Après dépouillement de 95,03% des bulletins de vote, l'oligarque Piotr Porochenko est en tête de la présidentielle ukrainienne anticipée avec 54,45% des voix, a annoncé hier la Commission électorale centrale d'Ukraine. L'ex-première ministre Ioulia Timochenko est deuxième avec 12,88% des voix, devant le chef du Parti radical Oleg Liachko (8,38%), le député Anatoli Gritsenko (5,46%), le candidat indépendant Sergueï Tiguipko (5,28%) et le candidat du Parti des régions, Mikhaïl Dobkine (3,06%). Près de 35,5 millions d'Ukrainiens étaient appelés aux urnes dimanche dernier pour élire le nouveau président du pays pour un mandat de cinq ans. Au total, 21 candidats étaient en lice. Le taux de participation à la présidentielle a atteint 60,36%. Le scrutin s'est déroulé sur fond de crise sociopolitique profonde et d'opération dite antiterroriste menée par Kiev dans le sud-est du pays. Les dénommées "républiques populaires" de Donetsk et de Lougansk ayant proclamé leur indépendance vis-à-vis de Kiev ont refusé de prendre part à l'élection. A la veille du vote, les autorités ukrainiennes ont reconnu qu'il était impossible d'organiser le processus électoral dans certains districts des régions de Donetsk et de Lougansk, qui avaient auparavant proclamé leur indépendance vis-à-vis de Kiev.
Kiev espère une "approche constructive" de Moscou L'Ukraine espère que la Russie adoptera une position constructive à l'égard des résultats de l'élection présidentielle anticipée organisée en Ukraine dimanche 25 mai, a déclaré à Kiev le porte-parole de la diplomatie ukrainienne Evgueni Perebiïnis. "Nous avons écouté la déclaration du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Celui-ci a indiqué que la Russie respectait le choix du peuple ukrainien, mais cette déclaration a été accompagnée de plusieurs "mais". Nous espérons cependant que la Russie adoptera une position constructive face aux résultats de l'élection", a annoncé le porte-parole au cours d'une conférence de presse. Kiev espère également que Moscou reconnaîtra les évaluations du scrutin de dimanche faites par les observateurs internationaux. Selon M.Perebiïnis, une telle démarche pourrait contribuer à la désescalade de la tension et à la stabilisation en Ukraine.
Moscou compte sur une politique intérieure plus constructive Moscou espère que l'élection présidentielle en Ukraine conférera à la politique intérieure un caractère plus constructif, a annoncé hier le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Selon la diplomatie russe, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine s'est entretenu hier avec le chef de la représentation de l'Union européenne à Moscou Vigaudas Oušackas. "Les deux parties ont exprimé l'espoir que la présidentielle du 25 mai marquerait le début d'une nouvelle période plus constructive dans la vie politique intérieure de l'Etat ukrainien", indique le communiqué. "La partie russe a souligné la nécessité de mettre immédiatement un terme aux actions militaires dans le sud-est de l'Ukraine et d'entamer le dialogue avec les représentants de la population de cette région. Il a été également signalé que la mission des observateurs de l'OSCE devait adopter une position plus active en conformité avec les principes concertés le 17 avril à Genève et de la "feuille de route", visant la désescalade de la situation en Ukraine", souligne le communiqué.
Poutine exige la fin de l'"opération punitive" Le président russe Vladimir Poutine insiste sur la nécessité de mettre fin à l'opération dite antiterroriste menée par les autorités ukrainiennes dans le sud-est du pays, a annoncé hier le Kremlin. "Le président russe a souligné qu'il était nécessaire de mettre un terme à l'opération militaire punitive dans les régions sud-est (de l'Ukraine) et d'engager un dialogue pacifique entre Kiev et les représentants des régions", a annoncé le Kremlin dans un communiqué diffusé au terme d'un entretien téléphonique entre M.Poutine et le premier ministre italien Matteo Renzi. Les deux dirigeants ont échangé des condoléances à propos de la mort du journaliste italien Andrea "Andy" Rocchelli et de son interprète russe Andreï Mironov dans un tir de mortier à proximité de la ville ukrainienne de Slaviansk (est). Les autorités de Kiev mènent depuis le 15 avril une opération spéciale d'envergure visant à réprimer les manifestations qui ont éclaté dans le sud-est de l'Ukraine suite au renversement du régime du président Ianoukovitch le 22 février dernier. Les forces armées ukrainiennes utilisent des blindés et des avions. Les affrontements entre les troupes gouvernementales et les brigades populaires ont fait de nombreuses victimes des deux côtés.
Plus de 100 morts dans les combats à Donetsk lundi Plus de 50 membres des forces d'autodéfense de la "république populaire" de Donetsk (DNR) et près de 50 civils ont été tués avant-hier dans des affrontements avec les forces régulières ukrainiennes, a déclaré le premier ministre de la république autoproclamée Alexandre Borodaï. "Nos pertes s'élèvent à plus de 50 hommes. Au moins 15 personnes ont péri dans le pilonnage de deux camions qui évacuaient les blessés du champ de bataille à proximité de l'aéroport", a annoncé M. Borodaï aux journalistes devant la morgue d'un hôpital de Donetsk, où l'identification des victimes était en cours. "Deux de nos Kamaz ont été la cible de tirs depuis des hélicoptères et une embuscade au sol. Je rappelle que l'exécution des blessés est contraire à toutes les conventions internationales", a indiqué le responsable. Selon lui, une cinquantaine de civils ont également trouvé la mort dans les hostilités lorsque les membres de l'autodéfense reculaient à travers les quartiers résidentiels de Donetsk. M. Borodaï a promis que la "république populaire" offrirait des indemnisations aux familles des victimes. Les autorités de Kiev mènent depuis le 15 avril une opération spéciale d'envergure visant à réprimer les manifestations qui ont éclaté dans le sud-est de l'Ukraine suite au renversement du régime du président Ianoukovitch le 22 février dernier. Les forces armées ukrainiennes utilisent des blindés et des avions. Les affrontements entre les troupes gouvernementales et les brigades populaires ont fait de nombreuses victimes des deux côtés.
Moscou exige une enquête internationale Le ministère russe des Affaires étrangères demande une enquête équitable impliquant le Conseil de l'Europe sur les cas de violation des droits de l'homme en Ukraine, a déclaré le délégué aux droits de l'homme du ministère russe des Affaires étrangères Konstantin Dolgov. "La partie russe a confirmé son appel à la tenue d'une enquête efficace, transparente et équitable placée sous le contrôle international et impliquant notamment le Conseil de l'Europe, sur les cas de violations flagrantes des droits de l'homme et des crimes contre les civils perpétrés en Ukraine, dont la tragédie d'Odessa survenue le 2 mai 2014. Il a été souligné que les coupables devaient être punis comme ils le méritent", a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué dressant le bilan de la rencontre entre M. Dolgov et Tiny Kox, président du groupe de la Gauche unitaire européenne à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).
L'armée reprend l'opération dans l'est L'armée ukrainienne a repris la phase active de son opération dite antiterroriste dans l'est de l'Ukraine, suspendue pour la présidentielle du 25 mai, a annoncé hier à Kiev le vice-premier ministre ukrainien par intérim Vitali Iarema. "Elle a repris, vous avez vu hier ses résultats", a indiqué M. Iarema devant les journalistes. Selon lui, l'armée continuera son opération "jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucun insurgé sur le territoire ukrainien". Des groupes d'enquêteurs examinent la situation sur les lieux des combats de lundi en vue d'établir leur bilan, a ajouté M. Iarema. Un combat opposant l'armée régulière aux forces d'autodéfense populaire s'est tenu lundi à Donetsk (est). L'aviation a fait reculer les insurgés de l'aéroport jusqu'au centre-ville.
