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Les déchets ménagers : Oran, une ville exemplaire
Publié dans Le Financier le 12 - 11 - 2010

Jamais la ville d'Oran n'a vu autant ses déchets étalés sur la place publique, au sens propre, c'est-à-dire physique du terme et au sens figuré.
Jamais la ville d'Oran n'a vu autant ses déchets étalés sur la place publique, au sens propre, c'est-à-dire physique du terme et au sens figuré. La presse est le témoin des réunions qui se succèdent pour faire un état des lieux qui, finalement, ne changent pas et risquent de ne pas changer avant longtemps.
Il y a de plus en plus de déchets dans les rues de la ville. La solution ne diffère pas du problème, il faut de plus en plus de moyens. Or, les moyens s'usent et finissent immanquablement par manquer. La toute dernière remise en état du parc, décidée par le wali, quoique dictée par l'urgence d'une situation désastreuse, ne peut et ne sera que provisoire. Il suffit pour s'en convaincre de faire un tour du coté du parc ou de consulter les archives communales pour se rendre compte, que c'est là, un véritable tonneau des danaïdes. «La gestion des déchets cumulés d'année en année d'une ville comme Oran, est un véritable gouffre financier qui engloutit des sommes colossales sans jamais rien rapporter à la ville, même pas la propreté», nous dira un cadre de la Commune d'Oran En fait, l'argent part simplement en fumée dans la décharge d'El-kerma. Le traitement des déchets qui se limitent à l'enlèvement et à l'incinération coute très cher. Les budgets destinés au traitement des déchets ménagers représentaient, en 2002, à 7 % du PIB, soit environ de 3,5 milliards de dollars, ces dépenses ont diminué en 2007, jusqu' à 5,21 % du PIB, soit 2,6 milliards de dollars. Cette réduction des budgets qui, pour l'instant consiste presque partout en Algérie à transformer les déchets en fumées quelques fois directement sur site, plus souvent en décharge.
Quelles quantités produisons-nous ?
De quoi sont faits nos déchets ?
Comment les collecter ?
Que peut-on faire ?
Des questions auxquelles devait répondre l'expertise réalisée dans le cadre de la coopération Algero-allemande et qui portait le pompeux titre «Oran ville pilote pour la propreté», étude confiée à un bureau d'expertise marocain et démarrée en octobre 2009. Normalement, elle devait aboutir à la présentation du nouveau schéma directeur de la collecte des ordures en juin 2010. Pour l'instant, les résultats de cette expertise même dans sa partie collecte synthèse et analyse des données, sont un secret, puisque jusqu'à ce jour aucune donnée n'a été rendue publique. «Oran est sale, mais pas plus que ne le sont toutes les villes d'Algérie quelles soient grandes ou petites» nous dira un universitaire spécialisé dans l'environnement. Selon l'Agence Nationale des Déchets en Algérie, la production de déchets ménagers est estimée à 11 millions de tonnes/ an, chiffre bien entendu en constante augmentation Les prévisions les plus optimistes prévoient 16 millions de tonnes en 2020. La production moyenne est de 0,7 kg/ habitant et par jour dans les grandes villes, contre 0,5 kg/ habitant et par jour dans les villes plus moyennes. La typologie des déchets (70% du contenu d'une poubelle algérienne est d'origine organique).
A qui la faute ?
«D'abord aux pouvoirs publics, les questions des déchets n'ont commencé à être sérieusement prises en compte que dans les dix dernières années. Mais la responsabilité des pouvoirs publics ne s'arrête pas seulement à la prise en compte des détritus. Elle est encore plus importante pour ne pas dire plus grave dans le laisser faire d'un modèle de consommation imposé par la parabole et les lobbys de l'importation. Modèle qui a imposé le suremballage» nous dira notre spécialiste. Une logique commerciale qui a encore de bien beaux jours devant elle, aucun dispositif réglementaire ne semble prévu pour venir freiner la consommation des emballages jetables. «Pour preuve, rendez vous donc à l'épicerie du coin à la superette ou à l'hypermarché et compter donc la multiplication des emballages que l'on vous offre. D'ailleurs si vous tentez de la refuser on se chargera de vous faire la morale «A'Sotra Mliha», ce qui permettra au vendeur de vous rajouter d'office un autre sac de plastic» souligne Amina militante écologique. Le niveau actuel moyen de production des déchets ménagers est de 350 kg/an/habitant. Le rêve que caresse le ministère de l'Environnement est de réduire la production d'ordures ménagères de 5 kg par habitant et par an pendant cinq. Reste à savoir comment réduire cette quantité lorsque la publicité invite à consommer plus de produits dans de nouveaux emballages du type Tetrapack quasiment impossible à récupérer ou à transformer.
Le temps béni du GNL16
«Oran est sale, cela n'est pas nouveau, elle le restera encore longtemps, car finalement, la plus grande Commune d'Algérie n'est qu'une ville de l'arrière pays comme le sont d'autres villes. Elle ne pourra jamais être la vitrine que l'on veut bien nous faire croire, pour la simple raison qu'elle n'a pas les moyens de sa politique» souligne un élu de la ville. D'ailleurs les quelques chiffres rendus publics parlent d'eux même. La ville d'Oran produit quotidiennement près de 1.000 tonnes de déchets ménagers en période basse. En été, ce volume double carrément pour dépasser allégrement les 2.000 tonnes. Selon les responsables du secteur de l'hygiène, pour espérer assurer une collecte convenable de ces déchets, il faut disposer de 60 à 70 bennes-tasseuses opérationnelles d'au moins 12 m3 chacune et bien évidemment le personnel qui va avec. Or, la Division Communale de l'Hygiène dispose aujourd'hui de 48 bennes - tasseuses, dont la capacité est de 8m3 dont à peine une dizaine est, en ce moment, opérationnelle, le reste étant immobilisé pour réparation. A supposer que l'ensemble des camions soit opérationnel et même si l'on rajoute les malheureux moyens de l'EPIC «Oran Propre» cela n'équivaudra qu'au tiers des moyens de l'entreprise algéroise du nettoiement NET COM par exemple. Une entreprise sous tutelle de la Direction de l'Environnement de la Wilaya d'Alger, qui gère actuellement 28 sur les 57 Communes que compte la Wilaya. Ce qui représente environ 2.000 tonnes de déchets/ jour. Net Com qui, dit on a largement bénéficié des largesses de l'état, compte un parc de 320 véhicules, et 5.000 agents pour la collecte et le nettoyage urbain. Tout cela, bien entendu, ne fait pas d'Alger une ville propre. «Dans cette logique, l'augmentation des moyens humains et matériels que sollicitent à corps et à cris les responsables de l'hygiène et du nettoiement du groupement d'Oran ne changera pas forcément la donne», souligne notre élu. Certes un plan national de gestion des déchets solides ménagers (PROGDEM), avait été bel et bien lancé dans le cadre du précédent plan de relance économique 2005/2009 et visait à assurer la collecte et le nettoiement dans les villes en atteignant un taux de collecte de plus de 90 %; A l'exception de la période faste du GNL16, ou l'argent coulait à flot, jamais Oran n'a atteint ce taux.
Les déchets, un problème structurel
«Indéniablement, la solution n'est donc pas dans la surenchère mais, bel et bien, dans la résolution des problèmes structurels. En terme plus clair, il faut que les déchets rapportent. L'expérience de par le monde a prouvé que l'hygiène des villes n'est effective qu'à partir du moment où les gisements de détritus sont valorisés. C'est-à-dire à partir du moment où ils deviennent des marchandises monnayables sur un marché», souligne notre expert, cela «tous les responsables, qu'ils soient locaux ou nationaux, le savent bien» ajoutera t'il. L'objectif affiché du PROGDEM est, là aussi, bien ambitieux puisqu'il se propose d'organiser et de développer la filière de «tri-recyclage-valorisation» pour atteindre un taux de 20 % de récupération des déchets générés dans l'immédiat, pour passer à un taux de recyclage de 35 % en 2012, 45 % en 2015 et 75 % pour les déchets d'emballages ménagers et les déchets d'entreprises. Selon l'Agence de traitement des déchets, l'Algérie pourrait, à terme, récupérer et recycler 760.000 tonnes de déchets par an dont 385.000 t/an de papier, 130.000 t/an de plastique, 50.000 t/an de verre et 95.000 t/an de matières diverses. «Si les lobbys de l'import le veulent bien» note notre universitaire. L'énormité du gisement de matière première permettrait à bien des usines de tourner, si l'on prend la peine de le valoriser. L'essentiel de notre poubelle est incinéré ou mis en décharge, alors que beaucoup de choses pourraient être faites. De nombreuses filières de tri et de recyclage doivent être mises en place. C'est le cas pour les piles et autres accumulateurs, les pneus usagés, les déchets électriques et électroniques «En fait, c'est tout un système qu'il faudrait installer», souligne un expert du ministère de l'Environnement. «Sa mise en place sera certainement difficile parce que de plus en plus de réseaux s'installent en marge d'une réglementation encore balbutiante, Mais aussi et surtout parce que les collectivités locales ; les lobbys politiques comme les industriels freinent des quatre fers la mise en place d'une écotaxe incitative qui viendrait réduire les déchets et favoriser la récupération et le recyclage» ajoutera t'il. Le traitement des ordures laisse beaucoup à désirer cela même les gens en charge de l'environnement le savent bien. Mais c'est parce que le problème n'est pas seulement celui de l'administration, mais celui de toute la société qui doit se rendre compte qu'elle ne peut plus fonctionner selon le seul binôme consommer et jeter.


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