«On doit se rattraper en remportant la Coupe d'Afrique» * Par où voulez-vous qu'on commence ? Par l'accueil chaleureux qu'on nous a réservé à notre retour au pays et ces fidèles supporters qu'on ne peut regarder dans les yeux après avoir gâché le rêve de 80 millions d'Egyptiens qui espéraient voir leur équipe dans la cour des grands à l'occasion du prochain Mondial. Cette image de supporters en grand nombre m'a secoué, c'était comme si on était rentrés au pays avec le billet qualificatif au Mondial. Je me suis rendu compte à quel point le public égyptien savait valoriser les efforts que nous avons fournis. C'est la première fois que cela arrive et cela bien que le public ait été déçu par nos résultats. * Vous parlez avec une certaine tristesse… Je sais que les supporters égyptiens ont passé l'éponge et pardonné aux joueurs d'avoir gâché leur rêve de voir le drapeau d'Egypte hissé au Mondial. Sachez que nous les joueurs, on ne se pardonne pas d'avoir raté la participation au Mondial. Nous avons tout fait pour réaliser ce rêve et fourni beaucoup d'effort durant tout notre parcours. On méritait de nous qualifier puisqu'on est les meilleurs. Nous sommes plus aptes à représenter le monde arabe dans un événement aussi grandiose. Mais la chance nous a tourné le dos dans le dernier match. Si cette rencontre s'était déroulée dans des conditions différentes que celles de Khartoum, on aurait gagné avec moins d'efforts. * Parlez-nous des conditions dans lesquelles s'est déroulé le match ? En réalité, la pression des médias et du public nous a quelque peu perturbés. Elle nous a fait perdre notre concentration et nous a fait tomber dans le jeu de l'Algérie, oubliant jusqu'à notre stratégie de jeu. Je ne m'attendais pas à une pareille issue, on ne méritait pas de perdre. L'Algérie nous est inférieure, ce n'est pas une équipe qui peut battre le champion d'Afrique. La déception des joueurs à la fin du match était indescriptible, mais je n'oublierai pas ce qui s'est passé aux vestiaires. * Que voulez-vous dire par là ? A la fin du match, tout le monde a éclaté en sanglots. On était tristes et déçus. En entrant dans les vestiaires, on a trouvé Hassen Shehata assis sur son siège en pleurs. Cette image m'a bouleversé. Ça aurait pu être pire, heureusement que la venue des deux fils du président et l'appel du président lui-même ont fait baisser la tension. La réunion qu'ont tenue Gamel et Alaâ Moubarak nous a redonné goût à la vie. On ne peut pas oublier leurs propos : «Levez vos têtes, vous êtes des hommes… Vous avez honoré l'Egypte, on ne peut attendre plus que ça de vous.» * Y a-t-il eu un relâchement de la part des joueurs ? Je ne vous cache pas qu'il y a eu un relâchement de la part des joueurs. Comme je vous l'ai dit, nous n'avons pas joué sur notre vraie valeur et nous n'avons pas pu imposer notre manière aux Algériens. Les incidents qui ont émaillé le match et les provocations des joueurs algériens nous ont perturbés, nous faisant perdre notre concentration. Tout le monde doit savoir que la déception des joueurs est beaucoup plus grande que celle des supporters. Tout le monde rêvait de voir l'Egypte au Mondial. * Croyez-vous que cette génération est finie ? Je suis contre ce terme, car il est loin de la réalité. Le football ne connaît pas de telles choses. Il est impossible que toute une génération disparaisse en même temps. Il faut penser à l'avenir et cette équipe est capable de donner de nouveau de la joie à son public. Le fait que des joueurs comme Al Hadary, Ahmed Hassan, Mohamed Baraket, Aboutrika et Wael Gomâa aient raté leur rêve de qualifier l'Egypte à la Coupe du monde ne fait pas que la sélection ne pourra plus participer à une Coupe du monde. En football tout est possible. * Mais certains joueurs ne veulent plus jouer pour la sélection… Il faut comprendre que la décision de prendre une retraite internationale ne revient pas au joueur seul. Le joueur est comme un soldat. S'il est appelé pour une mission nationale, il doit répondre présent. Je crois que parler de ce sujet est prématuré. Nous les joueurs, on veut jouer encore pour l'Egypte. On doit se rattraper en remportant la Coupe d'Afrique par exemple. In Al Goumhouria
