«Menad a divisé le vestiaire et il n'a même pas l'audace d'assumer ses choix » Même s'il n'était pas du tout surpris par sa non-convocation pour le match choc face au CSC, Hamza Zeddam semble avoir atteint le point de non-retour. Après le départ de son équipe à Constantine, le défenseur mouloudéen a rallié quelques heures plus tard sa ville natale en toute discrétion afin d'assister à la rencontre. C'était une opportunité inouïe de se rapprocher du joueur qui avait décidé, dans un premier lieu, de ne pas commenter sa situation dans les médias. Avant-hier, la coupe semblait pleine pour le champion 2010 qui a finalement décidé de sortir de son mutisme. Le libéro mouloudéen n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur Djamel Menad qu'il accuse de diviser le vestiaire mouloudéen. Pour Zeddam, il est venu le moment de quitter le vieux club algérois après cinq ans de bons et loyaux services. Bien qu'il lui reste un an de contrat, Zeddam compte sur la compréhension de son employeur, Omar Ghrib, afin qu'il lui facilite la tâche pour une séparation à l'amiable. C'est un joueur très atteint psychologiquement par la tournure des événements qui nous a accordé cet entretien dans la salle d'embarquement de l'aéroport Houari-Boumediene. Tout d'abord, vous devez être très emprunté moralement par le fait de ne pas avoir été retenu pour le match de championnat face au CSC. Vous savez, rien ne me surprend plus avec mon entraîneur. Je ne me fais plus d'illusion depuis belle lurette. Et mes convictions se sont raffermies à l'occasion du match de coupe contre l'USMAB. Voyant qu'on ne m'avait pas convoqué pour cette rencontre, qui était déséquilibrée sur le papier, je savais que je n'allais plus jouer. Le coach semble avoir décidé de m'écarter définitivement de ses projets pour des raisons que j'ignore totalement. Vous paraissez très affecté par cette situation assez inédite pour vous. C'est sûr que cela m'a beaucoup affecté. J'ai vécu des moments très difficiles depuis que je suis au Mouloudia mais jamais je me suis retrouvé largué de cette manière-là. J'ai le sentiment qu'on veut me jeter comme une vieille chaussette après cinq ans de bons et loyaux services. Je me suis tant sacrifié pour ce club pour ce résultat-là ! Mais vous avez parlé de votre situation avec Menad... Il fallait bien que je lui parle afin d'avoir une explication plausible sur ma mise à l'écart. Il fallait que je sache ce qui clochait pour éventuellement m'améliorer. Au début, j'étais blessé à l'épaule. Mais par la suite, Menad n'avait plus aucune raison de m'écarter de ses projets. D'ailleurs, ces dernier temps, il n'avait plus le courage de l'annoncer aux joueurs. Il laisse la liste au secrétaire du club qui, lui, se charge à sa place d'annoncer le nom des éléments retenus. Ce qui m'intrigue le plus dans ma situation, c'est le fait que le coach m'avait fait jouer lorsqu'il avait besoin de moi. Contre le Chabab de Batna, Menad s'est rapproché de moi pour me féliciter pour ma bonne prestation. Je croyais que les choses allaient rentrer dans l'ordre. Mais le week-end suivant, je me suis retrouvé éjecté totalement de la liste des 18 sans aucune explication rationnelle. J'aurai préféré que Menad me dise en face qu'il n'a plus besoin de moi, comme ça, je saurai prendre les dispositions qui s'imposent. Contre Aïn Beida, vous avez sollicité Omar Ghrib pour une entrevue. Quelle a été la teneur de vos discussions ? J'ai tout simplement demandé à Ghrib de me libérer car je ne pouvais plus continuer comme ça. Après avoir était capitaine d'équipe, je me retrouve largué à la rue. C'est inconcevable et intolérable. On vous a reproché, lors du match contre l'USMBA, d'avoir failli à votre mission en étant même coupable de la défaite de votre équipe. Alors là, c'est complètement absurde. Heureusement que tout le monde a suivi en direct le match sur le petit écran. Tous les observateurs ont constaté que notre équipe subissait les assauts des joueurs de Bel Abbès qui ont usé de balles aériennes. Nous avons regagné la première mi-temps avec l'avantage au score. Mais qu'a fait Menad durant la seconde période qui est celle du coach ? Je pense qu'il est tout aussi responsable de cette défaite car il n'a fait qu'enchaîner les mauvais choix et les mauvaises décisions. Il aurait pu, par exemple, renforcer le milieu de terrain ou bien la défense. Mais il a décidé de réagir après avoir pris deux buts. Est-ce que vous pensez que c'est la fin de votre aventure au Mouloudia ? Je le pense. Après cinq années passées au club, je pense qu'il est venu le moment de changer d'air. Dans ma tête, c'est décidé même s'il y a un changement de staff technique à la fin de la saison. Dans la carrière d'un joueur, il faut savoir tirer sa révérence au bon moment. Ne pensez-vous pas que la venue d'Amine Aksas est pour beaucoup dans votre mise à l'écart ? Non, je ne le pense pas. Le club a le droit de recruter et de se renforcer. Aksas est un chic type qui doit lui aussi défendre ses intérêts. C'est aussi cela la concurrence dans le monde professionnel. Je n'ai d'ailleurs aucun problème avec Aksas. Mon problème est avec le coach, un point c'est tout. Mais durant votre parcours au MCA, vous avez été conforté à une situation similaire sous la coupe de Zekri, n'est ce pas ? Effectivement. J'avais un grand différend avec Zekri qui m'avait sévèrement critiqué. Mais après avoir eu une discussion franche avec lui, tout est rentré dans l'ordre car qu'on le veuille ou pas, Zekri est à l'écoute de ses joueurs. Et je vais vous dire une chose. Depuis que je suis au Mouloudia, Zekri est l'un des meilleurs entraîneurs, avec Michel, avec qui j'ai travaillé. Ce qui n'est pas le cas de Menad lequel par son attitude a réussi à diviser le vestiaire de l'équipe. Pourquoi n'avez-vous pas quitté le club au mércato ? Je voulais le faire mais à cause des Chnaouas qui m'apprécient beaucoup j'ai décidé de rester. Et je peux vous dire que j'ai eu des contacts des équipes algéroises et d'autres formations de la Ligue 1. Mais je ne me suis dit qu'il ne fallait pas partir comme ça par la petite porte. Si je pars, je veux le faire par la grande porte. Par le passé, vous avez eu des propositions très alléchantes émanant des pays du Golfe. Il un an et demi, j'ai reçu une offre officielle de l'équipe saoudienne d'Al Nasr. Je pouvais signer pour une somme de 7 milliards de centimes. Ghrib m'avait dit qu'il avait besoin de moi. A partir de là, je n'ai pas trop insisté. Si l'argent était mon leitmotiv, j'aurai décroché des contrats plus juteux ailleurs. Mais je ne l'ai pas fait par amour pour le Mouloudia et, surtout, ses supporters qui m'ont toujours soutenu. Certains disent que vous avez des rapports privilégiés avec Omar Ghrib. Pas du tout. Il y a un respect mutuel entre nous. J'ai essayé d'aider au mieux Ghrib lorsque la crise avait atteint son paroxysme. Il fallait maintenir le groupe en dehors des conflits. Je l'ai fait sans le moindre problème car je savais que Ghrib était l'homme de la situation. Et le temps m'a donné raison. Ghrib sait qu'il pourra toujours compter sur moi. Je lui tire chapeau car, malgré tout ce qui s'est passé au club, il a pu préserver l'équipe. Et c'est grâce à son abnégation que le club est en train de jouer pour une place en Ligue des champions et encore qualifié en Coupe d'Algérie. Etant sous contrat pensez-vous qu'on va vous libérer aussi facilement ? Justement. J'espère que Ghrib se montrera compréhensif en me facilitant la tâche. Je suis persuadé qu'on trouvera une solution qui arrangerait les deux parties. Face à cette situation, quelle a été la position de vos proches et de vos amis ? C'est grâce à mes parents que j'ai pu remonter la pente. Même si mes parents ne suivent pas le football, ils m'ont demandé de rentrer au bercail tout en gardant ma place propre. Mes amis m'ont demandé, bien évidemment, de revenir au CSC. Et lorsque vous remémorez votre parcours au MCA, quels sont les moments qui ont marqué votre esprit ? Sans hésitation, c'est le titre que nous avons décroché en 2010. Cette année-là, j'ai réussi une performance hors norme puisque j'avais joué tous les matches de championnat sans manquer une seule seconde. Je n'avais reçu que deux ou trois cartons jaunes tout au long de mon parcours. Fracturé au nez, j'avais joué blessé contre le NAHD car je ne pouvais pas laisser mon équipe dans des moments cruciaux. Et voilà comment je me retrouve maintenant. Votre plus mauvais souvenir ? Le match nul que nous avons concédé à domicile contre le CSC. Le but égalisateur de Lemaïci dans le temps additionnel avait failli me pousser vers la porte de sortie. A cette période, j'allais quitter l'équipe car je ne pouvais plus accepter qu'on porte atteinte à mon intégrité morale. Mais grâce au soutien de mes camarades et des supporters, j'ai pu me ressaisir et remonter cette période très délicate que je ne pourrais jamais oublier. On imagine que si vous partez ce serait bien de quitter le Mouloudia en brandissant la Coupe d'Algérie. C'est sûr que cela me permettra de partir par la grande porte. Ce sera un rêve fabuleux. Tout est possible dans la mesure où nous avons cet avantage de jouer chez nous au 5-Juillet même si nous avons hérité d'une partie du tableau très compliquée. On parle avec insistance de votre retour au CSC. Pour éviter de froisser les susceptibilités des Chnaouas, il est évident que ne vais pas opter pour des clubs du Centre. Il n'est, donc, pas exclu que je revienne dans ma ville natale auprès de mes parents. Mais tout se décidera à la fin de la saison. Je reste à la disposition du club si on a besoin de moi bien évidemment. Mais comme je vous l'ai dit, je ne me fais plus d'illusion. Je sais que je ne jouerai plus sauf si les conjonctures obligent le coach à faire appel à mes services. « J'aurai aimé que le coach me dise en face qu'il n'a plus besoin de moi » « En enchaînant les mauvais choix, Menad est tout aussi responsable de la défaite face à l'USMBA » « Après cinq ans au club, j'ai décidé de partir à la fin de la saison » « Si j'étais intéressé par l'argent, j'aurai opté pour Al Nasr Saoudi pour 7 milliards » « Il est probable que je revienne dans ma ville natale et au CSC » « Bien que j'aie eu un différend avec Zekri, je le considère comme le meilleur entraîneur que j'ai eu au club » « Je compte sur la compréhension de Ghrib pour une séparation à l'amiable » « Par respect aux Chnaouas, je ne jouerai pas dans un club de la capitale »
