Zemmamouche estime avoir été renié par l'USMA Abdouni ne pardonnera jamais aux dirigeants du Mouloudia Une des particularités de cet énième derby, c'est la présence dans les buts des deux camps de deux gardiens qui, il y a quelques mois seulement, portaient tous les deux mêmes couleurs, celles de l'USMA. Vous l'aurez deviné, il s'agit de Mohamed-Amine Zemmamouche et de Merouane Abdouni. Le premier cité, pur produit des Rouge et Noir, a décidé, l'été dernier, de claquer la porte pour aller monnayer ses services chez le frère ennemi. Un départ qui a directement relation avec le retour à la compétition, après deux ans de suspension, de Abdouni, et qui a suscité le courroux de certains Usmistes, d'autant que Zemmamouche n'a pas hésité, juste après avoir signé son contrat au Mouloudia, de tirer à boulets rouges sur quelques dirigeants les accusant, entre autres, d'avoir comploté sur son dos pour favoriser son coéquipier. Se sentant directement visé, Abdouni a préféré se taire dans un premier temps et ne pas entrer dans cette polémique. Mais lorsque Zemmamouche a remis ça depuis la Pologne où il était en stage avec le MCA, le gardien des Rouge et Noir, alors à Lisses avec l'USMA, s'est interrogé sur les raisons qui poussent son ex-coéquipier à s'acharner de la sorte sur sa personne et sur le club, et s'est demandé si Zemmamouche ne développerait pas finalement un complexe envers lui. Bref, les deux portiers ne sont pas en odeur de sainteté et, aujourd'hui, chacun a choisi son camp. Ils se retrouveront enfin face-à-face demain à l'occasion de ce grand rendez-vous et tous les deux seront animés du même sentiment, prendre une revanche sur tout ce qui sera en face. Abdouni ne pardonnera jamais aux dirigeants du Mouloudia Abdouni n'a pas oublié comment le Mouloudia l'a laissé tomber et sombrer seul au fond du gouffre depuis ce 4 mars 2007 et ce maudit match contre Kwara United. L'équipe dirigeante de l'époque n'a rien fait pour le défendre et personne parmi les responsables du MCA, qui se sont succédé par la suite à la tête du club, ne lui a tendu la main. Délaissé et abandonné, l'ex-Harrachi avait fini par abdiquer, jusqu'à ce que Allik ne vienne à son secours, malgré la manière avec laquelle Abdouni avait quitté l'USMA pour le Mouloudia. Il le récupère, et depuis la levée de sa suspension, le gardien usmiste n'a qu'une seule idée en tête : revenir à son meilleur niveau et prendre sa revanche sur tous ceux qui ont été responsables de ses déboires. Zemmamouche estime avoir été renié par l'USMA Le cas de Zemmamouche ne diffère pas trop de celui de Abdouni, puisque lui aussi estime que l'USMA l'a renié après le retour à la compétition de son principal rival et ce, en dépit d'une saison exceptionnelle effectuée l'an dernier, et de plusieurs années de fidélité où il avait traversé des moments très difficiles. Mais contrairement au Mouloudia pour le cas de Abdouni, l'USMA a tout fait pour le garder. Jusqu'à la dernière minute, les responsables usmistes avaient essayé de le faire revenir sur sa décision d'aller au MCA, en vain. Zemmamouche s'était rendu compte que la cohabitation avec Abdouni était devenue impossible et, en plus, selon lui, certains dirigeants le poussaient en même temps vers la porte de sortie. Même si les deux gardiens refusent de l'avouer, demain, chacun d'eux aura à cœur de prendre sa revanche. B. M. ----------------- Zemmamouche : «Allik est comme un père pour moi, mais je défendrai les couleurs du Mouloudia à fond» * Que pensez-vous de cette équipe de l'USMA? C'est une très bonne équipe. Après avoir effectué un mauvais début de saison, l'USMA est revenue en force. C'est une équipe qui possède des joueurs talentueux, des joueurs qui ont de l'expérience et capables de faire la différence à n'importe quel moment. J'étais à l'USMA, et j'ai pu le constater. Les gens disent que l'USMA est une équipe vieillissante, mais la réalité est tout autre. Je vous assure, ils ne sont pas encore finis. * Il y aura donc une différence qui sera peut-être ressentie sur le plan de l'expérience, vu que votre équipe est constituée en majorité de jeunes… Nous avons une bonne équipe. En face, il y aura l'expérience, mais nous allons être plus que motivés pour remporter ce derby. La volonté est très importante dans ce genre de match. Le Mouloudia a rajeuni son effectif par rapport à la saison dernière puisqu'il ne reste que quatre piliers dans l'équipe. Je profite de cette occasion pour donner un conseil aux jeunes qui vont prendre part à ce derby pour la première fois : «Profitez de la chance qui vous est donnée, c'est une occasion pour vous faire un nom», comme je l'ai fait moi, en 2005. * Si vous nous racontiez un peu le fameux match aller de la saison 2005-2006. C'était votre premier derby, comment l'avez-vous vécu ? C'était un peu spécial. J'étais concentré sur le match, seulement quelques heures avant le derby, j'ai repris mon sérieux car, avant, je rigolais un peu. Une fois sur le terrain, j'ai été surpris de voir un stade du 5-Juillet plein à craquer avec plus de 80 000 spectateurs, et le stade était tout rouge avec les fumigènes qui fusaient de partout. C'était la première fois que je jouais dans un tel contexte. Par le passé, lorsque je voyais ces matches à la télé, je rêvais d'y être. Dieu merci, mon rêve a été exaucé. En tout cas, je peux vous assurer que c'est quelque chose de particulier. C'est donc ce match qui m'a révélé. * Vous tenez rancune à l'USMA, après avoir quitté ce club dans des conditions particulières ? Non, pas du tout. Je suis un fils de bonne famille. Je ne tiens pas rancune à l'USMA car c'est le club qui m'a permis de me faire un nom. J'y ai vécu des moments inoubliables, mais maintenant, je suis au Mouloudia et je défendrai les couleurs de mon club à fond. * Vous avez déjà déclaré dans ces mêmes colonnes que vous aviez quitté l'USMA à cause du secrétaire Laroussi… Personnellement, je ne veux pas revenir sur cette affaire. Moi, je ne suis pas comme certains joueurs qui ne disent pas les choses en face. Si j'avais un problème avec Allik, je le dirais. Je n'ai pas eu le moindre problème avec lui. Je le considérais comme un père car il était à mes côtés dans les moments difficiles. D'ailleurs, les joueurs me taquinaient en me disant : «Ton père Allik.» * Et Abdouni… Oui, j'ai eu un problème avec lui, mais je ne suis pas un ingrat. Il m'a aidé lui aussi. C'est un grand gardien qui reste un ami et, si je l'ai touché par mes déclarations, je lui demande pardon. En tout cas, je me concentre sur le match uniquement. Tout ça, c'est du passé. * Pour conclure, vous allez avoir en face Daham, Achiou et Dziri… Ce sont de très bons joueurs, surtout Dziri qui est un joueur exemplaire. Idem pour Achiou. Daham, même s'il m'a inscrit deux buts en finale, j'ai pu lui faire face lors du premier match que j'ai joué en arrêtant net son face-à-face. Entretien réalisé par Hamza Rahmouni ----------------- Abdouni évite toute déclaration Si Zemmamouche n'a pas trouvé d'inconvénient de s'exprimer avant ce match, Abdouni a préféré ne faire aucune déclaration. «Vous m'excusez, mais je ne veux pas parler avant la rencontre», s'est-il contenté de dire. Le gardien usmiste veut sans doute éviter d'entrer dans une nouvelle polémique qui risque de le déstabiliser ou de le déconcentrer avant le match, et se montre aujourd'hui très prudent dans ses déclarations au risque de le regretter, comme ce fut le cas lorsqu'il était au Mouloudia où il n'hésitait pas à tirer sur tout ce qui bouge. Aussi, il faut le dire, sa seule préoccupation en ce moment, c'est de montrer, à l'occasion, qu'il n'est pas fini et qu'il est toujours là. Il sait bien, en effet, que ce sont ces rendez-vous-là qu'il ne faut pas rater, et pour ce faire, il a besoin d'un maximum de concentration ou éviter à tout le moins de disperser son énergie dans des détails autrement inutiles. D'autant qu'il a connu un début de saison très difficile où on a même remis en cause certaines de ses prestations lors des trois premières défaites de son équipe. Abdouni a été victime, en effet, d'une mauvaise préparation en France à cause de l'absence de son entraîneur qui n'a pu faire le déplacement, faute de visa. C'est tout le contraire de Zema qui a fait, jusque-là, un sans-faute avec ses nouveaux coéquipiers, parvenant même à préserver ses buts vierges durant sept matchs. Il avait bénéficié d'une meilleure préparation que son ex-coéquipier et, psychologiquement, il était évidemment dans un meilleur état. Mais depuis un certain temps, Abdouni a nettement progressé. Il a perdu beaucoup de poids et se sent beaucoup mieux physiquement. Il revient peu à peu à son meilleur niveau et se montre plutôt plus rassurant dans les bois. On ne sait pas quelle sera sa réaction lorsqu'il découvrira ce matin les propos de Zemmamouche où il lui demande des excuses, mais connaissant l'homme, il n'y sera certainement pas insensible. En tout cas, Abdouni réserve sa réponse sur le terrain. B. M.
