Les Bourses européennes ont clôturé la semaine en forte baisse avant-hier, Paris, Londres et Francfort touchant même leur plus bas de l'année, plombées par la mauvaise conjoncture européenne, l'avancée de l'organisation Etat islamique en Irak et la dissémination du virus Ebola. "Encouragés par les faibles indicateurs allemands, l'avancée de l'organisation Etat islamique (en Irak), la peur d'Ebola et les craintes d'une mauvaise saison des résultats, les vendeurs ont une nouvelle fois réussi à enfoncer le Dax sous les 9 000 points", une barre symbolique, a résumé Andreas Hürkamp, un analyste de Commerzbank. "Les marchés ont réagi au net affaiblissement des données économiques en Allemagne (...), la locomotive de l'Europe ne parvient pas à tirer le reste du continent vers la reprise et semble plutôt entraînée vers la récession par ses voisins", a expliqué Alastair McCaig, analyste chez IG. Les marchés digèrent en effet une série de chiffres de mauvaise facture en Allemagne qui font planer le doute sur la capacité du pays à stimuler à lui seul l'ensemble de l'économie européenne. "Le contexte géopolitique compliqué est aussi toujours présent, avec comme nouveauté un avant-goût de crainte face à une situation qui pourrait empirer du côté du virus Ebola", a souligné Mikaël Jacoby, responsable du trading Europe continentale de Oddo Securities. "Que les peurs soient justifiées ou non", il faut se rappeler que le virus du Sras "avait plongé les indices boursiers dans les abîmes", a-t-il rappelé. "Et il n'y a aucun catalyseur positif à l'horizon pour remonter la pente", a relevé M. Jacoby. L'Eurostoxx a perdu 1,67%. La Bourse de Paris a perdu 1,64% et fini à son plus bas niveau de 2014, l'indice CAC 40 perdant 67,74 points à 4 073,71 points. Dans ce contexte difficile peu de valeurs ont tiré leur épingle du jeu. Iliad (+2,19% à 159 euros) a profité d'un relèvement de recommandation à "surperformer", contre "neutre" auparavant, par les analystes d'Exane BNP Paribas. Carrefour (+0,31% à 22,96 euros) a également profité d'un relèvement de la sienne par les analystes de Goldman Sachs à "neutre" contre "vendre" auparavant. Airbus a limité la casse (-0,46% à 45,44 euros) grâce à l'annonce de l'engagement par la Chine à acheter 70 moyen-courriers Airbus A320, pour un montant de l'ordre de 6,6 milliards de dollars au prix catalogue. Technip en revanche a perdu 4,02% à 60,48 euros, plombé par un abaissement de recommandation à "conserver", contre "acheter" auparavant, par les analystes de Berenberg. La Bourse de Londres a clôturé à son plus bas niveau depuis un an, à -1,43%, l'indice FTSE-100 des principales valeurs chutant de 91,88 points à 6 339,97 points. La crise provoquée par Ebola a déclenché une nouvelle vague de vente des actions des compagnies aériennes, des groupes hôteliers et des secteurs du voyage. L'agence de voyage TUI Travel a chuté de 3,67% à 343,8 pence, l'organisateur de croisières de luxe Carnival a cédé 2,69% à 2 207 pence et le groupe aérien IAG (maison mère de British Airways et d'Iberia) 0,94% à 329,9 pence. La compagnie pétrolière Tullow Oil a dégringolé de son côté de 7,88% à 526 pence, après avoir annoncé qu'un puits au large de Gabon était à sec. Les valeurs minières ont continué de dégringoler pour leur part, affectée par la baisse des prix des métaux. Rio Tinto s'est enfoncée de 2,88% à 2 965 pence, BHP Billiton de 3,12% à 1 613,5 pence et Glencore de 2,95% à 312,2 pence. La Bourse de Francfort a lâché 2,4% et clôturé à son plus bas niveau de l'année. Le Dax a lâché 2,4% à 8 788,81 points. L'indice des trente valeurs vedettes n'était plus tombé à ce niveau depuis octobre 2013. Toutes les valeurs du Dax ont vu rouge, sans exception. Le géant du transport aérien Lufthansa a cédé 1,81% à 10,88 euros, malgré la hausse de 6,7% de son trafic passagers en septembre. Deutsche Bank a glissé de 2,37% à 25,32 euros. Deutsche Telekom a lui perdu 2,77% à 10,87 euros, malgré l'annonce de la création d'une co-entreprise avec l'opérateur de téléphonie mobile China Mobile, pour commercialiser une plateforme pour les futures voitures connectées en Chine. Seul, le fabricant de logiciels professionnels SAP (-0,16% à 54,56 euros) a limité la casse, pour terminer premier de l'indice. La Bourse suisse a aligné une quatrième séance dans le rouge, le SMI clôturant en baisse de 1,28% à 8 374,59 points. Transocean, l'opérateur de plateformes pétrolières, a de nouveau piqué du nez, chutant 5,28% à 27,29 francs suisses. L'action avait déjà perdu 6,12% mercredi. Holcim a également reculé de 3,68% à 62,80 francs suisses alors que les valeurs cycliques ont été sous pression. Les valeurs bancaires se sont aussi inscrites en retrait, Credit Suisse cédant 2,75% à 25,44 francs suisses alors que Julius Baer s'est retranché de 2,57% à 39,75 francs suisses. Toutes les valeurs de l'indice ont bouclé en terrain négatif. Givaudan, le fabricant de parfums et d'arômes, qui était parvenu à se maintenir dans le vert pendant la séance après la publication de ses ventes sur neuf mois, a finalement cédé ses gains initiaux, pour terminer en baisse de 0,60% à 1 485 francs suisses. L'indice AEX des principales valeurs de la Bourse d'Amsterdam a clôturé en baisse de 1,73% à 395,68 points, pour la première fois depuis la mi-août. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées par le groupe de prospection géologique Fugro, qui a dévissé de 6,78% à 20,95 euros, et par le groupe de travail intérimaire Randstad, qui a perdu 4,58% à 33,09 euros. La Bourse de Bruxelles a terminé la semaine sur une nouvelle nette baisse, perdant 1,64% à 3 041,99 points. Plusieurs valeurs industrielles, notamment les sidérurgistes Bekaert et Umicore, ont abandonné un terrain important: Bekaert a perdu 4,89% à 23,33 euros, Umicore 3,27% à 30,92 euros. Mais le chimiste Solvay a également perdu un terrain important (-3,14% à 111,10 euros), tout comme le laboratoire pharmaceutique UCB (-3,13% à 65,36 euros) ou le gérant du réseau de transport d'électricité belge Elia (-3,42% à 36,74 euros). Seuls, le brasseur AB InBev (+0,36% à 83,87 euros) et le groupe immobilier Befimmo (+0,54% à 59,11 euros) ont terminé en hausse. La Bourse de Milan a clôturé sur une nouvelle baisse de 0,94% à 19 201 points. Parmi les titres en hausse, le constructeur aéronautique Finmeccanica a gagné 1,76% à 6,92 euros et Mediaset 1,05% à 2,69 euros, regagnant un peu du terrain perdu la veille. Banco Popolare a fait mieux encore, progressant de 2,41% à 11,46 euros. A l'inverse, la banque Mediolanum, dont la holding Fininvest, son actionnaire, va devoir céder une part de 20% suite à une décision en ce sens de la Banque d'Italie, a reculé de 3% à 5,005 euros. Quant à Fiat, dont c'était vendredi l'ultime jour de cotation à la Bourse de Milan sous sa forme actuelle, il a cédé 2,12% à 6,94 euros. La Bourse de Madrid a poursuivi sa baisse cette fin de semaine, l'Ibex 35 perdant 1,2% à 10 150,5 points. Les valeurs des secteurs du tourisme et aérien continuaient de souffrir: le numéro un mondial de la réservation de voyages, Amadeus, après son léger rebond de la veille, a reperdu 1,57% à 26,97 euros. Le groupe britannique International Consolidated Airlines Group (IAG), aussi coté à Madrid car il détient la compagnie aérienne Iberia, a lui encore perdu à 2,2% à 4 137 euros. Seules quelques valeurs étaient en hausse comme Bankinter qui a gagné 1% à 6,447 euros. La Bourse de Lisbonne a terminé en recul de 1,06% à 5 221,56 points, après avoir dévissé jusqu'à 3,76% vers 09H30 GMT en raison de la dégringolade de Portugal Telecom, qui a fini par clôturer en baisse de 1,48% à 1,39 euro. Plongé dans l'incertitude concernant l'avenir de son projet de fusion avec l'opérateur brésilien Oi, Portugal Telecom avait plongé jusqu'à 13,14% en début de séance. La place portugaise a également été pénalisée par la chute du groupe de grande distribution Jeronimo Martins (-2,56% à 7,88 euros) et du groupe pétrolier et gazier Galp Energia (-1,53% à 11,60 euros).
