La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a indiqué que la croissance économique américaine s'améliorait mais restait modérée. "L'activité économique a progressé à un tempo modéré de fin février à début avril", indique le Livre beige, rapport de conjoncture réalisé sur la base des renseignements glanés par les antennes locales de la Réserve fédérale. Dans son édition précédente, publiée au début du mois de mars, le Livre beige qualifiait le rythme de la croissance de "faible à lent". "La plupart des régions ont noté une hausse de l'activité manufacturière", indique le nouveau rapport de la Fed, relevant "une force particulière" dans les industries "liées à la construction de logements et à l'automobile". "Les dépenses de consommation des ménages ont progressé faiblement" et, dans certaines régions, "la hausse des prix de l'essence, l'expiration de la réduction temporaire des charges sociales salariales (début janvier, ndlr) et un temps hivernal" ont été perçus comme des facteurs pesant sur la progression des ventes des magasins, écrit la Fed. "La demande pour les services non-financiers a augmenté légèrement", note encore la banque centrale, précisant que ses services ont constaté dans "la plupart des régions" une amélioration notable dans les secteurs du logement et de l'immobilier commercial. D'une manière générale, les interlocuteurs de la Fed restent "optimistes" pour l'évolution de la reprise économique aux Etats-Unis, indique le Livre beige. Selon eux, la croissance devrait se poursuivre "à la même vitesse ou légèrement plus rapidement", en dépit du maintien d'"une certaine incertitude" relative à l'évolution de la politique budgétaire américaine et de la mise en œuvre de la loi de réforme de l'assurance-santé. Un dirigeant de la Fed entrevoit une décennie perdue pour l'épargne Un dirigeant de la banque centrale américaine (Fed), Narayana Kocherlakota, a évoqué le risque d'une décennie perdue pour les épargnants aux Etats-Unis. La faiblesse des taux d'intérêt réels est appelée à durer, a expliqué M. Kocherlakota lors d'une conférence à New York dont la Fed a publié la transcription. Les taux d'intérêt réels correspondent aux taux d'intérêt nominaux (soit ceux qui sont annoncés sur un contrat d'épargne par exemple ou prévus pour un emprunt) défalqués des effets de l'inflation prévue sur la période correspondante. Ils sont aujourd'hui négatifs. Alors que le taux d'intérêt réel à cinq ans était de 2,5% avant le déclenchement de la crise en 2007, il est aujourd'hui de -1,3%, indique M. Kocherlakota, ce qui signifie qu'une personne épargnant 100 dollars renonce à 100 dollars de pouvoir d'achat aujourd'hui pour n'en récupérer qu'environ 94 dans cinq ans. A dix ans aussi, le taux d'intérêt réel est négatif (-0,7%). Pour M. Kocherlakota, la faiblesse actuelle des taux d'intérêt réels est la conséquence du durcissement des conditions d'accès au crédit, de la fragilité de la reprise économique et de la montée de l'endettement public, qui ne pourra être enrayée qu'en augmentant les impôts ou en réduisant les dépenses de l'Etat. Ces trois facteurs incitent les ménages à épargner davantage, en vue d'emprunts futurs pour l'achat d'un logement, par exemple, ou tout simplement pour se protéger, et tout cela concourt à une augmentation de la demande pour des actifs financiers sûrs, aux rendements nécessairement bas, ce qui fait baisser les taux, explique-t-il. M. Kocherlakota estime que les restrictions à l'octroi du crédit et l'inquiétude des ménages et des entreprises vis-à-vis de l'évolution de l'économie et de l'endettement des Etats-Unis sont là pour rester longtemps, probablement pendant les cinq à dix années qui viennent. Selon lui, compte tenu de ces éléments, de la faiblesse attendue de l'inflation et du niveau encore très élevé du chômage, la Fed, qui pratique déjà une politique monétaire ultra-accommodante pour soutenir la reprise, va se retrouver contrainte pendant de longues années encore (...) de maintenir des taux d'intérêt réels faibles pour atteindre ses objectifs de plein emploi et de stabilité des prix.