Photo : Sahel De notre envoyée spéciale à Béjaïa Wafia Sifouane
Programmé dans la petite salle du théâtre Abdelmalek- Bouguermouh de Béjaïa, le jeune comédien Kacem Istambouli a fait un tabac à la 4e édition du Festival international de théâtre de Béjaïa (Fitb 2012). Son monodrame Qoum ya ba (lève-toi, père), produit par le théâtre Istambouli dont il est le fondateur, a fait l'événement. Adepte du théâtre de rue, le remarquable comédien a non seulement séduit le public mais aussi profondément touché. Sur scène, des bouts de papier déchiré sont éparpillés, laissant imaginer un champ de bataille. Kacem Istambouli, valise à la main, entame son spectacle en s'adressant à son père, personnage central du monodrame auquel le comédien répétera plusieurs fois Qoum ya ba. Le père est un homme affaibli et meurtri par la guerre. Le texte de Salmane Ennadour évoque et relate la souffrance du peuple palestinien de 1948 à nos jours. Et c'est superbement mis en scène et raconté par le comédien. Pétillant et débordant de talent, Kacem Istambouli occupe tout l'espace scénique. Mieux, il établit un contact direct avec son public et l'implique dans son show, en faisant un acteur. S'adressant avec tendresse à son père, le personnage de Kacem Istambouli ne cessera de rassurer le vieil homme, lui faisant croire que les armées arabes ne tarderont pas à venir secourir le peuple palestinien. Hélas ! le soutien arabe n'est qu'une cruelle désillusion. Tout le long de son spectacle, le comédien, à chacune de ses prestations, déclenchera une salve d'applaudissements. Très à l'aise sur scène et dans son spectacle, l'artiste sortira à plusieurs reprises de son personnage pour ramener le public à lui. Même quand un spectateur se lève pour quitter la salle, Kacem Istambouli fait preuve d'un sens aigu de l'improvisation. Malheureusement, le spectacle sera perlé de couacs techniques, surtout avec la sonorisation qui joue au lâchage impromptu. Cependant, loin d'être déstabilisé, l'artiste arrive à retourner la situation en sa faveur. Il improvise et s'adresse directement au technicien, comme s'il était dans un filage. Le public est conforté dans son rôle d'acteur et apprécie la sortie originale. S'inspirant du théâtre Brechtien, l'artiste a beaucoup joué sur la mémoire, faisant de nombreux rappels historiques. Il évoquera son enfance, son père constamment en attente d'une délivrance et les pays arabes qui se disent solidaires avec la cause palestinienne sans pour autant bouger le petit doigt. Voyant dans le théâtre de la rue le meilleur moyen d'atteindre le maximum de gens, l'artiste s'est déjà produit sur de nombreuses scènes à l'échelle internationale dont les camps de réfugiés palestiniens et, en happening, face aux ambassades des Etats-Unis, en Syrie et au Liban ainsi qu'en Espagne.