Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche dans les rues de Niamey, à l'appel d'organisations de la société civile nigérienne, pour dénoncer les mesures qu'elles qualifient "d'antisociales" contenues dans la loi des finances 2018 et la mauvaise gouvernance du régime en place. Avec à leur tête les principaux leaders de la société civile, les manifestants ont battu le pavé, pacifiquement, de la place Toumo à la Place de la Concertation, devant l'hémicycle, où s'est tenu un grand meeting. A travers les discours et un mémorandum, les organisateurs de la manifestation ont expliqué que la loi de finances 2018 adoptée en novembre dernier par le Parlement, le gouvernement "accentue la pression fiscale sur les couches défavorisées de la population, tout en accordant des cadeaux fiscaux inacceptables à certaines catégories de contribuables, notamment les compagnies de téléphonie et autres marketeurs et promoteurs indépendants du secteur des hydrocarbures". Pour rappel, les principales mesures contenues dans le budget 2018 sont la création d'une taxe d'habitation, le rehaussement du taux de l'impôt synthétique de 2 à 5% pour les activités commerciales et de 3 à 7% pour les prestations de service et l'extension de l'assiette de la TVA désormais appliquée au transport routier des marchandises et des voyageurs. A ceci s'ajoutent d'autres nouvelles mesures dont la réévaluation du prix de base de cession des terrains relevant du domaine privé de l'Etat, l'apposition d'un droit de timbre de 200 francs CFA (0,3 dollar) sur tout document légalisé sous peine de nullité, la réactualisation et la diminution de certains taux de droits de mutation par décès pour la part nette recueillie par chaque ayant droit. En outre, les manifestants ont dénoncé la mauvaise gestion du régime d'Issoufou Mahamadou, dont des problèmes de défense et de protection des libertés d'association et de manifestation, et réclamé le renforcement de l'indépendance de la justice et la réalisation d'audits systématiques des finances et des marchés publics. Ils ont également exigé la "fermeture immédiate" de toutes les bases militaires étrangères établies au Niger. Cette manifestation, qui a pu se tenir après deux premières tentatives interdites à Niamey par les autorités municipales, s'est terminée dans le calme, a-t-on constaté sur place. ….La commercialisation des produits de LACTALIS interdite Les autorités nigériennes viennent d'interdire la commercialisation, sur l'ensemble du territoire national, de tous les lots des laits et farines infantiles des gammes Picot, Celia et Milumel, fabriqués et distribués par le laboratoire LACTALIS. Selon le ministre nigérien de la Santé publique, M. Idi Illiassou Maïnassara, intervenant dimanche soir sur la télévision nationale, ces produits sont suspectés de contamination à la salmonelle, à laquelle sont exposés notamment les nourrissons et les jeunes enfants. Au cours d'une inspection conduite par une équipe de la brigade nationale de la Police sanitaire dans la ville de Niamey, ces produits ont été retrouvés dans certains magasins d'alimentations générales et des pharmacies. Ces officines ont été ordonnées aussitôt de retirer et de détruire les produits incriminés, sous peine de sanction. L'inspection générale des services du ministère de la Santé publique, ainsi que tous les autres services sanitaires, ont été instruits à poursuivre les investigations afin de pouvoir détecter d'éventuels manquements. Le ministre Maïnassara de rappeler qu'ils ont pour mission d'interdire, de retirer et de détruire ces produits incriminés, dans tout le pays. Il est à souligner que depuis quelques jours des informations circulent et font état de la vente dans le monde, notamment en Europe et en Afrique, de laits et farines infantiles fabriqués par le laboratoire LACTALIS, suspectés de contamination.