Ce que des voix libres n'ont pas réussi à faire admettre à l'administration locale et centrale pendant des années, les deux premières semaines des intempéries de février ont fini par le montrer au grand jour mais au prix fort : pertes de vies humaines et dégâts matériels. La Kabylie est sous-développée économiquement, et les infrastructures de base existantes ne répondent plus aux besoins de la population locale. Dans tous les secteurs liés directement au bien-être et au confort des habitants comme les routes, le raccordement aux réseaux de gaz et d'alimentation en eau potable, des lacunes et des manquements graves ont été révélés par l'ampleur du bilan des intempéries contredisant sèchement les promesses de développement local des pouvoirs publics. Sans compter les impréparations et l'absence de réponses adéquates aux situations d'urgence qui peuvent surgir à tout moment. Pourtant, gouverner, c'est prévoir, insiste-t-on toujours !Pendant des jours et des nuits, on n'a pas vu les services de l'Etat remplir leurs missions, qui relèvent du minimum, envers les administrés laissant ces derniers se débrouiller comme ils le peuvent pour ouvrir les voies d'accès aux villages sous plus de deux mètres de neige et enclavés, transporter les malades à l'hôpital, chercher du gaz butane à des centaines de kilomètres de chez eux et se procurer de la nourritures dans les épiceries encore ouvertes des chefs-lieux de daïras plus ou moins frappés par la vague de froid et les blocages causés par la neige. La solidarité entre habitants a sauvé d'une mort certaine des vies humaines et des centaines de têtes de bétail des éleveurs et producteurs locaux en détresse. Globalement, le bilan est lourd d'enseignement sur l'état de développement en Kabylie. Un simple état des lieux suffit pour remettre en cause les louanges d'administrateurs à propos des «réalisations» dans les localités déshéritées de la région. Le nouveau gymnase de Aïn El Hammam, à environ 60 km de Tizi-Ouzou, réceptionné récemment, s'est effondré sous le poids de la neige. Pourquoi l'affaissement de cette nouvelle structure qui a coûté des milliards, et logiquement destinée à tenir longtemps ? Le pavillon gynécologie de l'hôpital de la même ville a aussi cédé. pourquoi et comment n'a-t-on pas pensé à doter cette localité montagneuse et surpeuplée d'un autre hôpital en remplacement de cet édifice qui date de l'époque coloniale ? Le même topo est observable dans beaucoup d'autres établissements à travers la wilaya de Tizi-Ouzou. A qui incombe le devoir de secourir les personnes sinistrées, devenues SDF du jour au lendemain, de dégager les routes bloquées, de garantir des vivres en temps d'urgence aux enfants et aux vieilles personnes ? Pourquoi envoie-t-on encore les enfants dans des écoles en préfabriqué dans les zones montagneuses connues pour la rudesse de l'hiver et la canicule en été ? Qu'allons-nous faire des élèves sans salle en plein milieu de l'année scolaire ? Pourquoi les engins de déneigement et de déblayement appartenant aux divers services de l'Etat et aux grandes entreprises de travaux publics n'ont pas été présents en force pour porter secours aux habitants des villages enclavés, laissant les APC sans grands moyens matériels et les petits entrepreneurs se débrouiller comme ils peuvent face à l'impatience des sinistrés?Le développement de la Kabylie ? Un vain mot dans la bouche des spécialistes des discours enflammés.