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Le début de la fin de l'ordre colonial en Algérie
Massacres du 8-Mai-1945
Publié dans La Tribune le 06 - 05 - 2013

Sétif, paisible petite ville dans les années 1940, gagnait chaque mardi en effervescence en raison du marché hebdomadaire qui attirait plusieurs centaines de personnes des bourgades et hameaux environnants, se rappelle Mohamed El Hadi Cherif.
Le mardi 8 mai 1945 ne fit pas exception à cette règle, se souvient encore ce témoin dont l'âge frise aujourd'hui les 90 ans, jeune scout à cette époque: «Sétif pullulait de monde et la journée était si belle». Quelques jours auparavant, raconte-t-il, le Parti du peuple algérien (PPA) et les Amis du manifeste et de la liberté (AML), créé par Ferhat Abbas en mars 1944, lancent un appel à une manifestation pacifique qui devait coïncider avec la victoire des alliées sur l'Allemagne nazie.
Il s'agissait d'organiser une marche entre la mosquée de la gare (aujourd'hui mosquée Abou Dhar Al-Ghaffari) et le Monument aux Morts pour y déposer une gerbe de fleurs à la mémoire des Algériens conscrits de force et qui moururent durant la seconde Guerre Mondiale sous l'uniforme de l'armée française. La marche, poursuit ce témoin, avait été très bien organisée, avec les scouts musulmans en tête. «Mais pour la population sétifienne de souche, la procession devait être mise à profit pour lancer un cri de liberté, pour demander à la France de tenir sa promesse, consignée dans l'additif au Manifeste du peuple algérien approuvé par le gouverneur général Marcel Peyrouton, prévoyant la création d'un Etat algérien à la fin de la guerre et la participation immédiate des représentants musulmans au gouvernement de l'Algérie», soutient M. Cherif.

Et les youyous fusèrent
C'est pourquoi, se souvient-il encore, quelques instants après le début de la marche, des banderoles et des pancartes firent brusquement leur apparition parmi les manifestants : «Vive l'Algérie libre et indépendante», «Libérez Messali»!, «A bas le colonialisme». Des cris reprenant ces slogans se font entendre et des youyous fusent pendant que quelques drapeaux algériens, sommairement cousus, s'agitent au-dessus des têtes. Ce fut comme un appel à l'insurrection puisque des dizaines, bientôt des centaines «d'indigènes» qui n'étaient là que parce que c'était jour de marché rejoignent la foule, faisant grossir le cortège qui comprendra, à l'amorce du boulevard Georges-Clémenceau (aujourd'hui avenue du 1er-Novembre), entre 20 000 et 25 000 personnes, raconte M. Cherif. Le même témoin affirme que le sang des jeunes scouts musulmans qui devaient simplement «ouvrir» la marche se met tout à coup à bouillir dans les veines et les louveteaux se surprennent à entonner des chants patriotiques parmi lesquels «Min Djibalina» qui retentira pour la «toute première fois, ce jour-là, comme le confirmera l'ancien ministre de la Communication, Lamine Bechichi».

De nos montagnes s'éleva la voix des hommes Libres
La musique de «Min Djibalina talaâ saout el Ahrar» (De nos montagnes s'éleva la voix des hommes Libres) fut composée par le chahid Hassen Belkired, lui-même scout et homme de théâtre, qui s'est inspiré «par provocation» de la marche militaire française «Le régiment de Sambre et Meuse». L'un des scouts participant à la marche, Bouzid Saâl, «se saisit alors du drapeau algérien et avance en tête du cortège, le front haut», témoigne M.Cherif dont la voix se met à chevroter sous le coup de l'émotion.
A hauteur de l'ex-café de France, en plein cœur de Sétif, à l'angle de la rue menant vers le Monument aux Morts, retentit le premier coup de feu. Un tir de révolver qui allait donner le signal à une répression aussi sauvage qu'aveugle qui fera, durant plusieurs jours, des dizaines de milliers de morts, à Sétif, mais également dans les localités et les dechras voisines, à El Eulma, à Ain El Kebira, à El Ouricia, puis à Kherrata et jusqu'à Guelma où les fours à chaux «resteront éternellement la honte de la France civilisée», parvient à balbutier le vieux Mohamed El Hadi Cherif, au bord des larmes. Ce coup de révolver était l'œuvre du commissaire Lucien Olivieri qui, raconte-t-on plus tard, entendait «exécuter des ordres et négocier avec les meneurs» pour qu'aucun drapeau algérien n'apparaisse. La balle atteindra mortellement au ventre Bouzid Saâl, alors âgé de 22 ans, qui «refusa obstinément de plier son étendard», selon le même témoin. Un coup de feu aux grandes conséquences car «s'il signa le début de la répression, donnant libre cours aux enfumages, aux tueries aveugles et au basculement d'Algériens vivants dans le vide, du haut de la route longeant les gorges de Kherrata, il signa aussi le début de la fin de l'ordre colonial en Algérie», conclut Mohamed El Hadi Cherif.
APS


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