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L'islamisme a le vent en poupe
Les révoltes arabes commencent à révéler leur sens
Publié dans La Tribune le 25 - 10 - 2011

La Tunisie a donné le la des révoltes arabes et semble donner le la de l'alternative aux régimes dictatoriaux. Le parti Ennahda tunisien, qui est sur le point d'être proclamé officiellement vainqueur de ce test démocratique, se réfère au modèle turc et promet de ne remettre en cause ni les libertés fondamentales, ni les droits civils des femmes, qui sont l'un des enjeux majeurs des islamistes.
La première expérience démocratique arabe, qu'on a tendance à oublier, est l'Algérie, où les islamistes radicaux ont remporté les premières élections communales et législatives pluralistes. Les islamistes du FIS ont clairement promis la fin de la démocratie dès leur arrivée au pouvoir. L'un des leaders les plus en vue du FIS, a qualifié la démocratie de «Kofr» et contraire aux principes de l'Islam. Le parti Ennahda tunisien a toujours été plus tactique dans ses approches que ses homologues arabes. Il est le premier parti islamiste de la région arabe à avoir investi avec force le Syndicat dans les années quatre-vingts et à défendre les droits des travailleurs face à une syndicratie de l'UGTT plus préoccupée par ses privilèges que par la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs. Ennahda n'a jamais mis en avant son programme maximaliste, pour ne pas effrayer le pouvoir et une société à laquelle on a imposé une forme de laïcité qui ne fait pas l'unanimité. Jamais l'avis des Tunisiens n'a été pris en compte aussi bien par Bourguiba que par Ben Ali. Lorsque les Tunisiens ont été consultés dimanche dernier, ils ont fait leur choix.
Le modèle turc
Certains observateurs occidentaux, qui ont une vision européocentriste du monde, n'analysent les sociétés du Sud qu'à travers leur prisme déformant qui présente l'Islam comme une menace pour l'Occident et détecte l'intégrisme religieux dans le comportement culturel et cultuel de tout musulman, ou s'aveuglent face à des phénomènes politiques qui prennent forme dans les pays musulmans et qui menacent les fondements des Etats et la stabilité nécessaire à un développement harmonieux et progressiste. À ce propos, Annie Laurent, Docteur d'Etat en sciences politiques , auteur de «Vivre avec l'islam», Saint-Paul, 1996, estime que «depuis le début des révoltes qui secouent le monde arabe, la plupart des commentateurs européens expriment un optimisme qui manifeste parfois une vraie méconnaissance des données fondamentales caractérisant les sociétés concernées par ces ébranlements. Un mot revient constamment sur les ondes et dans les journaux : démocratie. Et nos élites se réjouissent d'une perspective qu'elles attendaient et prédisaient depuis longtemps. Elles affirment tenir enfin la preuve que l'islam est compatible avec la démocratie, sans pour autant convaincre une large part de l'opinion publique inquiète des agissements islamistes. Or, ces deux types de postulats reposent sur une ambiguïté qu'il convient de clarifier. Au risque de surprendre certains lecteurs, il faut dire que l'islam et la démocratie peuvent très bien se conjuguer. Sur le principe, il y a donc accord. Mais subsiste un malentendu qui réside dans la manière dont on comprend cette compatibilité dans l'Occident sécularisé et dans l'Orient islamisé.» Annie Laurent porte ainsi un regard novateur sur la société musulmane, en faisant la part des choses et en nuançant son analyse non pas à travers une approche comparative avec la praxis démocratique occidentale mais en prenant en compte les éléments constitutifs de la société musulmane et ses propres expériences politiques à travers différentes époques de son histoire. Donc Annie Laurent explique : «En effet, alors que la démocratie est chez nous synonyme de neutralité religieuse, il n'en est pas ainsi dans les pays où les populations sont à majorité musulmanes. Là, les notions de majorité et de minorité, inhérentes à tout système démocratique, se comprennent selon des modalités confessionnelles et non pas laïques. Dès lors, des élections législatives organisées selon les critères démocratiques peuvent très bien amener au pouvoir des majorités islamistes qui risquent de surcroît de n'en plus bouger.»Pour la politologue qui trouve le modèle turc auquel se réfère Ennahda tunisien, assez original : «le kémalisme est une voie originale qui place la religion sous le contrôle de l'Etat, la religion en question étant exclusivement l'islam sunnite. Un organisme spécial fut créé à cet effet, la Dyanet, qui est rattaché au Premier ministre. L'Etat a donc la responsabilité exclusive de la gestion du culte. C'est lui qui décide de la construction et de l'entretien des mosquées et des écoles religieuses et en assure le financement ; c'est lui aussi qui nomme et rétribue les personnels chargés du culte et de la formation, lesquels ont donc le statut de fonctionnaires. Ces mesures s'appliquent également aux imams envoyés dans les pays où vivent des expatriés turcs, comme l'Allemagne et la France. Il faudrait aussi, en Europe, s'interroger sur la nature de cette «laïcité» où les sunnites relevant de l'ethnie turque détiennent le monopole des responsabilités politiques, tenant à l'écart les citoyens qui confessent d'autres religions (alévis, chrétiens de différentes dénominations, juifs) et appartiennent à d'autres ethnies (Arméniens, Kurdes).» Ce constat révèle que la Turquie n'est pas aussi laïque que cela. Du moins, il s'agit d'une laïcité différente de celle en vigueur dans les pays occidentaux. En fait, Atatürk n'a rien inventé, car ce modèle était en vigueur sous les Califats ommeyade et Abasside et en Andalousie. En d'autre terme, la démocratie n'est pas liée uniquement à des éléments culturels mais surtout à une situation économique et un bien-être social. L'Europe médiévale était inquisitrice et intégriste et les scientifiques étaient taxés d'hérétiques et traqués par les gardiens du temple, alors que les sociétés musulmanes étaient l'exemple de l'ouverture politique, culturelle et scientifique et où y cohabitaient, paisiblement et de façon complémentaires, toutes les composantes ethniques, religieuses, linguistiques de l'empire musulman.
Pourquoi l'islamisme est une alternative ?
Au-delà des approches théoriques, même si l'expérience des pays musulmans postcoloniaux mérite d'être théorisée, le fait est que le pluralisme politique est toujours favorable aux courants islamistes, qu'ils soient modérés ou radicaux. Manifestement les raisons de cette tendance lourde et générale dans les pays musulmans où l'ordre postcolonial est bouleversé, est à rechercher, d'une part, dans l'attitude de l'Occident vis-à-vis des sociétés musulmanes et, d'autre part, dans celle des gouvernants arabes vis-à-vis de leurs propres sociétés. Ce n'est pas par hasard que l'intégrisme religieux en Islam se soit développé dans deux espaces temps similaires : En Orient, lorsque les Mogols ont envahi Bagdad, et, en Occident, lorsque les Espagnols ont commencé à menacer sérieusement les cités musulmanes d'Andalousie. L'intégrisme est donc une réaction primitive de préservation lorsque les forces de riposte rationnelle à toute invasion extérieure sont faibles ou inexistantes. Depuis le Onzième siècle, l'intégrisme a commencé à façonner certaines mentalités et certains comportements au sein des sociétés musulmanes, avant que des théoriciens ne donnent une forme scolastique et intellectuelle au conservatisme sociale, qui puise ses arguments juridiques et sociaux dans les préceptes de l'Islam. Lorsque le mouvement des Frères musulmans est né à El Ismaïlya, en Egypte, en 1928, l'arsenal théorique de l'intégrisme religieux était déjà finalisé dans ses grandes lignes grâce à Ibn Taymia et à ses disciples à travers les âges. Le mouvement des Frères musulmans se voulait, à l'origine, une riposte au travestissement socio-culturel généré par la présence britannique en Egypte et à son influence sur la société. Pourtant, la perception puritaniste des islamistes quant à la société musulmane, aussi bien sous le règne des quatre premiers Califes que celui des abassides et omeyyades, est plus une vision idyllique mythique qu'une réalité historique. Néanmoins, cette société mythique a connu un âge d'or et était une puissance économique et militaire qui a dominé le monde. Les affres du colonialisme britannique et français ont renforcé cette vision et ce rêve puritaniste, non seulement chez les islamistes mais aussi chez le musulman commun qui ne voyais d'autres alternatives que le retour à l'Islam «originel», excluant du coup de l'héritage commun, tout le capital cumulé pendant les huit siècles de gloire de l'Islam et des musulmans. Le colonialisme pilleur a exclu les sociétés musulmanes de toute possibilité de progrès collectif, puisqu'il en a fait des indigènes ou des sujets de second ordre. Le mimétisme de la culture occidentale par certaines catégories sociales musulmanes a fait du modèle occidentale dans toutes ses manifestations, non pas un exemple à suivre, mais une menace pour la cohésion de la Oumma, donc un modèle à combattre. Cependant, et c'est là où résident les contradictions des islamistes et leurs limites politique, aucun mouvement islamiste proprement dit n'a mené un combat de libération nationale. Les islamistes allaient évoluer à l'ombre des mouvements nationalistes au lendemain des indépendances, occupant des espaces de choix pour mener leurs propagandes et attendre le moment opportun pour occuper les devants de la scène médiatique et politique. C'est ce qui s'est produit en Algérie lors des événements d'octobre quand ils ont émergé le 10 octobre pour négocier on ne sait quoi et c'est ce qui s'est passé en Tunisie et en Egypte, où ils ont pris le train en marche non sans prudence et calculs politiques précis. Annie Laurent affirme qu'«en conclusion, si les islamistes n'ont pas pris l'initiative de la contestation des régimes arabes, comme cela semble être réellement le cas, ils s'empressent de l'exploiter à leur profit. C'est pourquoi, en l'état actuel et sans préjuger d'évolutions plus lointaines, la lucidité oblige à admettre que l'empreinte de l'islam continuera de marquer fortement la vie politique et sociale de ces pays. Comme en Turquie, dont le modèle séduit un monde arabo-musulman avide de se débarrasser des régimes autoritaristes et concussionnaires, la démocratie sert l'islamisme.»
A. G.


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