison ferme pour les deux autres. La condamnation à des peines de prison ferme et la mise sous les verrous du principal accusé dans cette affaire ont énormément soulagé la famille de la victime, même si cette dernière a annoncé son intention d'introduire un pourvoi en cassation dans l'espoir d'obtenir la requalification des faits pour la prise en compte des circonstances aggravantes liées au délit de fuite, ce qui porterait, selon la loi, la peine au double. Il est à rappeler que dans l'affaire du jeune Aboubakr Guir, quatre personnes ont été inculpées d'homicide involontaire, de non- assistance à personne en danger et de défaut de présentation de papier d'un hors-bord qui a causé l'accident mortel. Aboubakr Guir a été atrocement tué le 2 octobre 2010 par un chauffard des mers, alors qu'il pratiquait de la plongée à quelques mètres à peine de la plage faisant face à la résidence d'Etat, Club des Pins. Il a été violemment heurté par les hélices d'un hors-bord dont les occupants, le laissant pour mort, avaient pris la fuite. Le corps de la victime était resté à flotter dans son sang, pendant deux heures, avant d'être repêché. Lors du procès, les mis en cause avaient nié leur implication dans cet accident affirmant avoir découvert le corps de la victime et alerté les gardes-côtes qui leur ont demandé de ne pas intervenir. Les débats contradictoires lors du procès et les témoignages ont fait ressortir de nombreuses contradictions, comme le fait que les occupants du hors-bord avaient choisi de quitter les lieux rapidement avant l'arrivée des secours et de dissimuler leur embarcation dans la zone de saisie des gardes-côtes. Ces derniers, il faut le préciser, ne possédaient pas les papiers du hors-bord justifiant sa présence sur le territoire algérien. C'est là l'une des raisons de leur abandon de la victime sur les lieux du drame. Cet abandon a ouvert la brèche à de multiples questionnements : la victime était-elle en vie après la percussion ? Y avait-il une chance de la sauver ? D'ailleurs, les avocats de la famille d'Aboubakr Guir n'ont pas manqué d'insister sur la non-assistance à personne en danger et d'affirmer que l'abandon d'Aboubakr alors qu'il était «sûrement en vie», c'était comme un «deuxième assassinat». C'est à ce moment, il faut le rappeler, que les avocats de la famille Guir ont déclaré que l'accusation n'aurait pas dû se limiter à l'article 288 du Code pénal qui évoque l'homicide involontaire mais l'appuyer également par l'article 290 qui souligne que les peines sont doublées dans le cas où l'auteur du délit «[…] a tenté – soit en prenant la fuite, soit en modifiant l'état des lieux, soit par tout autre moyen – d'échapper à la responsabilité […]». Et c'est à cause de cet abandon d'ailleurs que la mère d'Aboubakr, éplorée, n'avait cessé de répéter : «Je ne pardonne pas. Car Aboubakr a été abandonné. Il était peut-être encore en vie. Un accident mortel peut arriver certes, mais si le conducteur du hors-bord avait pris la peine de tenter de secourir Aboubakr ou juste de retirer son corps de l'eau, j'aurais pu accepter la cruauté du destin.»