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La grenouille qatarie a des cornes de bœuf !
Publié dans La Tribune le 20 - 02 - 2012

D'après le prologue de l'évangile selon Saint-Jean, au commencement était la parole, et la parole était avec Dieu, et la parole était Dieu. Comme dans l'évangile, qui signifie bonne nouvelle, au Qatar, au début furent les hydrocarbures. Mais le vrai commencement de l'influence fut Al Jazeera, le network arabe de l'information Sud-Sud. A l'entame, était donc Al Jazeera, et la parole était avec Al Jazeera, et la parole était Al Jazeera. Dès 1996, sans ce média d'influence massive, le Qatar, 156e pays mondial par la superficie et 154e par la population, ne serait, en effet, qu'une discrète monarchie pétrolière ou une théocratie wahhabite édifiée sur une fabuleuse rente pétrolière et gazière. Mais suffit-il d'avoir des énergies fossiles et une grande chaîne d'informations en continu pour être la nouvelle voix arabe et une voie diplomatique qui compte, de plus en plus, dans le concert des nations ? La recette n'est pas une formule magique, sinon l'Arabie saoudite, l'autre ploutocratie wahhabite, pays plus grand et plus riche, qui possède lui aussi son Câble News Network et des bouquets satellitaires, se serait mieux fait entendre. Quel est donc le secret de réussite de cette grenouille qatarie qui se voyait comme un bovidé, mais qui beugle aujourd'hui comme un bœuf sur la scène arabe et s'ébroue sur le théâtre international comme un bovin aux hormones ? Voilà bien une singulière énigme : un petit peuple d'anciens nomades et de pêcheurs, engraissé de pétrodollars et tenaillé par une soif inextinguible de reconnaissance, de visibilité et de respectabilité sur la scène internationale, est parvenu à s'y frayer un chemin, à y donner de la voix et à s'y faire entendre ! Le Qatar, ce n'est toutefois que 11 437 km2, 1,5 million d'habitants, dont 250 000 autochtones, sur un territoire de 160 km de long et 80 km dans sa plus grande largeur, encore plus petit que la wilaya de Batna ou de Tébessa ! Mais le farfadet qatari, c'est surtout le PIB par habitant le plus élevé du monde (96 000 USD) et un Fonds souverain de plus de 600 milliards de dollars. Par-dessus tout, une philosophie qui consiste à penser que l'argent, dont on dit qu'il n'a pas d'odeur, a les effluves du pétrole et peut tout subordonner, suborner et subroger. Cette doctrine, assise sur les troisièmes réserves mondiales de gaz et la première production de GNL, c'est finalement de l'argent partout placé, notamment en France, de l'activisme diplomatique et une boulimie d'information qui permet à Al Jazeera de préempter les droits de retransmission de compétions majeures de football. Le Qatar est aujourd'hui le centre de gravité de la diplomatie arabe. Surtout depuis que la grande Egypte est plongée dans une instabilité chronique postrévolutionnaire et que le voisin saoudite, gouverné par des gérontes et administré par un régime cacochyme, attend l'avènement d'une nouvelle génération. C'est la lucarne qui diffuse le meilleur du football européen, qui achète des clubs de foot huppés en France et en Espagne et qui diffusera, en exclusivité, le mondial de football 2022, organisé, chez lui, sur le sable et joué dans des stades climatisés mais jetables. Le Qatar, c'est aussi le luxe tapageur, l'urbanisme bling bling et l'excellence érigée en pôles éducatifs. C'est aussi Qatar Airways, une des quatre compagnies mondiales classées 5 étoiles Skytrax. Mais le Qatar, c'est également le verso, moins gratifiant, de la carte postale. C'est le pays du Golfe qui abrite des bases américaines, signe des accords de coopération militaires avec les USA et dont le prince est le premier chef d'Etat arabe à se rendre en Israël, après Anouar Saddate. D'autre part, même s'il garantit la liberté du culte, possède une Constitution et un Madjlis Echoura, dont 30 des 45 membres sont élus, les partis politiques ne sont pas autorisés. Pas plus que n'est contestée une famille régnante qui impose des restrictions strictes sur les libertés et les mouvements pour l'égalité. Le Qatar est dirigé par un émir putschiste qui a fait un coup d'Etat à son père, qui a lui-même renversé son cousin, deux coups de force dans une longue histoire de pronunciamientos. Certes, les femmes qataries ont le permis de conduire et le droit de se faire élire dans des conseils municipaux, mais la législation locale est orientée par la charia et inspirée par le rigorisme wahhabite. Il est vrai que l'influence wahhabite est tempérée par un modernisme gris-bêton et l'ouverture d'esprit, relative, d'une monarchie à l'écoute du bien-être de ses sujets. Comparé à la médiévale Arabie saoudite, le Qatar fait office de petite Norvège du désert. Ce lilliputien, qui a les gros yeux de son émir, qui sont finalement plus gros que son ventre gonflé de réserves gazières, c'est un label, une «marque» et une image de marque, à coup de pétrodollars lustrée. Y compris à travers une chaîne de télé,
Al Jazeera, qui relaie l'aspiration démocratique arabe en omettant soigneusement de parler des libertés au Qatar et dans le Golfe.
Cet espace politique transnational de substitution, en tout cas, une remarquable réussite professionnelle, traduit brillamment la schizophrénie d'un régime autocratique qui se fait héros et héraut de la démocratie dans le monde arabe. Aussi, la rutilante médaille qatarie a-t-elle bien d'autres revers. Grosse tâche sur la dischdacha blanche de cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, l'armée qatarie, qui ne compte que 15 000 hommes, est devenue le goumier de l'armée américaine, le zouave de l'armée britannique et le harki de l'armée française. Elle a joué le supplétif zélé en Libye et pourrait faire, demain, le soldat obséquieux en Syrie. Mais qui a dit donc que la grenouille arabe de la mondialisation oppressante ne peut pas avoir des cornes de taureau ?
N. K.


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